Nous pourrions dans cette catégorie vous parler des élus qui s’écharpent entre meute de loups et panier de chaperons rouges, lors des dernières élections sénatoriales;un exercice qui se reproduira assurément à l’approche des échéances européennes, municipales, jusqu’à la présidentielle. L’écueil est connu comme le loup blanc. Non, notre propos s’attardera cette fois sur le loup. Le vrai, l’animal, le canidé. Celui que certains parfois pensent apercevoir dans la brume en Sologne; cela arrivera sans aucun doute un jour prochain (il est déjà en Bourgogne, il paraît), via notamment le corridor de la forêt d’Orléans, les populations se déplaçant dans l’Hexagone et n’ayant pas de frontières. L’an dernier, le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, nous avait accordé un entretien exclusif (dans le cadre d’une fugace collaboration avec un autre média que le nôtre), au sujet dudit mammifère non grata; l’ennemi public numéro un (il n’y a pas que la punaise de lit…), particulièrement chez les éleveurs, bien que les tirs de prélèvement soient autorisés dans un certain pourcentage (19% en 2022). «Les gars sont fous ! Ils ne dorment plus la nuit, n’ont pas choisi ce métier pour tout perdre du jour au lendemain. Je prévois de (re)trouver des points d’équilibres», » nous avait fin octobre 2022 esquissé le membre du Gouvernement. Un an plus tard, un Plan national d’actions loup 2024-2029, composé de 42 mesures majeures, a effectivement été présenté le 18 septembre 2023. Le texte sur pied sera soumis à la consultation publique avant d’être adopté d’ici la fin de cette année, afin entre autres de réétudier la protection du loup et de mieux compter les individus de cette famille, d’indemniser plus rapidement et de continuer à développer les moyens de protection. Perçu comme éradiqué en France en 1937, « le loup (gris) est revenu en 1992 par les Alpes. Il est à la fois protégé et présent en France, mais n’est plus menacé, » nous avait précisé M. Fesneau l’automne passé. Ce nouveau « Plan loup » paraît ne satisfaire personne, pas plus le monde de l’élevage qui déplore un sempiternel déséquilibre, que les associations écologistes qui rappellent à l’envi l’importance du canidé dans l’éco-système. En somme, cela tourne en rond dans ces prés carrés. Le « problème » de cohabitation n’est pas uniquement franco-français, ni même seulement européen, puisque la réintroduction du loup et son statut à nouveau protégé, dans certaines contrées américaines, le Colorado par exemple, ont provoqué là-bas similairement des levées de boucliers au sein de la sphère paysanne. Si le loup change de poil, il ne change pas de nature : ce cas lupin n’est qu’une composante de notre iceberg humain, est symptomatique d’autres et actuelles polémiques qui finissent toutes dans des impasses, entre dialogues de sourds et cloisons uniques d’intérêts. L’humanité se situe en 2023 à une croisée des chemins, et ces virages s’avèrent autant politiques et économiques que sociaux et environnementaux. Parmi ces dossiers supplémentaires qui fâchent, on peut oser inclure la chasse qui suscite de la même manière passions et débats, tout en restant là encore dans un cul-de-sac. Pour preuve, il suffit d’un article chez nos consœurs et confrères de la Nouvelle République Loir-et-Cher évoquant une hausse du chiffres d’affaires des artisans inhérente à la saison de chasse, pour que les noms d’oiseaux fusent, sur les réseaux sociaux, terrain de jeux favoris des langues déliées, à l’encontre de celles et ceux qui tentent de s’exprimer, suggérant là encore de trouver un équilibre de satisfecit entre usagers de la nature qui n’aiment pas les fusils, économies des bouchers-traiteurs, et chasseurs. Un Vendômois, chassant, nous racontait dernièrement, que le simple fait de proposer de cesser les lâchers de faisans d’élevage dans l’objectif de donner le temps à la nature de se repeupler en petit gibier naturel, pouvait pour lui, bien que chasseur, nourrir rapidement les insultes rageuses “devenez vegan” ou “vivez en ville”, qui ne sont jamais loin. Notre billet animera, à n’en pas douter, à son tour, les émotions. Or, “à chair de loup, sauce de chien”… Et ce n’est pas en cachant systématiquement la poussière sous le tapis qu’on avance. “Dans un environnement qui change, il n’y a pas de plus grand risque que de rester immobile” (Jacques Chirac). Et de surcroît, plus largement, dans un monde qui encaisse en ce moment crise sur crise, exacerbant les brutalités et pugilats de tous acabits, si nous remettions un peu d’humanité dans toute cette bestialité animale pour ne pas devenir à notre tour des loups pour le loup, voire pour nous-mêmes ?
Émilie Rencien