En cette mi-août, les agriculteurs loir-et-chériens terminent leurs moissons. L’année 2024 aura été marquée par une pluviométrie record ayant fortement impacté les cultures céréalières. Les plantes ont également pâti d’un manque d’ensoleillement et subi au printemps des épisodes de froid, voire de grêle sur des secteurs très localisés.
La météo et le contexte économique comme variants déterminants. À la suite des moissons 2023, près d’un tiers des agriculteurs étaient en difficulté. Un bon automne 2023 et un bon printemps 2024 étaient donc attendus pour rattraper une année culturale contrastée. Malheureusement, des obstacles ont été rencontrés dès les semis d’automne, avec des pluies incessantes, rendant tout travail dans les champs compliqué. Les semis ont souvent dû être décalés, en attendant une fenêtre climatique propice. L’emblavement des cultures, point de départ d’une nouvelle saison culturale, s’est révélé difficile, certains sols étant bien trop gorgés d’eau. Le printemps s’est montré tout aussi humide et un manque d’ensoleillement criant a compliqué la naissance de grains dans les céréales. Le contexte économique se révèle quant à lui peu propice aux évolutions positives des prix de vente. Au niveau mondial, 2024 est une année très correcte avec de bonnes récoltes aux États-Unis, au Canada, en Russie ou encore Ukraine. Bien que toute la France soit touchée par des récoltes basses, l’alimentaire est mondialisé et les prix de vente également. « Nous sommes très préoccupés pour la ferme loir-et-chérienne. Économiquement, les chiffres ne sont pas concordants pour que les agriculteurs se lancent sereinement dans une nouvelle campagne. Des emprunts devront être réalisés pour couvrir les charges de l’année à venir. Il arrive parfois que les exploitants ne parviennent pas à rembourser les emprunts 2023-2024 avec la vente de la récolte de cette année, celle-ci ayant été bien trop en déca des besoins pour arriver à l’équilibre » explique Arnaud Bessé, président de la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher.
Apiculture, viticulture, fruits et légumes… Tous touchés par cette année noire
Les données chiffrées confirment que les cultures céréalières ont été fortement impactées par la météo en 2024. Cependant, les conditions climatiques ont été tout aussi défavorables aux autres productions. Ainsi, les apiculteurs sont durement touchés et la production de miel sera en baisse en 2024, uniquement 10% du volume moyen est attendu. Les producteurs de fruits et légumes font face à une baisse de la production d’environ 30% pour les oignons, les fruits rouges comme les myrtilles, le cassis et les framboises. Seul fruit à tirer son épingle du jeu, les récoltes de fraises sont correctes. Enfin, les viticulteurs rencontrent de grandes difficultés à la suite d’une mauvaise floraison mais également des maladies ayant touché les vignes. Les vendanges approchantes s’annoncent très décevantes avec des récoltes proches de 0 pour certaines parcelles. La météo aura, cette année encore, été l’élément déterminant pour le cycle naturel des cultures. L’excès de pluie, le manque d’ensoleillement du printemps et de l’été ont entrainé une récolte décevante, voire inquiétante pour les exploitations. Face à cette année culturale compliquée et aux faibles rendements enregistrés, la Chambre d’agriculture a commencé des démarches et demandé le déclenchement de l’ISN (indemnité de solidarité nationale) dès le mois de juin, bien avant les récoltes. Une réunion s’est de plus tenue début août avec les services de la DDT pour fait remonter la situation aux services de l’État. « En juin nous étions l’un des premiers départements à demander le déclenchement de l’ISN. Les démarches sont assez lourdes mais il nous paraissait obligatoire d’anticiper au maximum les pertes de récoltes que nous appréhendions déjà. D’autres mesures de soutien pourraient être mises en application dans les mois à venir. Le dégrèvement de la TATFNB ainsi que l’avance d’une partie des aides PAC à la mi-octobre font partie des actions envisagées pour permettre à nos exploitants de démarrer une nouvelle année culturale », commene encore Arnaud Bessé, président de la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher. Les services de la Chambre d’agriculture se tiennent aux côtés des exploitants. En cas de difficultés, ces derniers peuvent faire appel aux dispositifs Aide Agri et Passer le Cap – Réagir. L’inquiétude est aujourd’hui au financement des prochaines récoltes, afin que les exploitations durement touchées cette année puissent redémarrer une nouvelle saison culturale sur de bonnes bases.