Il était une fois un député du 41, ancien édile de Neung-sur-Beuvron, conseiller départemental du canton de Chambord… Un élu qui n’aura jamais autant noirci les colonnes médiatiques, ce d’autant plus qu’il vient de quitter une droite forte pour revenir à ses premières amours de droite extrême.
“J’aime le Loir-et-Cher, je vis dans le Loir-et-Cher! ” C’est la formule fétiche de Guillaume Peltier, qu’il a souvent répétée à la presse solognote. Un département où il réside toujours mais qu’il désaffecte pour Paris dans l’immédiat, occupé à débarrasser le plancher des Républicains pour emménager chez le journaliste polémiste lancé dans la course au scrutin présidentiel d’avril 2022. L’ex LR, anti-Macron, passe en effet de vice-président LR et potentiel homme clé de Xavier Bertrand, à providentiel vice-président du logiciel national de « Reconquête », du nom du parti d’Éric Zemmour. Fin 2021, à Blois, le comité “Z” 41 se réunissait justement, autour de Fabrice Sabran, référent départemental 41; Frank Martin, coordinateur régional Centre-Val de Loire, et Jean-Yves Narquin, sulfureux frère de Roselyne Bachelot. Selon un discours bien rôdé, ils ont seriné la fracture des LR et du RN. Les patronymes de Nicolas Perruchot, ancien président du Département de Loir-et-Cher, et du député Peltier ont été évoqués, bien que le groupe a certifié “ne pas aimer les girouettes, les gens qui ont fait du mal à la droite UMP-LR, qui nous ont cocufié.” Et puis… Le 9 janvier 2022, ce même Peltier (LR) a rallié leur camp ! Fabrice Sabran s’est ravisé. “Nous parlions surtout du contexte politique local infernal. C’est une excellente nouvelle que M. Peltier nous rejoigne!” Aussi, fin 2021, en session, le nouveau président du Département 41, Philippe Gouet (DVD), avait déclaré face à l’opposition : “M. Peltier soutient Valérie Pécresse, il n’y a pas de problème.” Oui mais camouflez le lézard et chassez le naturel, il revient au galop…
Dans la mêlée teintée, expressions pas du tout étonnées
Évidemment, beaucoup d’élus ont exprimé leur ressenti(ment) quant au nouveau pion posé par M. Peltier sur l’échiquier politisé. Jean-Baptiste Baudat, candidat sans étiquette (SE) au scrutin départemental 2021 sur le canton de Saint-Aignan (et bientôt aux législatives ? Ce dernier se définit désormais comme représentant LREM Sologne / Val de Cher Controis… NDRL), ironise. “Sur les réseaux sociaux, nous en apprenons plus sur son chien Milo que sur l’engrillagement en Sologne. Alors, Monsieur Zemmour, bon débarras pour nous, bon embarras pour vous !” Depuis la Sologne, Christina Brown, ancienne vice-présidente LR du Conseil départemental, et Dominique Giraudet, conseillère municipale d’opposition (DVD, “Ensemble pour Romo”), ont pilonné. “Ce n’était pas un secret de Polichinelle ! Il ne respecte pas ceux qui ont cru en lui. Depuis son parachutage en Sologne en 2014, il n’a cessé de cliver et de diviser la droite pour mieux exister. ” Pendant ce temps, Guillaume Peltier, qui fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le procureur de la République de Blois, Frédéric Chevallier, suite à un article de Médiapart sur l’utilisation présumée de fonds publics par le député, persiste et signe en porte-parole “Z” (qui ne veut pas dire Zorro…). “J’appelle tous ceux qui ont cru au RPR, ceux qui ont aimé Philippe Séguin et Charles Pasqua, ceux qui ont eu le cœur battant lors des campagnes de Nicolas Sarkozy, ceux qui veulent que la droite reste la droite, à nous rejoindre. Nous allons gagner.”
Émilie Rencien
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Gildas Vieira : et maintenant, le livre !
Également, parmi les personnalités olibrius… L’ex-adjoint au maire PS de Blois, conseiller municipal d’opposition SE, brigue une candidature présidentielle, après s’être présenté lors de précédents scrutins en Loir-et-Cher (municipales, sénatoriales, régionales, départementales). Il lui faudrait recueillir 500 parrainages. Damien Hénault (LR), maire de Montrichard Val de Cher, lui en a promis une, mais la récolte semble maigre. En coulisses, face à l’audace, les mauvaises langues susurent une vingtaine d’autographes. Gildas Vieira ne le nie pas. «Ma candidature est citoyenne, je ne représente pas de grand parti, mais mes idées sans langue de bois, avec de l’humanité, frayent leur chemin, » raconte l’élu de 47 ans, natif de Brazzaville, fondateur du mouvement La France autrement, docteur en santé publique (pas médecin ! Il a écrit une thèse sur « La promotion de la santé pour les populations d’Afrique subsaharienne en France », ceci explique cela, NDRL). « Quand je suis bien accueilli au Congo ou au Sénégal, c’est parce que je représente un espoir, un trait d’union France-Afrique, et surtout, que j’explique l’immigration d’une autre manière. Même les Gilets jaunes ne voient plus comme un Noir (Rires).» Comme en écho, il vient de sortir un livre “Un long chemin avec la France » chez l’éditeur Itinéraires, qui expose sa vision pour le pays. Des dédicaces sont prévues ainsi que de nouveaux déplacements en Vendée, en Guadeloupe. Il insiste : « Vous aviez écrit que j’essuyais des défaites. En réalité, si je ne gagne pas d’élection, je ne perds pas non plus. Ce qui est gagnant, c’est le chemin parcouru, et les yeux des gens que je fais briller, avec un discours loin des fausses promesses des politiques. C’est ce qui fait avancer une société. Je ne compte pas m’arrêter là. Je fonce jusqu’à ce que le délire prenne vie.» Alors, la main sur le coeur, même si la mayonnaise présidentielle ne prend pas, peut-être que Gildas Vieira tentera, sans encore l’avouer, un autre plan de carrière en juin : la case législative ?
É. Rencien