Le Département du Cher a changé de visages et de couleur lors des dernières élections. Rencontre avec le nouveau président UMP Michel Autissier
LPS : Comment vous sentez vous à l’issue de ces élections et de votre désignation comme président ? Y étiez vous préparé ?
MA : Je ne vois pas le soleil depuis trois semaines mais je suis très motivé. Je ne m’y attendais pas de façon certaine mais je m’étais préparé à l’idée lorsque Rémi Pointereau m’avait indiqué qu’avec la loi sur e cumul des mandats il ne pouvait pas assumer la présidence en cas de victoire et qu’il m’a demandé si j’étais prêt à le faire, il y a quelques mois de cela. Je lui ai indiqué à l’époque que je me mettrais en situation si ça se présentait. Mais je n’avais pas envisagé que ce cumul concernerait aussi mon mandat de maire, j’ai donc été perturbé parce que j’aimais beaucoup cette fonction de maire d’Aubigny. Mais aujourd’hui, je me rends compte que c’est très bien ici, si l’on veut vraiment prendre en charge toute la fonction de la présidence du Département c’est beaucoup plus confortable.
LPS : Ce n’est pas toujours facile de gérer un changement de couleur politique à la tête d’un département, comment allez vous appréhender les dossiers déjà engagés ?
MA : C’est effectivement compliqué de changer les habitudes mais nous sommes une majorité très confortable avec 24 élus sur 38 et je connais bien le département pour y avoir exercé la fonction de conseiller depuis 1998 donc les rouages, je les maitrise. Il n’y aura pas de révolution, le cabinet a changé bien entendu mais pour le reste des postes clés où nous avons besoin d’avoir « des hommes à soi », les changements vont s’opérer sur quelques mois, dans un climat de bonne entente, c’est ce que je souhaite. Les dossiers engagés iront au bout puisque c’est acté ainsi, pour le budget 2015 rien en pourra changer et nous avons dés à présent lancé un audit des finances dont nous aurons le résultat fin juin, donc si on doit amorcer un changement de cap ce sera en 2016 lorsque nous saurons clairement ce qu’il reste dans les caisses pour investir.
LPS : Quels sont vos impressions sur la gestion du Département telle que vous la découvrez en ce moment, Quels changements souhaitez vous y apporter ?
MA : Il est encore trop tôt pour faire un vrai bilan mais il est vrai que j’ai découvert quelques surprises et quelques vrais lacunes. Le conseil est actuellement un gros navire avec beaucoup d’inertie. Nous avons d’ores et déjà pointé quelques points précis mais fondamentaux pour avancer mieux et plus vite : installer quelques procédés un peu plus modernes dans la gestion, notamment une comptabilité analytique…c’est essentiel ! Par ailleurs, je constate que l’éclatement des structures des services départementaux est totalement contre productive. Les locaux sont disséminés partout, ça manque de cohérence ; il faudra à court terme trouver un moyen de réorganiser certains services et de regrouper les locaux. Nous allons aussi en priorité installer un contrôle qualité qui n’existe pas. Et dés septembre lancer des actions d’aide aux communes et de valorisation de l’esprit entrepreneurial.
LPS : Quels sont les orientations globales dont vous aimeriez assumer la paternité à long terme ?
MA : La chose qui me tient le plus à cœur avec ce conseil départemental serait d’arriver à le faire sortir de sa position misérable au classement BFM Business qui nous classe en dernière position et fait du Cher le département le plus mal géré de France ! Les critères sont classiques : dettes, dépenses de fonctionnement, actions sociales, etc et surtout masse salariale ! De ce point de vue il y a beaucoup à faire, nous avons environ 2500 salariés pour 350 000 habitants là où nos voisins du Loiret gère 600 000 habitants avec 2400 salariés…Il y a un problème évident ! C’est là que l’on trouve l’opposition entre l’idéologie de gestion socialiste de nos prédécesseurs et notre idéologie de gestion libéro-sociale. Nous ne voulons pas l’austérité mais une gestion saine et rationnelle des emplois au conseil départemental. Donc tout se fera doucement, nous ne pouvons bien sur pas agir sur les salaires mais nous pouvons agir sur les départs en retraite et les mutations qui ne seront pas remplacés. Il faudra aussi gagner avec les économies d’échelle dans le cadre des regroupements. C’est un gros chantier mais j’y tiens beaucoup. C’est une base essentielle pour l’avenir à plus long terme de notre Département.
Propos recueillis par Hélène TUBACH
Bio Express
Michel Autissier, 66 ans, est un Berrichon pur jus : né à Vallenay, il a fait ses études a Saint-Amand ainsi que ses deux ans d’interne à l’hôpital de Saint-Amand avant de s’installer comme médecin à Aubigny sur Nère où il a exercé durant 38 ans. Marié et père de trois enfants, il a aussi mené de front une carrière politique puisqu’il est conseiller général du canton D’Aubigny depuis 1998 et maire de cette ville, en succession d’ Yves Fromion depuis 2012. Marié et père de trois enfants, l’homme est passionné de voyages et notamment des activité nature comme les raids ( il était l’an dernier médecin de raid pour un tour d’Iran) ou la randonnée. Mais pour l’instant c’est surtout dans les couloirs de l’Hôtel du département qu’il randonne…
Laurence Renier, une femme qui compte !
A 48 ans, elle est devenue la première femme maire d’Aubigny sur Nère, 20 ans après son entrée au conseil municipal. Portrait
C’est une des personnalités fortes du Cher Nord depuis une décennie : Laurence Renier, Albinienne d’origine, mariée et mère d’un enfant a gravi en 20 ans toutes les marches de la politique locale afin d’accéder aujourd’hui à ce poste passionnant de première magistrate de la ville. Arrivée au conseil en 1995, elle est devenue assistante parlementaire du député Yves Fromion en 1998 (poste qu’elle occupe encore à mi temps), militante au RPR en 1999 puis conseillère régionale UMP en 2010, présidente du Pays Sancerre Sologne et 1ere adjointe en 2014. Un très beau parcours pour une femme spontanée, énergique et très pragmatique. Ses priorités sont claires : conforter le développement économique et touristique de sa bonne ville qui, avec un bassin d’emplois resté correct, est plutôt bien classé sur le marché de l’emploi. « Je vais m’évertuer avec mon équipe à tout faire pour répondre aux sollicitations des entreprises et à garder notre dynamisme commercial en centre ville afin de préserver cette belle qualité de vie qui fait notre réputation. ». Et lorsque les gens la félicitent comme si c’était miraculeux qu’une femme, jeune de surcroit, soit parvenue à ce poste, elle s’en amuse car, même si elle n’y pensait pas en se lavant les dents tous les matins, il y a fort à parier qu’elle savait que ça arriverait un jour…