La décision de rebaptiser Pôle Emploi en France Travail avait suscité des doutes. Quand il a été décidé d’engager un réarmement civique et moral de la France, les doutes ne se sont pas estompés, au contraire.
Quand il a été décidé de mettre en place un nouveau « congé de naissance », pour remplacer le congé parental, c’est devenu nettement plus évident. Cette mesure censée inciter les jeunes couples à faire des petits n’est pas anodine. Tel un Trump de seconde zone – et pourtant, le niveau de départ est bien bas – il est donc question de faire une G.F.E (Grande France Encore).
Le but non avoué, mais explicite, serait de redonner à la France sa grandeur passée. Celle de l’Empire et des colonies plutôt que celle des Lumières. Quant à celle de la fraternité, de l’égalité, et de la liberté, il semble que l’année 2024 ne sera pas un grand cru. L’objectif serait : pour payer les retraites selon Éric Ciotti ; pour éviter le grand remplacement pour Marine Le Stylo, Jordan Bardella et un autre Éric, Zemmour celui-là. Sérieux, faire tourner les matrices pour repeupler l’Hexagone, ça ne vous rappelle rien ? Dans notre histoire nationale plus ou moins récente, on retrouve, à quelques figures de style près, les mêmes formules de rhétorique. Merci mon Maréchal pour ce précédent instructif. Les enfants de Pétain sont pourtant plus proches de la momie que de l’embellie. Par ailleurs, il est compliqué de se faire greffer un képi étoilé. Not’Manu, lui, a repris un costume bleu horizon qui lui sied mieux au teint. Vous avez dit hautain ? L’ensemble de son contrat d’objectif, évoqué lors de sa récente prise de parole façon ORTF, n’est pas loin du vieux triptyque H.F.P (Honneur, Famille, Patrie). De là à créer un jour spécial pour les néo-géniteurs. Une espèce de fête des parents comme celles des mères ou des pères mais regroupée. Ce serait bon pour le commerce et l’industrie… Vieilles recettes pour brouet nouveau.
Pour faire avancer le schmilblick il faut une équipe compétente – en un seul mot s’il vous plaît- et spécialisée sur leurs sujets. Et là, à l’heure de choisir les individus, c’est plus compliqué. Au regard du nouveau trousseau ministériel, on est en droit de se poser quelques questions. Une bonne partie des capacitaires ministériels, anciens ou actuels, est passée maître dans l’art et la manière de se défausser, nouvel art de vivre politique, sur d’autres leurs propres errements. De la manière que l’on ne sait pas qui de l’œuf ou la poule est apparu le premier, on peut se demander si certaines émissions de télévision sont de simples représentations de notre société ou si ces émissions influencent la société. Plus précisément, nos politiques prennent-ils exemple sur Koh-Lanta, là où le premier prix revient au plus pourri des « joueurs-acteurs », où le sont-ils naturellement. Il faut avouer que, pour le quidam, il est délicat de trouver sa place quand on pense ne pas être dans un tel mode de fonctionnement. Du coup – ça fait djeun’s hein- l’éclairage sur les pratiques actuelles de nos politiques est facilité. Dès la moindre bévue – terme châtié, en français politiquement correct, pour remplacer le mot connerie- c’est à celui qui dégainera plus vite que son ombre un totem d’immunité. Entre Rachida qui assure que sa nomination au poste de ministre de la Culture est inattaquable, sinon ce serait un « mépris de classe ». Surtout quand on veut s’en servir comme marchepied vers le siège principal de la mairie de Paris. Fille de maçon, et d’origine étrangère de surcroît, la suspicion qu’elle fréquente plus assidûment les magasins Louis-Vuitton plutôt que la fondation du même nom, est effectivement soulignée.
Entre le petit Dussopt, dont il était inconvenant de critiquer la loi-retraite en raison de son appétence à se lever tôt pour faire de la musculation. Entre le jeune qui monte, qui monte, Gaby Attal, bourreau de travail qui ne dort que 4 heures par nuit (le totem est brandi avant même d’avoir fait ou dit quoique ce soit), entre Amélie Oudéa-Castéra néo-multi-ministères (de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques) bousculée pour une petite entorse au statut égalitaire de la scolarisation… Chacun a trouvé une raison valable pour s’affranchir de ses bêtises.
Et en plus, parmi ceux-là, même pas un capable de gagner l’épreuve des poteaux !
Fabrice Simoes