Emmanuel Régent, président de Sologne Nature Environnement, naturaliste et assureur local, nous livre son avis sur l’impact des fortes chaleurs de ces derniers mois sur notre région.
« Sans chercher à être exaustif, les fortes chaleurs persistantes d’année en année influent sur les attraits habituels de notre région, ses étangs, ses sous-bois humides, sa flore et sa faune. Ces changements dans les paysages que l’on peut constater, prairies grillées, baisse du niveau des étangs, arbres desséchés, etc. issus de la hausse des températures et de la sécheresse, semblent s’accompagner d’un changement perceptible d’habitudes de certains de nos contemporains, même si cela est à la marge actuellement.
Certains de mes clients m’ont fait remarquer une baisse de fréquentation de leurs établissements par certains propriétaires aisés pendant la saison de chasse. En effet, ceux-ci pouvant avoir le choix de partager leurs week-ends entre Deauville, la Sologne et Megève, privilégient de plus en plus le soleil de la plage jusqu’en octobre et le soleil de la montagne en hiver, à une Sologne grillée ayant perdue un peu de son charme.
La Fédération départementale des chasseurs devrait sans doute confirmer ce que je constate dans mon agence, les demandes d’assurance chasse se font de plus en plus tardivement, une majorité de chasseurs, semble-t-il, ne s’assurant pour leur activité qu’à partir d’octobre, délaissant la chasse estivale au petit gibier. Cela est lié d’une part à la diminution historique et progressive des populations de lapins de garennes, lièvres, perdrix, faisans sauvages et autre sauvagines liée à la déprise agricole mais aussi, dorénavant, à la disparition des insectes.
D’un autre côté, lorsque j’emprunte en voiture les routes de Sologne, je remarque qu’un tourisme plus populaire semble profiter plus longtemps de notre belle région. Est-ce parce que les chemins deviennent pratiquables tout le temps du fait du manque d’eau et que nos petites routes sont plus accueillantes aux cyclistes du fait de leur ombrage naturel ? Il faut sans doute y voir les résultats combinés des efforts des professionnels du tourisme encouragés par un soleil généreux !
C’est à eux qu’il faut poser la question de l’impact climatique sur l’économie solognote !
Quelles sont les conséquences directement visibles des derniers été et automne chauds et secs observés en Sologne ?
1. Manque d’eau au printemps sur les étangs pour assurer la reproduction des oiseaux d’eau.
2. Des températures moyennes plus élevées et cette année, deux canicules en juillet qui ont décimé un nombre élevé de jeunes oiseaux.
3. Diminution voire absence de fleurs en été.
4. Diminution dragstique des insectes indispensables à l’alimentation du reste de la chaine alimentaire, donc du petit gibier sauvage.
5. Disparition de points d’eau naturels et assèchement de zones humides.
6. Diminution du fourrage naturel pour les grands animaux.
7. Etiage important des étangs et des cours d’eau avec apparition d’algues vertes et décès d’un grand nombre d’oiseaux, si ce n’est de mammifères sauvages (cadavres d’oiseaux qui ont été visibles sur étangs et sur le Cher).
8. Faible production de glands indispensable aux sangliers.
9. Assèchement des étangs en automne et chaleur dans le nord de l’Europe qui vont perturber l’arrivée des migrateurs.
10. Diminution, voire absence de champignons.
11. Dépérissement accéléré d’une majorité de chênes (a priori, leurs michorizes, champignons symbiotiques indispensables à leur alimentation, ne produisent plus les éléments nutritifs dont ils ont besoin)
12. Dépérissement des épicéas du fait de l’apparition de scolytes (minuscules insectes se nourrissant du bois jeune situé sous l’écorce au niveau de la cime des résineux).
13. Des chemins de plus en plus secs donc pratiquables par le plus grand nombre.
14. Des itinéraires cyclables de plus en plus fréquentés, profitant l’été de l’ombrage des forêts. »
Emmanuel Régent