Un médecin qui s’installe, c’est presque un miracle dans les campagnes. À Meusnes, certains professionnels font encore le pari de la proximité. Pendant ce temps-là, le Conseil régional se bat contre la nouvelle décision du Gouvernement sur le numerus clausus.
Quitte à seriner, l’inauguration d’un cabinet médical, cela prend presque des allures de fête. Nombreux furent les élus, municipaux, départementaux et régionaux, à se féliciter mercredi 15 mai de l’installation du docteur Stéphane Garreau dans un bâtiment communal (abritant auparavant la Poste), rue Paul Verlaine, réaffecté à l’exercice de la médecine. Le cabinet médical du praticien généraliste est ouvert depuis décembre 2018, permettant une meilleure prise en charge du patient, en lien avec les établissements hospitaliers des alentours, ainsi que la formation de futurs professionnels de santé. Chacun espère de fait provoquer attractivité et effet boule de neige. Dans ledit local, un deuxième bureau est d’ailleurs aménagé, prêt à recevoir un autre médecin. Quand ? Le Dr Garreau, qui pour sa part, comme beaucoup, ne prend plus de nouveaux patients, répond du tac au tac. » Ça, j’aimerais pouvoir vous le dire…” Un médecin, c’est mieux que rien, mais ceci n’allège en rien la préoccupation de désertification médicale qui touche tout le territoire de la région Centre-Val de Loire. Ou presque. En effet, seule la ville de Tours s’affiche favorable au statut quo en matière de numerus clausus. Rappelons qu’avec 75 médecins généralistes pour 100 000 habitants, la région Centre-Val de Loire est la plus touchée par la désertification médicale, particulièrement les zones rurales, mais aussi certains quartiers urbains. Le Gouvernement a annoncé une augmentation du numerus clausus des médecins admis en deuxième année de 13,5%. Sauf que… sur les 9 300 places de plus ouvertes en fac de médecine, pas une n’est prévue en région Centre-Val de Loire (cf. encadré). Cette dernière n’est pas assez “en marche” pour éprouver tel couperet ? “Un camouflet pour notre région qui ne le mérite pas !” aura réagi la vice-présidente régionale Anne Leclercq, alors que le président François Bonneau a demandé au Premier ministre de revoir cette décision au plus vite. “Ce projet démontre à nouveau que les réponses à la désespérance médicale ne pourront être efficaces que si elles sont portées par les acteurs de la santé, accompagnés par les élus locaux et les organismes institutionnels,” a insisté à son tour Jacques Paoletti, maire de Saint-Georges-sur-Cher. Vrai problème ou simple récupération politique ? De toute façon, on marche pas mal en ce moment sur la tête, et pas seulement sur ce sujet précis, on peut s’attendre à un rétropédalage sur ce dossier comme sur beaucoup d’autres (par exemple, l’autorisation gouvernementale donnée aux départements de déroger finalement à la règle des 90km/h), et tout ça finit par faire mal. Fichtre, y-a-t-il un médecin dans la salle ?
É. Rencien