Un nouvel échec pour les défenseurs de Mis et Thiennot dont la sixième requête en révision a été de nouveau repoussée par les magistrats de la cour de cassation. Mais le comité de soutien ne désarme pas.
Encore raté ! La sixième demande de révision du procès Mis et Thiennot, la première présentée par Jean-Pierre Mignard a été repoussée le lundi 16 mars par la commission de révision des condamnations pénales de la Cour de Cassation. La déception était grande pour le comité de défense et l’audience s’est terminée par un incident rapporté par Léandre Boizeau « La commission a estimé que le fait d’aveux obtenus sous la torture avait déjà été discuté au procès de Bordeaux et que cela ne constituait pas un élément nouveau. Ce sont ces faits qui ont permis au président Coty de gracier Mis et Thiennot. D’autre part, l’attitude du commissaire Daraud, collaborateur pendant l’occupation n’était pas suffisant pour remettre en cause son enquête. A la fin de l’intervention du président,Thierry Thiennot, qui n’avait pas le droit de prendre la parole, comme lui a rappelé le président s’est écrié : Bravo la justice. Ce même président s’est retiré en disant : si vous voulez que le procès soit révisé, adressez-vous au législateur».
Le comité de soutien a bien l’intention de saisir cette voie en préparant une nouvelle demande de révision. Une demande pour laquelle le comité compte produire un nouveau témoignage qui démontre que Gabriel Thiennot ne pouvait se trouver sur les lieux du crime à l’heure où celui-ci a été commis, selon la thèse officielle.
Un livre qui s’oppose aux thèses du comité de défense
Cette nouvelle demande de révision offre également l’occasion aux adversaires de la révision du procès de se faire entendre. Gilbert Moreux, installé en Loir-et-Cher annonce la sortie d’un livre sur l’affaire et accompagne cette annonce d’une vidéo enregistrée par Maurice Vidal, inspecteur OPJ qui, selon lui, a reçu les aveux de Gabriel Thiennot. Dans cette vidéo de plus de deux heures l’ancien inspecteur justifie l’enquête à laquelle il a participé, réfutant les dénégations de Gabriel Thiennot, mais s’en tenant à la seule piste exploitée par les enquêteurs : le meurtre est le fait des jeunes chasseurs. Une remarque de l’inspecteur au début de son propos résume à elle seule le manque d’objectivité de l’enquête.
« Cette vidéo date de 1995, confirme Léandre Boizeau (Ndlr en fait elle rassemble plusieurs interventions de Vidal, la dernière datant de décembre 2000), Maurice Vidal est mort depuis. Il est sujet à controverse puisque c’est Daraud et non Vidal qui a recueilli les soit disant aveux de Gabriel Thiennot (ndlr L’interrogatoire de Vidal date du 5 janvier alors que les jeunes chasseurs ont été interpellés plusieurs jours auparavant et «mis en condition») il est aussi discrédité par le fait que Vidal , dans cette vidéo dédouane ses collèques de toute violence physique , alors que c’est désormais admis par tout le monde. Nous avons également démontré depuis que le meurtre n’a pas été commis à l’endroit indiqué dans cette version officielle.»
Ce qui étonne en fait dans la vidéo de Vidal c’est que, malgré ses demandes, l’inspecteur n’a jamais été invité dans les émissions télévisées consacrées à l’affaire. Les deux parties auraient alors pu confronter leurs arguments.
Rencontre d’écrivains
Deux jours avant de connaître l’issue de la nouvelle demande de révision Léandre Boizeau et l’écrivain Philippe Di Folco s’étaient rencontrés au cours d’un salon du livre organisé par la librairie Cultura. Di Folco est en effet l’auteur d’une saga sur la famille Lebaudy, propriétaire, entre autres, des terres où a été commis le crime. Ils s’étaient entendus sur un point : la complexité de cette affaire est bien liée à une époque troublée où anciens résistants et anciens collaborateurs avaient des comptes à régler. Di Folco estime cependant que l’intervention de Jean Lebaudy n’avait rien avec à voir avec ce type de règlement de comptes. Lui aussi avait été résistant, mais qu’il agissait comme un propriétaire terrien soucieux que l’ordre revienne à un moment ou le droit de la propriété privée était remis en cause par les communistes.
Pierre Belsoeur
Pratique Leandre Boizeau «Ils sont innocents» aux éditions La Bouinotte . Philippe Di Folco « L’empereur du Sahara» Galaade Editions