Le président du Conseil départemental de Loir-et-Cher, Nicolas Perruchot, a effectué jeudi 4 juin une visite au camping des Saules à Cheverny. Une sortie qui aura permis de dégager les grands axes des pistes de survie engagées pour une saison touristique quelque peu sacrifiée, mais pas encore tout à fait ensevelie.
Cette année 2020 risque d’être compliquée, impossible de le nier. La pandémie Covid-19 aura mis tout le monde à l’arrêt, et le secteur du tourisme ne fait pas exception à la règle. Le confinement est survenu au moment où les réservations commencent à s’élancer. Certains se souviendront des attentats aux Etats-Unis qui avaient stoppé la machine pendant au moins cinq ans. D’ailleurs, c’est le laps de temps estimé pour redresser la barre touristique française, selon Laurent Cherrier, gérant du camping 4 étoiles “les saules” à Cheverny, secrétaire du syndicat de l’hôtellerie de plein air pour la région Centre-Val de Loire. “La période de crise va être longue. Depuis des années, nous sommes allés chercher des touristes loin. Nous avons déjà accusé le coup du Brexit. Avec le coronavirus, les Anglais ont tout annulé. Les Néerlandais peuvent venir mais ils préfèrent écouter les recommandations de leur gouvernement. Sur mon camping, j’ai eu 40 réservations en une semaine mais j’accueille 60% de clientèle étrangère, alors oui, cela va être difficile. Sans compter les gens qui vont avoir des moyens en berne du fait du chômage partiel. On redémarre de zéro. Mais le téléphone resonne enfin car il y a aussi des gens qui veulent sortir, en ont marre de la maison. Et la Loire à vélo, plus les châteaux, sont de vrais atouts. il faut donc re-capter une clientèle locale et française.” Nicolas Perruchot, le président du Conseil départemental, et le président de l’Agence de développement touristique (ADT) , Philippe Sartori, ont confirmé la nouvelle donne. “Quand on vit dans une région, souvent, on ignore ce qui se trouve près de chez soi. A nous de susciter à nouveau l’envie de partir moins loin et plus souvent. Alors,nous avons défini un plan qui n’est pas l’alpha et l’oméga; Les autres régions font comme nous et la concurrence est nationale. Nous devons donc élargir notre cible pour ne pas pénaliser les sites.”
Opération de séduction massive
Le fameux plan de relance mis sur la table loir-et-chérienne pèse un million d’euros. Parmi les actions à venir, le département est une nouvelle fois partenaire de la campagne de promotion « Val de Loire » conduite depuis 2017. Initialement programmée au printemps, celle-ci débutera le 7 juillet 2020. En plus d’une campagne sur les réseaux sociaux, le plan média comprend une présence des différents sites dans les gares parisiennes (935 faces au total et 18 écrans digitaux à Saint-Lazare), des arrières de bus panoramiques (près de 1 500 faces), du mobilier urbain (591 faces) et des totems, place du Palais royal. Autre exemple pour agir, afin de parler aux touristes et d’inciter aux vacances en Loir-et-Cher, le département a choisi d’acheter 41 000 billets dans un peu plus de quarante sites touristiques et de loisirs de Loir-et-Cher. Plusieurs jeux concours seront mis en place d’ici au début de l’année prochaine en direction des différentes cibles identifiées,dans le but d’inviter les clientèles exogènes à la découverte et au séjour, ainsi que de susciter des dépenses complémentaires dans le reste de la chaine touristique (hébergement et restauration notamment). L’ADT en lien avec le département va également proposer une centaine de séjours à gagner chez les hébergeurs du département. Egalement, à titre exceptionnel, le département a choisi de créer un fonds de soutien, doté de 330 000 €, soit 1 € par habitant. La vocation de ce fonds, dont les modalités d’accès seront validées en septembre, est de constituer un amortisseur supplémentaire,complétant les dispositifs mis en place à l’échelle nationale ou régionale. En somme, le coronavirus aura eu le mérite, bien que violent, de mettre en exergue des faiblesses déjà existantes, qu’on préférait ne pas voir ou oublier, et surtout, de forcer quiconque à sortir de sa zone de confort. Finalement, un mal pour un bien ? L’avenir le révèlera.
É. Rencien
♦Quid des châteaux et de la culture ?
Chambord a réouvert le 5 juin. Pour Cheverny, les retrouvailles ont eu lieu le 30 mai pour un week-end de test. Malgré un nombre de visiteurs assez réduit durant le week-end de la Pentecôte, le Marquis et la Marquise de Vibraye ont décidé d’une réouverture totale, à savoir 7 jours sur 7. En région, finalement, les visiteurs reprennent prudemment leurs quartiers dans les châteaux de la Loire. Dans l’Indre, à Valencay, le château de feu Talleyrand bruisse à nouveau des pas des visiteurs, mais ils n’ont été que 150 à s’y déplacer lors du jour de réouverture le 21 mai, contre 600 habituellement. Enfin, dans le Loir-et-Cher, les portes et grilles du château royal de Blois sont aussi à nouveau franchissables depuis le samedi 16 mai. Parmi les rangs qui ont osé sauter le pas, ils et elles étaient ainsi entre 50 et 100 férus d’histoire le 22 mai en journée à arpenter cour, allées et étages du monument blésois en plein centre-ville, contre 2 400 d’ordinaire. Chaque site espère donc un retour, rapidement, plus animé avec ce même voeu : “Vivement le retour de la foule et des files d’attente…” Il faudra attendre un peu mais ça reviendra. A la rentrée de septembre, la désormais traditionnelle opération gratuité de deux châteaux, cette année Blois et Villesavin, pour les Loir-et-Chériens grâce au conseil départemental, donnera sans aucun doute un coup de fouet bienvenu. D’ailleurs, en parlant de reprise, outre les châteaux, le spectacle continue et même redémarre, notamment au théâtre Monsabré à Blois, dès le 12 juin.
É.R.