Connu depuis 2005 pour son émission « J’irai dormir chez vous », diffusée sur France 5, Antoine de Maximy a entamé un tour de France pour présenter sa première fiction « J’irai mourir dans les Carpates » qui sortira le 16 septembre. Il était présent pour l’avant-première à Cap’Ciné, à Blois, le 13 juillet. Interview.
Comment est née votre émission « J’irai dormir chez vous » ?
C’est une idée qui a mûri pendant des années. Au début, c’était juste d’aller à la rencontre de gens normaux qui sortaient de l’ordinaire partout dans le monde. Je n’avais pas pensé à dormir chez les gens. Ensuite, j’ai fait des essais à Paris avec les trois caméras. Quand j’ai mis la première fois le matos sur moi et que je me suis regardé dans la glace, je l’ai enlevé et je l’ai rangé. Et puis je me suis dit que j’allais regretter toute ma vie de ne pas être allé le tester au moins sur un marché. Je suis allé à la Goutte d’Or avec un voisin et ça s’est bien passé. Quand j’ai proposé le concept, on m’a dit que ce n’était pas de la télévision. Je n’ai pas été payé pendant un an, personne ne croyait en l’émission… Un peu comme mon film !
Cela a été difficile de passer du documentaire à la fiction ?
C’est un film qui revient de très loin ! J’ai commencé à l’écrire en 2011 et puis ça n’a pas avancé car personne n’y croyait. Faire un film de fiction entre comédie et thriller, sur une émission de télévision qui existe et qui ne montre que des moments authentiques… C’est un peu bâtard ! Les choses ont vraiment démarré avec le lancement du financement participatif en mai 2019. J’ai fait une tournée tout seul dans toute la France pour expliquer mon projet. C’est grâce au public que le film a pu se faire. On a récupéré 256 000 euros avec 6730 contributeurs, ensuite le distributeur est venu et le film a été terminé en à peine un an.
De quoi parle le film ?
Au cours de mes voyages pour l’émission « J’irai dormir chez vous », je me suis retrouvé régulièrement dans des situations qui étaient un peu tendues. Je ne savais pas comment ça allait se terminer… Je me suis souvent demandé, si un jour ça dérapait vraiment, qu’est-ce qui se passerait ? En y réfléchissant, je me suis dit qu’il y avait une histoire à écrire et c’est ce que j’ai fait ! Ca a donné « J’irai mourir dans les Carpates », un truc un peu bizarre, une vraie fiction à mi-chemin entre une comédie et un thriller… J’aime bien sortir des cases !
Tout le scénario a été écrit ou il y a une part d’improvisation ?
Tout a été écrit et calé au quart de poil, ce n’est que de la fiction. C’était très différent de « J’irai dormir chez vous » où j’improvise tout le temps, je peux même arriver dans un pays sans savoir où je vais aller. Et puis, les émissions c’est 15 jours intenses, alors qu’un film, ça prend un an.
Comment s’est passé le tournage ?
Le tournage a été compliqué avec plein de choses qui se sont débloquées au dernier moment. Par exemple, je suis parti en repérage à mes frais en Roumanie, j’avais trouvé des endroits qui me plaisaient et quand je suis revenu, ils avaient construit une maison. Heureusement, on a eu de vrais bons acteurs. Nous avons fait appel à un directeur de casting roumain qui a fait un choix assez large avec 600 ou 700 noms. Le problème, c’était surtout de trouver des comédiens français avec un peu de fantaisie et de courage. J’ai commencé à tourner mes images, je n’avais pas les personnages principaux… Alice Pol et Max Boublil ont été courageux !
Tourner une fiction c’est vraiment différent ?
Ce film a été le truc où j’ai appris le plus de toute ma vie parce que ce n’est pas du tout la même façon de travailler que pour un documentaire. C’était passionnant ! J’ai fait un stage de communication pendant 7 semaines avec des stagiaires acteurs et réalisateurs. C’était très intéressant de diriger les comédiens. Il faut inspirer confiance et faire comprendre ce qu’on veut sans le raconter. J’ai été viré du lycée à 17 ans et je n’ai pas fait d’études. Ce qui m’intéresse, c’est de faire des choses pour apprendre.
Comment voyez-vous vos prochains voyages dans le contexte actuel ?
Je n’ai pas besoin de repartir tout de suite, peut-être en mars 2021… Je vais déjà assurer la centaine d’avant-premières prévues, puis je vais me reposer. Et j’ai d’autres idées, des trucs à écrire…
Propos recueillis par Chloé Cartier-Santino