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Marlène Renaire, Vanessa Lamorlette-Pingard et Nicolas de la Iglesia : attention, talents à découvrir à Blois


Trois noms. Trois personnalités. Trois styles qui méritent d’être connus. Et une exposition à ne pas manquer dans l’espace Michel-Delpech de l’Hôtel du département jusqu’au 9 mars.
De la folie figurative qui intrigue au chemin de l’exode dans l’objectif de l’Yonne aux Ardennes, en passant par des scènes de vie locale saisies dans l’instant via un coup de pinceau, il n’y a qu’un pas et cela se passe à Blois, à l’initiative du Conseil départemental qui, depuis 2003, ouvre ses portes à des artistes prometteurs. Marlène Renaire, 28 ans, Vanessa Lamorlette-Pingard, 34 ans, et Nicolas de la Iglesia, 35 ans, les trois lauréats retenus cette année 2018, font partie de ceux-là, ils ont en effet ce don d’entraîner le public dans leurs univers respectifs, en s’affichant cet hiver dans les couloirs de l’Hôtel du département. Et le visiteur y plonge sans contrainte, avec délectation, se déplaçant d’un style à l’autre avec facilité. En préambule, nous plongeons dans les affres du corps (féminins, notamment) dans tous ses états grâce à la perception très colorée et multi-matières de la plasticienne solognote Marlène Renaire qui revisite même « l’origine du monde » de Gustave Courbet; de la folie certes mais que chacun se rassure, pas au sens clinique du terme, il s’agit plutôt d’audace ! Puis nous mettons le cap sur des œuvres palimpsestes, celles de la photographe méroise Vanessa Lamorlette-Pingard avec laquelle nous marchons visuellement d’Auxerre à Trendecourt, dans les pas de son grand-père qui a dû délaisser son toit avec sa famille en mai 1940 à l’arrivée des troupes allemandes. Une quête de soi et de filiation à regarder avec attention, une histoire personnelle brillamment dévoilée aux yeux de tous sur fond de période historique sombre, une image épurée en noir et blanc mais si riche de sens, mais également un nouveau parcours créé, guidé en filigrane par les poèmes du résistant français René Char. Ce périple artistique s’achève sur des paysages signés par l’artisan-peintre blaisois Nicolas de la Iglesia, figés sur la toile dans une veine impressionniste, soit autant de lieux et de détails devant lesquels chacun passe régulièrement sans plus vraiment les remarquer, qui paraissent classiques mais ne le sont finalement pas du tout lorsque l’œil ose s’attarder sur les tableaux ainsi peints par petites touches d’un quotidien qui se révèle. En résumé, l’exposition, qui est proposée place de la République à Blois jusqu’au 9 mars, permet de s’interroger sur le présent et le passé, sans doute aussi le futur, tout en prenant surtout le temps de se déconnecter de mondes numériquement virtuels et de savourer à la place des talents bien réels.
Emilie Rencien

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