Les chiffres concernant infractions et comportements criminels ne sont pas joyeux. L’information de nombre aura valu au maire de Blois, Marc Gricourt, de passer sur BFM TV, et au département d’être en vedette. Pas pour d’agréables nouvelles, mais préfecture et justice entendent bien infléchir la tendance plus positivement.
Pour planter le décor, dans le détail, pour le Loir-et-Cher, les pourcentages sont mauvais. Un rattrapage “normal” suite à l’après-Covid et confinements, selon les autorités, accru par ailleurs par les émeutes urbaines du mois de juin 2023. Ainsi, les atteintes aux biens (c’est-à-dire vols sans violence; destructions et dégradations, notamment de véhicules privés) enregistrent une augmentation de 15,7 % en 2023, pour un total de 7 621 faits constatés, soit 23 faits pour 1 000 habitants contre 29 au niveau national. Par ailleurs, a été enregistrée une augmentation de 29 % des atteintes volontaires à l’intégrité physique sur l’ensemble du département, avec 3 865 faits constatés; cette hausse est plus marquée en zone police (+ 39,5 %). Précisément, 62 % de ces faits sont des violences physiques non crapuleuses (dont les coups et blessures volontaires), suivies des menaces et chantages (20%), des violences sexuelles (14%) et des violences physiques crapuleuses. Cette dernière thématique est celle qui connaît la plus forte augmentation en 2023 (+ 60,7 %). Soit 11,7% atteintes volontaires à l’intégrité physique pour 1000 habitants dans le département, contre 12,84 au niveau national. En outre, les violences intrafamiliales ont été comptabilisées en nette augmentation (+ 40,8 %) l’an dernier. La préfecture indique que “de manière générale, les femmes restent les victimes principales de ces violences (73 %), que ce soit des violences conjugales (82 %) ou autres (53 %). Cette augmentation est aussi la conséquence d’une meilleure prise en charge des victimes au moment des dépôts de plaintes par les différents acteurs de la sécurité intérieure.” D’ailleurs, depuis la fin 2023, la gendarmerie nationale a ouvert à Romorantin-Lanthenay une Maison de Protection des Familles (MPF). Elle dispose par ailleurs de deux cellules de lutte contre les violences intrafamiliales : l’une à Blois, la seconde à Romorantin-Lanthenay, qui mobilisent 12 gendarmes à plein temps depuis 2021. Le commissariat de Blois dispose également d’un groupe de protection de la famille spécialisé dans le traitement des violences intrafamiliales.
“Pas juste de la communication”
Après cette litanie, préfet et parquet ont manifesté “leur grande détermination à inverser la courbe de chiffres qui ne sont pas satisfaisants”. Xavier Pelletier, à la tête de la préfecture de Loir-et-Cher, a par conséquent annoncé depuis Blois le 23 février plusieurs mesures d’actions menées “avec fermeté, pour déstabiliser les réseaux”, à savoir le renforcement de la coordination des services de la police et de la gendarmerie nationale avec ceux des polices municipales. Des opérations ciblées de type « Place nette » ou « Tempête 41 », destinées à lutter contre toutes les formes de délinquances, ont été organisées à Blois et Romorantin notamment, la semaine du 19 février; d’autres seront régulièrement programmées (contrôles d’identités, de véhicules, de garages clandestins, de décharges sauvages; lutte contre les nuisances sonores, incivilités, escroqueries, stupéfiants, etc.). “Je souhaite aussi avancer dans le partenariat avec les collectivités territoriales pour développer la vidéo-protection. C’est un outil précieux pour les enquêteurs,” a insisté le représentant de l’État. Avec les élus, de nouvelles Conventions de participation citoyenne, qui associent vigilance des habitants et forces de l’ordre, vont être également signées sur l’ensemble du département. “Ce n’est ni de la communication ni du vernis, nous nous ne sommes pas là pour de la figuration,“ a confirmé Charlotte Beluet, la procureure de la République de Blois, entourée du commissaire Éric Lortet, directeur départemental de la police nationale, et du colonel Benoît Chevillard dirigeant le groupement de gendarmerie départemental, dans les salons de la préfecture, toujours en février. Citant une poignée de jeunes gens déjà interpellés dans l’attente de leur jugement, en particulier concernant des affaires de cambriolages de bureaux de tabacs à Blois, ou encore des vols d’entreprises, d’associations et d’outillages en Sologne. “On ne se tourne pas les pouces. Nous ne laisserons pas faire les délinquants !” Au-delà des statistiques 2023, les épreuves des Jeux Olympiques en région (comme dans l’Indre, à châteauroux),le passage de la flamme ou encore du Tour de France cette année cet été 2024, ne feront assurément pas faiblir ce curseur de présences de sécurité effectives et visibles sur le terrain. En attendant, autant du côté des forces de l’ordre que du palais de justice, des effectifs supplémentaires peut-être ?
É.R.