Maurice Rollinat


« Dans les brandes » de Maurice Rollinat, son premier recueil de poèmes paru en 1877. Dans cet ouvrage, le poète castelroussin évoque la nature, ses secrets et son incroyable pouvoir de fascination sur les hommes. Souvent comparé à Baudelaire, Rollinat est, en fait, un artiste en décalage avec son époque. Plus moderne et authentique que certains de ses contemporains, il se laisse guider par ce qu’il ressent au fond de son âme sans jamais se trouver emprisonné par une quelconque envie de plaire. Les cheveux ébouriffés, le visage blême, il livre ses poèmes aux spectateurs médusés du Chat Noir à Paris ; certains s’évanouissent (comme Oscar Wilde) à le voir habité par un souffle si puissant et irréel. Cet été, relisez avec envie ses « Névroses » et surtout ses « Brandes » et laissez-vous emporter… loin… Ailleurs… Ici.
« Le petit écureuil fait de la gymnastique
Sur un vieux chêne morne où foisonnent les guis.
Les rayons du soleil, maintenant alanguis,
Ont laissé le ravin dans un jour fantastique.
Le paysage est plein de stupeur extatique ;
Tout s’ébauche indistinct comme dans un croquis.
Le petit écureuil fait de la gymnastique
Sur un vieux chêne morne où foisonnent les guis.
Tout à l’heure, la nuit, la grande narcotique,
Posera son pied noir sur le soleil conquis ;
Mais, d’ici là, tout seul, avec un charme exquis,
Acrobate furtif de la branche élastique,
Le petit écureuil fait de la gymnastique. »
Maud Brunaud