Après des années de combat politique et de suppliques infructueuses, la Région Centre-Val de Loire vient d’obtenir sa fac d’odontologie à Tours et à Orléans sa fac de médecine. Ces deux annonces, reçues presque simultanément, laissent enfin augurer un recul du désert médical tant décrié.
Alors que la moyenne nationale est de 124 médecins pour 100 000 habitants, elle n’est que de 98 en Centre-Val de Loire. De plus, la moyenne d’âge des professionnels est élevée et les départs en retraite seront très nombreux ces prochaines années. On parle donc de désert médical. Depuis des années, la métropole d’Orléans réclame une faculté de médecine sur son territoire. Pour des raisons de budget notamment, les demandes avaient toujours été repoussées par le Gouvernement. Pourtant, en octobre 2021, Olivier Varan, ministre de la santé, était venu annoncer que le Ségur de la santé octroyait pas moins de 700 millions d’euros d’investissement pour soutenir les établissements sanitaires et médico-sociaux. Mais toujours pas de fac de médecine, pas plus que de fac dentaire d’ailleurs.
Une fac dentaire à Tours
Pourtant deux ans plus tôt, François Bonneau (PS), à la tête de la région Centre-Val de Loire, avait aussi rappelé qu’une fac d’odontologie était tout aussi nécessaire, au vu du manque criant de dentistes dans notre région.
Et finalement il y a tout juste trois mois, en décembre 2021, une bonne nouvelle était annoncée, la création de cette faculté dentaire au CHU de Tours. Mais par à n’importe quelles conditions. L’État a en effet dit oui, mais… le Conseil régional doit lui aussi mettre la main à la poche ! Si l’on considère que la formation des médecins comme celle des militaires, relève pleinement de l’État, cette demande était aussi inattendue qu’incongrue. François Bonneau s’est d’ailleurs fâché rappelant les devoirs de l’État en la matière. Mais le bras de fer n’a pas duré très longtemps, et devant l’urgence de la situation, et la chance unique de voir le projet aboutir, la région Centre-Val de Loire a choisi de participer à hauteur de 3,5M€ sur les 5,5M€ que coûte cet établissement. Mais le président Bonneau mettait lui aussi une condition : que cette faculté dentaire ouvre dès la rentrée 2022 pour la formation de 50 dentistes par an, et que la formation pratique soit répartie sur l’ensemble des départements de notre région avec l’implantation de fauteuils selon les besoins identifiés dans chaque territoire.
Les médecins croates à la rescousse !
Ce n’est là qu’une étape. La progression du désert médical n’est pas stoppée pour autant, il manque bien en région de quoi former des médecins.
Las d’attendre, le maire LR d’Orléans Serge Grouard, (qui n’en n’est pas à son premier combat du genre puisqu’il avait posé la première pierre du nouvel hôpital de la Source avec Roseline Bachelot en 2010), a même eu cette idée incroyable de nouer un partenariat avec la faculté de Zagreb en Croatie. L’idée est que les cours de médecine soient suivis, en anglais et à distance, par les étudiants français durant les six premières années de leur cursus. Le 21 janvier dernier, l’annonce de cette signature était faite, avec pour objectif d’inscrire 50 étudiants dès la rentrée 2022. La ville d’Orléans s’est en outre engagée à les aider financièrement, pour autant qu’eux-mêmes s’engagent à exercer pendant au moins 5 ans dans le Loiret.
Et une fac de médecine à Orléans
Puis les choses se sont emballées. Les courriers des élus au premier Ministre se sont succédés, certains co-signés unanimement par une trentaine d’élus, parlementaires, présidents d’agglos et de métropoles, de départements, du conseil économique et social.
Ils rappelaient leur détermination à vouloir endiguer la progression du désert médical par une seconde fac de médecine, et demandaient audience au premier Ministre. Contre toute attente, ça a fonctionné ! Le 22 février dernier, Jean Castex a reçu une délégation et fait l’annonce que tout le monde attendait : la transformation du CHRO, Centre hospitalier régional d’Orléans, en CHU, Centre hospitalier universitaire.
De plus, le Gouvernement s’engage à diligenter sous un mois une mission de préfiguration chargée de définir les conditions de réalisation de l’établissement hospitalier. « Il ne s’agit pas de voir si c’est faisable, insiste François Bonneau, mais bien de voir comment on va le faire ».
Au final, il est prévu de porter le nombre de médecins formés de 300 à 500 en Centre-Val de Loire ; le nombre d’internes à 350 d’ici 2023, puis à 500. Orléans devient ainsi un pôle de formation hospitalo-universitaire de médecins.
Stéphane de Laage
