Le nouveau préfet de Loir-et-Cher, Xavier Pelletier, arrivé à Blois au mois d’août, a conservé des habitudes d’échange avec la presse, mises en place par son prédécesseur, François Pesneau. Il a donc réalisé un point d’actualité en cette fin d’année avec les journalistes locaux. Parmi les multiples sujets, la loi Cardoux et la plateforme Catella.
“Des contrôles OFB (Office français de la biodiversité) ont bien lieu, avec amendes le cas échéant. Je suis ce sujet. Je vous le dis : l’État ne lâchera rien !” Ce sont les mots, répétés, du préfet de Loir-et-Cher, Xavier Pelletier, lors d’un déjeuner auquel la presse (dont Le Petit Solognot) était conviée à Blois, lorsque la question sur le phénomène de l’engrillagement de la Sologne (des clôtures mises en place excessivement, parfois pour entourer un terrain, parfois pour pratiquer des parties de chasse, et qui notamment entravent la circulation des animaux et impacte les paysages sur des kilomètres), lui a été posée, entre la poire et le fromage. M. Pelletier a par ailleurs rencontré il y a quelques semaines les associations engagées sur ce dossier, dont les Amis des chemins de Sologne. En juin 2023, son prédécesseur, François Pesneau, avait pour sa part insisté également sur “le respect de la loi en vigueur. Dans le cas contraire, les sanctions tomberont et ce, peu importe la fortune du propriétaire.” Pour rappel, la loi de l’ex-sénateur Jean-Noël Cardoux, promulguée en début d’année 2023, en effet exige, tout en respectant le droit de propriété privée, d’ici le 1er janvier 2027, la mise en conformité de l’ensemble des clôtures existantes depuis moins de 30 ans; toute clôture ne doit désormais excéder plus d’1, 20 mètre et doit être également posée à 0,30 cm du niveau du sol, érigée avec des matériaux naturels ou traditionnels.
Et oui sinon a priori pour la plateforme Catella à Romorantin
Si l’assurance du préfet Pelletier sur ce thème, dans l’attente des décrets d’application de la loi attendus pour cette fin 2023 et promis par le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, rassurera peut-être les élus et associations impliqués, la décision positive accordée au projet de plateforme logistique (pour du stockage de produits combustibles) par la société Catella sur les communes de Romorantin et Villefranche-sur-Cher, près de l’A85, rassérènera quant à elle le maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux, après deux enquêtes publiques. “Des efforts de végétalisation ont été opérés, dont un système de récupération de l’eau de pluie et des enrobés perméables. C’est un beau projet structurant pour le territoire, je donnerai donc un avis favorable,” a révélé M. Pelletier avant même la réunion du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst), prévue le 14 décembre. Les opposants à cette plateforme, voisins et association Romo citoyenne, moins heureux, indiquent toujours “ne vouloir rien lâcher”, dégainant les recours contestataires promis, concernant l’attribution des permis de construire (et ensuite, en fonction, un autre relatif à l’autorisation d’exploiter), devant le tribunal administratif d’Orléans.
Émilie Rencien
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Le style Pelletier
Son prédécesseur, le préfet François Pesneau, avait marqué, à son arrivée il y a deux ans, avec un nom de famille similaire, à une lettre près, à celui du ministre loir-et-chérien, Marc Fesneau. Le patronyme de Xavier Pelletier, proche pour sa part, phonétiquement seulement, de celui de l’ancien député de Sologne, Guillaume Peltier, dès l’annonce de son affectation en août 2023 en Loir-et-Cher, aura aussi été facilement retenu. Mais ce nouveau préfet n’a pas encore livré tous ses “secrets” des élections sénatoriales et une période de réserve inhérente empêchant aux uns et aux autres, élus et journalistes, de mieux le connaître. (Cf. www.lepetitsolognot.fr/loir-et-cher-prefecture-xavier-pelletier-a-pris-ses-quartiers/). Un premier déjeuner presse, organisé fin novembre à Blois, lui aura permis de dévoiler plus amplement sa patte, face aux médias locaux. Parmi sa feuille de route, moult projets d’envergure, parmi lesquels le renforcement des financements alloués pour le développement de la vidéo-protection dans les communes ainsi que la création d’une “task force” (groupe d’actions en français) côté sécurité qui regrouperait toutes les forces de l’ordre (c’est-à-dire police et gendarmerie nationales, police municipale, et possiblement, de la sécurité privée), afin de prévenir les phénomènes de vols et cambriolages en bandes, en milieu rural notamment. Xavier Pelletier confie son envie de faire naître un incubateur de l’employabilité, soit un sas sur-mesure avec de stages et parrainages d’entreprises, pour les individus éloignés de l’emploi et parfois désociabilisés. Ou encore la création d’un système de location foncière avec option d’achat pour les jeunes agriculteurs, proche d’un fonctionnement de type Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural). Profitant de l’existence d’un ministre de l’agriculture issu du cru loir-et-chérien, à savoir donc le précité Fesneau, le préfet Pelletier annonce enfin sa volonté de développer des cultures résilientes et de lutter contre les fuites d’eau potables sur les réseaux, et aussi et surtout, celle d’organiser des Assises de l’eau, sur un modèle départemental. Contrairement aux premières Assises de l’eau à une échelle régionale, mises en place sous l’impulsion du Conseil régional du Centre-Val de Loire, et qui s’étaient déroulées dans un département voisin du Loir-et-Cher (41), à Tours (37), le 7 novembre 2023.
É. Rencien