Les Montils Viticulture renaissante !


Le lignage, un cépage oublié, est relancé aux Montils, près de Blois, sa région originelle depuis des siècles. Explications.
En matière de vigne, on croyait avoir effectué le tour du chai, des terres, du climat et des souches, mais il reste, encore, des pépites à découvrir et à faire prospérer, même s’il faudra du temps, de la patience et de l’espoir. La preuve en a été fournie, récemment, aux Montils, au cœur même du domaine «Clos du Tue Bœuf» géré par Thierry, Louise et Zoé Puzelat, où sur une parcelle en friche depuis une trentaine d’années (un cycle générationnel…), il a été planté 82 pieds de jeunes pousses de Lignage ou appellation Macé, en Indre-et-Loire. Un nectar qui avait droit de cité entre Blois, avec une prédilection pour «Les Grouets», et Tours, et qui va renaître dans ce secteur pour relancer la réintroduction de cette variété au même titre que d’autres tests portant sur le genouillet, le gascon, le grolleau ou l’orbois. Des noms qui sentent bon le terroir et l’histoire de notre Val de Loire viti-vinicole et qui s’adaptent aux nouvelles conditions du développement de la biodiversité, en fonction des changements climatiques et autres perturbations météorologiques depuis des décennies. François Bonhomme, président de l’Union pour les ressources génétiques du Centre-Val de Loire et co-président de l’association Agir pour les cépages rares en Centre-Val de Loire, a expliqué les caractéristiques et qualités de ce futur-ancien cépage dont on pourrait découvrir le bouquet final lors des premières vendanges qui feront connaître les saveurs et richesses de ce cru dont on trouve trace au XVème siècle, selon certains documents, et qui a disparu des écrans-radars au début du XXème avec l’arrivée du phylloxéra qui a mis à mal une production déjà chancelante.

Sans modération
Après un échec, car en fait de lignage, ce fut du gascon qui poussa aux Montils, il a été possible de récupérer, ensuite, les deux derniers pieds virosés du cépage lignage conservés au centre de ressources biologiques de l’Inra de Montpellier et d’en développer les premiers plants. Seuls 82 ont pu arriver aux Montils sur les quelque 150 escomptés. Le challenge n’en sera que plus ardu à suivre au fil des jours, des mois, des saisons et des années. Comme pour un bébé qui va naître, grandir, prospérer…en famille, couvé par toute la tribu Puzelat et quelques collègues curieux du futur résultat. L’objectif de 3 000 plants dans les 4-5 ans est la ligne de mire et de tir dans un sol vierge de toute culture. Une fois obtenue l’inscription au catalogue officiel, une nouvelle plantation pourra être effectuée et la production lancée, avec des espoirs d’un produit noble, pas trop chargé en alcool et facilement adaptable aux conditions climatiques à venir dont on ignore tout à ce jour. La Région participe à hauteur de 50% à ce projet de 40 000 euros en espérant, comme les vignerons des Montils, que cela débouchera sur un nouvelle filière propre au Val de Loire et de retour dans sa région d’origine comme s’il ne s’était rien passé. Tout le monde viti-vinicole soutient cette expérimentation renaissante sur laquelle veille l’Institut français de la vigne et du vin. Avec un nom pareil, le cru lignage devrait garder le sillon droit pour une prospérité retrouvée et le piment qui accompagne toute innovation même si c’est une reprise qui méritait d’être tentée. Car, en matière de vignes et de culture, comme en industrie, il faut lutter, chaque jour, contre l’immobilisme et les habitudes. Bonne chance au lignage, sans modération aucune, s’entend…

Jules Zérizer