Dix ans après les premiers états généraux du sport féminin en équipe déjà réunis à Bourges, à l’initiative du Bourges Basket, une deuxième édition s’est déroulée dans la capitale du Berry voilà quelques jours.
Conférences, ateliers, prises de parole étaient au programme berruyer. Le constat était fait d’un sport masculin plus relayé que celui pratiqué par des femmes. Le paradoxe était que le sport féminin en équipe était de plus en plus performant avec des médailles olympiques, des podiums en coupe du monde et à l’Euro. On constatait un certain mépris même pour le sport féminin en France et on notait le manque de moyens, la timidité des entreprises à s’engager, une médiatisation moins importante, voire une misogynie encore vivace. Plusieurs questions étaient soulevées. On se demandait quelles étaient les solutions pour faire face au manque de médiatisation du sport féminin en équipe, comment accroître la médiatisation des grandes compétitions organisées en féminines, comment remédier au manque de moyens financiers des clubs féminins, mais aussi quand allait-on avoir une égalité de statut entre sportives et sportifs de haut niveau.
À Bourges, dix ans plus tard, il y avait du beau monde pour tenter d’apporter des réponses et montrer le chemin parcouru. Historienne, expertes, responsables institutionnels et sportifs, thérapeute, chercheuse, docteur en géographie, avocates, journalistes et sport business étaient de la partie. Des sportives, ou anciennes sportives, ont apporté leurs touches d’athlètes de haut niveau. Une expertise plus en rapport avec ce que le terrain ressent quant aux grands enjeux du sport féminin.
Un plan de féminisation
Désormais, chaque fédération doit proposer un plan de féminisation. Ce dernier doit permettre le développement de la pratique sportive pour le plus grand nombre notamment en faveur des féminines. Il doit également développer la promotion et l’accroissement de la réussite des féminines au plus haut niveau. En clair, aider les femmes qui ont l’ambition de devenir sportives professionnelles à part entière. En revanche, le sport féminin de haut niveau à encore du mal à se développer de la même manière que son pendant masculin. Une enquête du centre de Droit et d’Économie du Sport estime que les revenus générés par les divisions féminines de basket, hand, et volley sur la saison 2014-2015 étaient quatre fois moins élevés que ceux générés par les mêmes disciplines en sport masculin. Il rapportait que seulement 18,5% du volume horaire des sports diffusés à la TV française était féminin. Ce volume a augmenté de 50% sur la période 2018 – 2021 mais ne représente cependant que 4,8% du total.
Dans leur discours de clôture, au CREPS (Centre de ressources d’expertise et de performance sportive) de Bourges, Yann Galut, maire de Bourges, et Isabelle Lonvis-Rome, la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, vantaient les bienfaits de ces États généraux. L’une expliquait ne pas savoir « si je suis une militante mais certainement une combattante. Une combattante pour l’égalité; égalité pour l’inspiration légitime où chacun et chacune peut prétendre. Rentrer dans le sport par le prisme de l’égalité correspond précisément à l’approche ministérielle que je défends et qui se traduira dans les prochaines semaines (8 mars) par la présentation d’un plan national sur l’égalité entre les femmes les hommes. » tandis que l’autre estimait qu’à travers ces états généraux des engagements étaient pris. « Nous avons créé cette instance non pas comme une instance où l’on se revoit dans six mois, un an mais opérationnelle immédiatement. Nous avons engagé des choses et surtout des valeurs dans le sport avec l’ensemble des acteurs sportifs. »
JF