Certains écrivent des livres pour la gloire, d’autres pour un plaisir narcissique. Alain Courtois grave, lui, les mots pour la postérité, chez l’éditeur Plume d’Eléphant, avec une générosité de confidences d’expériences d’entrepreneur vécues.
«Parler de soi n’est pas chose facile ». Or, Alain Courtois y parvient très bien car justement, il ne figure pas parmi ces personnalités égocentrées. S’il cause de lui, c’est finalement pour parler plus largement d’autrui. D’ailleurs, il l’écrit lui-même en préface, «rien ne peut se faire sans les autres.» C’est donc un vent de partage qui souffle dans les pages de son livre « Choisir la liberté d’entreprendre », paru chez Plume d’Eléphant en cette fin d’été, qu’il a mis une année à boucler avec une intime volonté, celle de prime abord de tout, ou presque, coucher sur le papier à l’attention de ses trois filles. Un peu moins de 170 pages au fil desquelles il narre sa vie d’entrepreneur et également d’élu, non sans effectuer un flashback sur ses parents “très à cheval sur l’éducation”, son enfance “heureuse”, et donc, sa femme, ses enfants et petits-enfants pour permettre au lecteur de bien situer le pourquoi du comment de son parcours d’homme aux responsabilités d’antan et de maintenant. Pour adjoindre un autre qualificatif à cette liste, Alain Courtois est aussi et surtout un homme passionné, et il serait possible de l’écouter narrer ce passé des heures sans aucunement se lasser. Formé aux Ateliers d’apprentissage et de maîtrise du Loir-et-Cher, puis au conservatoire national des Arts et Métiers, Alain Courtois, qui a poussé son premier cri en décembre 1943, possède en effet un curriculum vitae fourni à hauteur de la longueur d’un bras : ancien scout, ce Chevalier de la Légion d’honneur (promotion 1998) a racheté, dirigé puis développé avec talent et ingéniosité l’entreprise de mécanique Dubuis (70 ans cette année), devenue fleuron du groupe américain Stanley Black & Decker. Il a de surcroît été président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Loir-et-Cher à Blois, premier vice-président de la Chambre régionale du même nom (CRCI), sans oublier pléthore de diverses casquettes en tête : président de 3F Immobilière Centre-Val de Loire; fondateur et président du Cetim Certec à Bourges, président du CA de l’IUT de Blois, administrateur de l’école d’ingénieurs EIVL. Et ce n’est pas fini ! Il reste encore investi dans le circuit en tant que président honoraire de la CCI, délégué du pôle agro-alimentaire de Contres, Food Val de Loire.
Hier, aujourd’hui et demain, même combat ?
Ce qui est en sus frappant en lisant ce récit témoignage qu’il faut se procurer pour en savoir plus, ponctué d’anecdotes tant personnelles que professionnelles (dans l’Hexagone, lors de ses périples en Chine et ailleurs), et de suggestions à l’attention de certains élus blaisois, c’est le constat que la parole d’Alain Courtois résonne, dans une période meurtrie par un virus meurtrier dénommé Covid-19, tel un écho face à des problématiques qui n’ont soit pas disparu, soit sont revenues, dans un ballet d’éternel recommencement, sur une mélodie de déjà vu. Nous citons, page 75 : « Parallèlement, la conjoncture en France et dans le monde était délicate et explosive, l’inflation significative, les prix des matières premières, de carburants, de l’électricité et des salaires grimpant en flèche, nourris par différents conflits dans le monde : guerre du Kippour entre Israël, l’Egypte et la Syrie en octobre 1973. La conjoncture en ce milieu des années 1970 s’avérait difficile à anticiper. »… C’est ainsi la deuxième porte d’entrée de son bouquin, prêcher la bonne parole auprès de la jeune génération et les candidat(e)s à la création d’entreprise qui peuvent prendre appui sur son exemple de ténacité. Face à l’adversité, parfois tenace, et la modernité qui avance, les montagnes dressées sont-elles si infranchissables ? «J’ai bien compris ce qui s’est passé ces dernières années et je suis prêt à converser sur le sujet dans des écoles et universités. En France, nous disposons de beaucoup d’atouts, nous avons les capacités, bien qu’à l’international, ce n’est pas gagné. Quant au monde de l’entreprise, c’est parfois financièrement et techniquement compliqué. Certes… Mais je l’ai dernièrement constaté avec l’un de mes petits-enfants, les jeunes ont accès à des outils numériques qui ont gommé ce qui auparavant nous handicapait. Les smartphones sont désormais aisés à transporter, rien à voir avec mon téléphone Radiocom 2000 de l’époque poids-lourd ! (Rires) Et c’est une chance parmi de multiples à considérer.» Même si modestement, Alain Courtois, confie qu’il « n’était pas un fou d’école » et « n’est pas écrivain», son livre « Choisir la liberté d’entreprendre » se compulse pour résumer à l’instar du tempérament de son auteur, avec simplicité et félicité.
E. Rencien
« Choisir la liberté d’entreprendre » (Plume d’Eléphant), Alain Courtois, 161 pages, 20 euros. Après une dédicace fin août chez la librairie Labbé à Blois, l’auteur dédicacera à l’espace E. Leclerc le 19 septembre de 15h à 18h.