L’un est plus “familier” que l’autre pour le Loir-et-Cher. Il n’empêche que le ballet dont le département est coutumier a repris. Ainsi, la date du 13 mars fut rythmée par les déplacements ministériels de Pap NDiaye, côté Éducation Nationale, et Marc Fesneau, s’agissant de l’agriculture.
En 2022, selon le décompte officiel des services de l’État, le Loir-et-Cher a connu 21 visites ministérielles. En ce début d’année 2023, le rythme d’accueil de ce type de personnalités ne s’était pas encore trop accéléré mais ce mois de mars a comblé le manque avec deux ministres un même lundi. Le 13 mars, le périple a commencé dès le matin dans le Nord du département, à Morée dans les murs du gymnase du collège Louis-Pasteur, avant de se poursuivre, après une pause déjeuner à la cantine de ce dernier, avec une lecture dans une école à Cormenon. Le ministre de l’Éducation Nationale, Pap Ndiaye, semblant “vouloir contrôler son image” pendant les interviews, entouré notamment par le député macroniste du Vendômois, Christophe Marion, n’y aura pas troqué son costume-cravate contre un short-baskets, il n’aura pas non plus promis d’empêcher certaines fermetures de classe (comme en Sologne par exemple, à Salbris, ou à Blois, ndlr), la baisse des effectifs restant le sempiternel motif. À moins de 500 jours des Jeux Olympiques d’été de Paris 2024, il aura par contre pu échanger avec l’athlète handisport originaire de Naveil (41), Marie-Amélie Le Fur, marraine du “ParaMorée”, un programme pluriannuel et pluridisciplinaire innovant, mis en place sur le collège de Morée, dirigé par le principal, Vincent Descloux. Si certains élèves passeront bientôt cinq jours à Paris sur le village des JO paralympiques 2024, l’ensemble de ces collégien(ne)s
au quotidien travaille sur la question des handicaps (visibles ou non) et ce, de manière transversale, pas seulement en EPS mais dans diverses matières : en maths avec la langue des signes, en SVT, en français à travers des oeuvres, en latin sur l’histoire des Jeux, etc. «Cette initiative m’a séduite car cela permet de sensibiliser à la différence, de former des citoyens de demain. Ces jeunes, qui travailleront et seront peut-être à l’avenir des managers, n’auront plus peur d’intégrer des collaborateurs handicapés au sein de leurs entreprises, » a remarqué la championne Le Fur. M. NDiaye, d’un naturel très calme et d’un phrasé moins politisé que d’autres, en a profité pour se remémorer son entrevue au ministère à Paris avec « l’adjoint au maire de Blois », à savoir Benjamin Vételé, et affirmé, avant des annonces imminentes, qu’une « meilleure mixité , c’est une meilleure réussite pour tous les élèves, en particulier ceux qui sont un peu éloignés de l’école. Et cela ne peut pas se faire uniquement du côté de l’Éducation Nationale; je constate d’ailleurs que beaucoup d’élus et notamment le département de Loir-et-Cher sont mobilisés sur les questions éducatives. »
Soirée également sportive…
Matin, midi et soir. Le 13 mars 2023 n’aura pas donné lieu à un traitement homéopathique mais bien à un menu de doses gouvernementales. Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, aura bouclé la boucle ministérielle de ce lundi-là en se déplaçant à Blois pour participer à une conférence en soirée portant sur l’agriculture et les industries agro-alimentaires, les tendances alimentaires ainsi que les synergies et opportunités possibles en Loir-et-Cher, organisée conjointement par les chambres consulaires (d’agriculture et de commerce et d’industrie), et l’agence d’attractivité “Be LC” du Conseil départemental. Une manifestation qui fut à son tour en quelque sorte sportive : en fin de séance, le timing étant soi-disant dépassé, la parole n’a pas été donnée à la salle de l’auditorium du Crédit agricole. Sauf que cette privation aura généré des questions sans doute redoutées mais obligées de passer en mode forcing. Le président de la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher, Arnaud Bessé, a rapidement réagi en autorisant l’échange. L’adjointe au maire de Blois, Hélène Menou (EELV), en charge de la nature en ville, de l’agriculture urbaine et de l’alimentation, a ainsi déroulé son propos sur les lobbyings industriels et la nocivité des pesticides, en mettant en exergue un article paru dans Le Monde le 22 février 2023 et intitulé « Les médecins alertent sur l’inquiétante progression du cancer du pancréas ». Il a aussi été fait mention d’agriculture bio, pas du tout abordée selon un autre auditoire militant. «Plus que les pesticides, le souci, c’est l’assolement ! Il faut sinon réintégrer le bio dans sa fonction, le relocaliser et préciser que c’est du local. Je suis pour la biodiversité agricole, » a conclu M. Fesneau, citant la marge de manœuvre Egalim (loi protégeant la rémunération des agriculteurs et visant à maintenir un équilibre dans les relations commerciales, ndlr) et la responsabilité de la grande distribution (« le meilleur prix n’est pas le plus bas ou le moins cher, mais celui qui rémunère l’agriculteur », a-t-il glissé), tout en étant un peu agacé par une volonté de filmer la discussion par un second EELV de Blois, Guillaume Saveuse, mais finalement, avec plus de fumée que de feu.
Pâtes d’Italie versus pâtes de Maves ?
Ce même ministre aura en sus été interpellé par le président du Département, Philippe Gouet, suggérant de « revenir sur des normes plus cohérentes » et en somme, de recadrer certains industriels pour diminuer sel, sucre et un trop-plein d’additifs alimentaires qui favorisent cancers, AVC et autres joyeusetés morbides. M. Fesneau a alors préféré balayer le sujet en affirmant : « l’agro-alimentaire n’est pas un gros mot, nous en avons besoin. Il est inutile de normer davantage ce qui l’est déjà. C’est comme si en France, on n’aimait pas l’industrie. C’est comme dire qu’on travaille dans un abattoir et c’est vite compliqué. Quand la société passe son temps à critiquer les métiers, on a du mal à trouver des gens… Oui, il y a de l’obésité. La France est dans le monde reconnue être le pays de la gastronomie mais il y a quelque chose qui se passe, notre mode d’alimentation aujourd’hui s’apparente à du snacking. » Au milieu de toutes ces considérations, l’Italie a été plusieurs fois citée. « Eux avancent, débattent moins. Et arrivent à vendre … des pâtes, » a encore souligné Marc Fesneau. Le Loir-et-Cher arrive néanmoins à tirer son épingle du jeu sur un territoire de tradition agricole et rurale où s’épanouissent fraises, asperges, cornichons, oignons, courgettes, concombres, igname, chanvre, épeautre (et aussi, ici des pâtes comme à la ferme du Chat blanc à Maves!). Une terre riche où fleurissent en sus des entreprises et même des start-up innovantes. À l’instar de la ruche entrepreneuriale fertile de jeunes pousses, – qui font germer en ce moment de jeunes biscuits de « La P’tite Chipeuse » des boissons à base de thé fermenté (Les Wazos Flous), ou des matières organiques pour l’alimentation animale via des insectes (Ever Fly), etc.,- qu’abrite par exemple le village « By CA / Food Val de Loire « du Val de Cher Controis.
Émilie Rencien