PORTRAIT Julien Rouge est un Loirétain pur sucre. Un artiste qui mène sa barque à l’écart du show-biz, mais ne rechigne pas au succès. Sa vie mêle habilement l’écriture de ses chansons, ses spectacles sur scène et son travail de ventriloque. Tout cela entre deux enregistrements studio et l’animation radio.
Stéphane de Laage
Julien Rouge est de ces artistes comme il y en a tant, mais qui forcent le respect par la constance et le travail. Les succès, discrets mais réguliers, sont le moteur d’une passion qui ne se tarit jamais. « Vous n’imaginez pas le bonheur de vivre la promiscuité avec le public d’une salle de cabaret, dit-il. Entendre les rires et recevoir ensuite les remerciements ». Julien aime son public et le spectacle, depuis toujours. Avec un père photographe de plateaux, il tutoie très tôt les vedettes du show-biz, comme on dit. A 7 ans, le batteur de Catherine Lara lui offre ses baguettes. Il n’en faut pas moins pour que le gamin veuille devenir batteur, « mais, je n’avais pas les meilleures dispositions pour cet instrument », reconnaît-il ! Le mercredi, il n’y a pas école, alors il participe à des castings. Au cours de l’un d’eux, pour une pub sur NRJ, il décroche sa première apparition dans une série. Plus tard, dans « Les dessous de Carnaval », Patrick Sébastien donne aux enfants le soin de présenter les artistes. Julien présente Carlos et fait même la couverture de Télé Poche !
Le temps passe, Julien grandit et travaille sa voix, il écrit… pour lui. Il fait son apprentissage professionnel à l’école de chant de Courtenay, avec la célèbre Madame Sacha, artiste chanteuse.
Une vie de rencontres
En 2006, Julien ajoute une corde à son arc. Une corde vocale bien sûr, en débutant la ventriloquie. « Ça s’apprend, comme tout, dit-il. J’ai travaillé les techniques de voix, de marionnettiste, la comédie et le texte bien-sûr ».
Comme beaucoup, il fait ses armes dans le métro parisien, et multiplie ses participations aux radios-crochets. « Ça fait partie du jeu ». Il sera le premier ventriloque accrédité par la RATP. Le Parisien et 20 minutes lui consacrent des articles élogieux. « Aujourd’hui encore, par plaisir il m’arrive d’y retourner. C’est la meilleure école d’impro ; dans le métro, tout peut arriver. Décrocher un sourire, c’est ce qu’il y a de plus difficile. Dans le luxe d’une salle de spectacle, le public est tout à toi ».
Une rencontre sera déterminante, celle de Queen Etémé, chanteuse camerounaise, autrefois choriste de Manu Dibango. « Elle a débroussaillé ma voix, dit Julien. Avec elle j’ai énormément travaillé, elle m’a donné confiance ». Julien écrit plus encore, et exhume des textes jusqu’alors enfouis. Ses musiques sont mises en partition par des compositeurs professionnels.
Il croise le chemin du guitariste ukrainien Vitali Makukin qui donne corps à sa première chanson « L’Homme à la Poupée ». L’histoire d’un ventriloque, écrite dans un avion entre Paris et Nice. Elle sera la première aboutie.
Plus tard, c’est Philippe Servain qui sera décisif dans sa vie d’artiste. Le compositeur et arrangeur de Jacques Higelin, Jean Guidoni, Sapho et Philippe Léotard, le prend sous son aile et signe les arrangements de la majeure partie des chansons du premier album.
Ma vie en chansons
Africa Hé ! C’est le titre de l’une des chansons de l’album qui sortira dans les prochains mois. Julien évoque l’Afrique, et le Mali en particuliers, pays cher à son cœur. Pays d’attachement dont il porte haut les couleurs dans ses chansons, et dont il appelle l’unité. « Une terre habillée de sang rouge » dit-il, slamée comme l’aurait fait Jacques Higelin. « Se sentir aimer et donner sans compter, sur cette terre des Dieux ». Des textes audacieux et ciselés, sur des musiques rythmées et portés par une voix, une vraie… et le Sax de Manu Dibango lui-même s’il-vous-plait !
A cette même époque, après avoir travaillé sur BFM Radio, Julien est réalisateur sur Africa N°1. La radio est une autre vie, il sera plus tard sur RCF à Orléans.
Il continue d’enregistrer ses chansons, chez Philippe Servain notamment, mais aussi chez Vincent Valem, MagixStudio, grâce à l’obtention d’un Prix du jury et celui du public dans la catégorie auteur compositeur.
Le spectacle de sa vie
Il y a deux mois encore, Julien Rouge était en résidence d’artiste dans la Sarthe. Il y peaufinait son spectacle « Drôle de vie », joué pour la première fois en janvier 2018. Il y raconte l’histoire de son grand père soixante-huitard, qui revient pour lui dire…. qu’il n’aime pas ce spectacle. « C’est l’occasion de critiquer la société d’aujourd’hui, explique Julien, avec ces amis qu’on a sur la toile, et notre façon de parler ». Raymond aurait pu être ce hippie qu’on aurait tous rêvé d’être, un peu grognon, mais libre de penser ce qu’il veut, et de le dire.
« Plus tard dans le spectacle, il ressuscite et vient me consoler ». Entre humour, critique et tendresse, Julien a composé un vrai spectacle de théâtral dans lequel se mélange avec bonheur l’art du sketch, de la ventriloquie et du chant.
Malgré la fréquentation désormais assidue des scènes parisiennes, Julien garde la tête froide. « C’est un métier de passion mais un métier difficile. Il faut donner sans cesse de sa personne et être bien sûr à l’écoute des attachés de presse des salles de spectacle ».
Aujourd’hui Julien Rouge intègre « L’audacieux cabaret » à Châteauroux-Déols. Il intervient avec son show de ventriloque dans la célèbre revue, durant la saison 2018– 2019. Cinquante dates… excusez du peu !
Épilepsie son amour
Fidèle à sa région d’origine, il retourne chanter pour le repas du Téléthon à Courtenay. Julien Rouge est non seulement fidèle, mais généreux. Il donne aussi à l’association nationale « Épilepsie sortir de l’ombre » dont il est l’ambassadeur, pour aider les enfants neuro-lésés à accéder à la culture et au sport.
« J’ai chanté pour eux et pour Thibault, qui a aujourd’hui 18 ans », explique Julien. Il lui a même dédié une chanson « Je tremble pour toi », dont Fréderic Thomas a composé la musique. Le single est produit et disponible sur toutes les plateformes musicales, au profit exclusif de l’association.
Julien Rouge jouera son spectacle à la rentrée le 1er septembre à « La Boite à Rire » à Paris + 50 dates à « L’audacieux cabaret » de Châteauroux-Déols. L’album de Julien sortira au début de l’année 2019. Une cagnotte « Leetchi » est en cours sur internet jusqu’en septembre pour sa production.
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