«Le Rendez-vous de la gauche d’après », soit l’Université d’été du Parti Socialiste et consorts associés, s’est tenue comme prévu les 28, 29 et 30 août à Blois, et non pas à La Rochelle comme à l’accoutumée, avec plus de 2 500 participants masqués et disciplinés aux gestes barrières. Retour sur, en mots et en images.
Les petits plats avaient été mis dans les grands à Blois fin août, pour cette Université d’été déménagée cette année sur les bords de Loire – qui par certains aspects faisait songer aux Rendez-Vous de l’Histoire – à force d’ateliers, de gel hydro-alcoolique, de tables rondes et de moult invités (Thierry Ardisson (ce dernier a dans les murs de la bibliothèque Abbé-Grégoire harangué sa volonté de « spectaculariser la culture à la TV »), Yannick Jadot, Julien Bayou, Clémentine Autain, Cécile Duflot, Audrey Pulvar, Patrick Kanner, Johanna Rolland, etc.). Si cette première édition en Loir-et-Cher en appelle assurément pour l’après d’autres, l’ouvrage du PS sur la planche politisée est posé, avec un mariage d’union pour 2022 à la clé ? On ignore encore si les bans seront publiés avec Europe Écologie Les Verts, et/ou côté témoins, le Parti Radical de Gauche, le Parti Communiste, La France Insoumise, et autres possibilités ciblées. En « before » (avant, en français dans le texte; “beFaure” pour le jeu de mots en anglais aisé) du Rdv de l’après, Olivier Faure, premier secrétaire national du PS, a profité d’une visite d’école, d’entreprise et de vignes, à Blois et Cour-Cheverny mercredi 26 août, pour selon lui « se connecter au réel »,et également pour affirmer à la presse locale son souhait de voir s’arrêter « les combats de coqs et les querelles d’egos. » Après qu’il nous aura été demandé lors de la soirée PS au château de Blois vendredi 28 août si nous n’étions pas la député européenne Sylvie Guillaume (l’effet de l’alcool peut-être pris au buffet?), le premier “fort” nous aura confié les yeux dans les yeux, masque inclusif made in Évreux sur le nez. “Les hommes et les femmes politiques se croient plus intelligents que tout le monde, ils et elles le pensent souvent mais moi, je ne le crois pas. Je crois qu’il faut faire avec les gens qui font. En voyant tous ces militants nombreux, ensemble, au château de Blois, j’ai eu presque envie de devenir roi ! (Rires) Mais moi, je ne joue pas. Les citoyens ne veulent plus d’omniprésidents. Il est temps de faire de la politique de manière différente, de sortir de la logique jupitérienne. C’est-à-dire moins de tactique et plus de fond !» Même lorsqu’il aura été questionné sur le constat de l’ex- ministre Stéphane Le Foll criant à qui veut l’entendre que « le PS est mort », l’intéressé n’aura pas voulu entrer dans la polémique. Évidemment, ce fut vite balayé car c’était sans compter sur la voix au chapitre apporté par l’ancien Président de la République, François Hollande, qui ne s’est pas déplacé à Blois (était-il invité ?) mais qui a tenu à distance samedi 29 août à exprimer sa pensée dans les colonnes de nos confrères du quotidien Ouest France. Selon ce dernier, «le PS ne peut pas rester dans l’état qu’il est », refusant au passage une primaire, ainsi que des alliances et l’acceptation d’éventuelles candidatures LFI et écolo pour l’élection présidentielle dans deux ans ; rejetant l’idée de toute demande en noces basée «sur la disparition d’une composante majeure de la gauche, celle qui a permis les victoires de François Mitterrand et de (lui-)même à la présidentielle». Dans ce joyeux tableau, il faut ajouter la veille, vendredi 28 août, à Blois, la réaction d’un homme installé dans l’hémicycle de la Halle aux grains (un LFI pour certains, un alcoolisé pour d’autres, les allégations sont allées bon train, alors que pourtant a priori acquis, au regard de son badge mentionnant « participant », ndrl) qui n’aura pas ménagé les oreilles des uns et des autres à l’occasion d’une conférence sur les fake news en présence notamment de l’ex-ministre, Najat Vallaud-Belkacem : « Je vous ai tous et toutes écoutés mais c’est comme si vous attendiez d’être égorgés, cela me rappelle l’empire Ottoman. Votre après, c’est raté, vous êtes à côté!». Oups…
Avant, après… Et en vrai, dans les faits ?
Passés ces intermèdes, les constats furent sans appel à Blois. À gauche, les rangs paraissent plus jeunes (fin août, lors de l’Université d’été, 25% des 2 500 participants à Blois avaient moins de 30 ans). A gauche, la personnalisation du pouvoir et le culte du chef semblent un tout petit peu moins prégnants qu’à droite (pas de prénoms starifiés scandés comme à la Fête de la Violette des Républicains en Sologne par exemple…Un point commun toutefois passage, l’intérêt porté aux premiers de corvée dans la bouche d’Olivier Faure (PS) et du député LR Guillaume Peltier…), mais ici comme là- bas, ça s’écharpe et c’est encore bien dispersé pour s’organiser d’emblée. Ce qui n’a pas empêché le serinement à Blois du message « Faure » pour l’après : gagner. Les sénatoriales, les départementales, les régionales et bien sûr, le Saint-Graal, l’Elysée. La dynamique de renouvellement est palpable, l’élan d’enthousiasme aussi. Mais avec qui ? Quel candidat en commun pour franchir la ligne d’arrivée tant convoitée ? Jean-Luc Mélenchon s’y voit déjà… Mais le personnage est perçu comme pestiféré chez les militants de gauche. Et puis d’abord, pourquoi pas une figure féminine pour une fois ? «Le socialisme, c’est forcément être féministe. Le socialisme, c’est la promesse d’une vie meilleure. Les femmes ne peuvent plus être juste considérées comme supplétifs des hommes, » aura harangué Olivier Faure, lors son discours blésois de clôture samedi 29 août dans le hall de la Halle aux grains, teinté de références à Jean Jaurès et Albert Camus. Au lieu de batailler, dézinguer, fragmenter, tergiverser, finalement, simplement, si c’était ça cet après à envisager, une candidate…
Émilie Rencien