COLLECTIVITÉS En 2020, Aubigny-sur-Nère fêtera ses 30 ans de festivités celtiques, fruit d’une amitié franco-écossaise séculaire. En effet, depuis 30 ans, Aubigny est le pays des Ecossais en France chaque année, aux alentours du 14 juillet, les cornemuses retentissent entre Berry et Sologne. Laurence Renier, maire de la cité des Stuarts, évoque ces fêtes franco-écossaises mais aussi sa ville et la communauté de communes Sauldre et Sologne qu’elle préside. Femme de convictions, madame le maire s’emploie à développer l’attractivité d’une cité industrielle trop souvent à « la limite » : à la milite du Berry et de la Sologne, du Cher et du Loiret…
Jacques Feuillet
Le Petit Berrichon : Madame le maire, dans un nord du Cher plutôt rural, comment faire raisonner Aubigny comme une ville industrielle ?
Laurence Renier : « Notre localisation est à la fois une contrainte et un défi à relever pour faire toujours mieux avec les moyens qui sont les nôtres. Nous subissons comme tout le monde les conséquences de la baisse des dotations de l’Etat. Cela étant, je ne suis pas femme à céder à la fatalité, la sinistrose, ni à me lamenter. Aujourd’hui, nous sommes tout de même aidés par l’Etat (pour le Château à hauteur de 40% par exemple), la région, le conseil départemental et avec ces partenariats, il nous faut trouver des solutions attractives pour notre ville et sa communauté de communes. Du point de vue des entreprises, le territoire est déjà bien fourni avec des unités de haute technologie comme Mécachrome, un leader mondial dans la mécanique de haute précision, de Wilo Intec, grosse entreprise à capitaux allemands. Berthelot SAS, Butagaz, Emmaumétal, Sotomob, Mécanique du Cher, Risoud, Coufal, Rateau peuvent compléter ce domaine industriel avec d’autres unités bien évidemment. Le secteur économie solidaire et sociale est également très important avec Isa/groupe.
Beaucoup de choses ont été faites sur notre ville pour la rendre attractive. Mais, c’est vrai aujourd’hui, le vent des grandes métropoles souffle fort et nous devons faire encore plus. Nous sommes « petite ville » et l’emploi local n’est pas suffisant. Les enfants poursuivent leurs études dans les grandes villes et trop peu dans leur ville d’origine. C’est pour cela que nous œuvrons pour parfaire la qualité de vie afin de conserver nos habitants et en inciter d’autres à venir. En même temps, nous sommes une ville touristique avec du patrimoine, une histoire singulière. Ce domaine du tourisme est important car c’est de l’emploi non délocalisable. Il est parfois
difficile de mener à bien ces deux volets en travaillant sur l’attractivité de notre territoire et en étant moderne et innovant comme le sont nos entreprises. C’est un défi que je me suis fixé avec l’importance de la qualité de vie de tous nos administrés. Cela vaut pour la ville comme pour la communauté de communes ».
L.P.B. : Vous semblez être une femme de projets, qui porte des valeurs humaines fortes, cela vous donne de l’énergie. Que pensez-vous des conditions difficiles d’exercice du mandat de maire que dénonce l’association des maires de France ?
Laurence Renier : « Oui c’est ce que je vous ai dit en préambule, avant, nous avions de bons moyens. Aujourd’hui, il faut faire autrement, nous développons des réponses économiques adéquates. Toutefois, restriction ne veut pas dire arrêt des investissements. Nous réduisons notre fonctionnement mais pas question de toucher aux investissements. Nous avons développé la culture par exemple avec des projets de partenariats, nous axons beaucoup sur la mutualisation des acteurs et notre programme culturel 2018 en est la preuve. Nous aidons les TPE à s’installer avec des aides financières, nous développons des aides à l’immobilier. Nous sommes vigilants sur la préservation de nos commerces, je suis pour la limitation des grandes surfaces en périphérie. Les centres-villes sont fragiles et ce n’est pas nouveau, nous allons débloqué des fonds pour rebâtir ce que l’on a détruit : c’est un comble. J’ai un grand projet en tête qui ne sera fiable que par la volonté communautaire, il s’agit de permettre aux habitants des petites communes de trouver un moyen de transport le moins onéreux possible pour venir dans notre ville et accéder, selon leurs besoins, aux commerces et services, à la culture, aux sports etc. Une sorte de navette rurale qui serait un complément du transport fixe existant. Pouvoir aller jusqu’aux services et aux commerces lorsque bon vous semble est aussi un accès à une autre qualité de vie ».
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ZOOM
Depuis 1990, Aubigny devient l’espace des fêtes Franco Ecossaises, terre des celtes.
Aubigny, le pays des Ecossais c’est le titre de ces réjouissances qui célèbrent avec magnificence la mémoire du traité d’alliance militaire qui instaura des rapports étroits et singuliers de façon continue entre les royaumes de France et d’Ecosse pendant plusieurs siècles de 1295, première année de signature du Traité Auld Alliance, jusqu’en 1587, année de la mort de la Reine Marie Stuart qui scella la fin de cette étonnante saga diplomatique.
Au cours de la guerre de Cent Ans, Aubigny fut donnée par le roi Charles VII à Jean Stuart de Darnley, cousin du roi d’Ecosse venu secourir le royaume contre l’envahisseur anglais. Jean Stuart de Darnley et d’Aubigny, ainsi que ses descendants conservèrent leur fief d’Aubigny jusqu’en 1672 année où leur lignée s’éteignit. C’est aux Stuarts d’Aubigny que l’on doit l’architecture à colombages des superbes maisons du centre ville mais surtout, la reconstruction de la ville après l’incendie de 1512. Pour être agréable au roi d’Angleterre Charles II Stuart, Louis XIV fit don en 1684 à Louise de Kerouaille de la seigneurie d’Aubigny alors élevée en Duché. Chaque année vers le 14 juillet, de somptueuses fêtes règlent la vie de la cité des Stuarts et cette année encore, des milliers de personnes sont venus et ont applaudi et participé à cette gigantesque fête celtique. Animations, spectacles, ripailles étaient toujours au « menu » dans un magnifique décor paré aux couleurs écossaises. Marché Ecossais avec bien sur, la vente du célèbre Whisky, un vrai régal pour les amateurs. Bijoux, vêtements, confiseries, haggis, instruments musicaux pour pipers, Higlands Titles… Vendredi, cérémonie d’ouverture avec la levée du drapeau écossais, remise des clés de la ville ; c’était le lancement officiel des Fêtes Franco Ecossaises. Samedi était consacré aux animations en tous genres et ripailles. Dimanche le cortège historique était tant attendu avec tous les pipe bands, campements, clans, personnages costumés…En soirée, dans les grands jardins avait lieu la soirée omelette organisée par le comité de jumelage Aubigny-Haddington, puis la retraite aux flambeaux et évidemment, le traditionnel feu d’artifice qui sonnait la clôture d’une fête grandiose qui a ravit une nouvelle fois des milliers de personnes pour un week-end berrichon-écossais de bon aloi : on en redemande.