PÉDAGOGIE Une école de production, c’est-à-dire un établissement d’enseignement technique proposant un modèle pédagogique original et performant, pourrait voir le jour prochainement à Lamotte-Beuvron. Le projet porté par Constance de Marne et Ghislaine Goubert de Cauville, vient d’être présenté lors d’une réunion en présence de Dominique Hiesse, président de la Fédération nationale des écoles de production.
F.M.
Les écoles de production dont la première a été fondée en 1882 à Lyon, visent à proposer une solution complémentaire à l’apprentissage et aux lycées professionnels tout en apportant une solution aux décrocheurs scolaire qui sont cent mille de plus par an en France, en proposant des formations aux jeunes de quinze à dix-huit ans basées sur la pédagogie du faire pour apprendre. En effet, les adolescents y apprennent un métier en fabriquant des produits ou en proposant des services, afin de répondre à de vraies commandes clients. Il y a aujourd’hui en France vingt-cinq écoles de ce type présentes dans huit régions. L’école de production qui s’installerait à Lamotte-Beuvron sera la deuxième en région Centre-Val de Loire.
Les écoles de production permettent de recevoir ceux qui sont trop jeunes pour rentrer en apprentissage car ils sont pris dès quinze ans. L’entrée se fait uniquement sur la motivation du jeune, ce qui explique qu’il y a seulement 3% d’abandon. La durée de la scolarité est au minimum de deux ans. A partir de la troisième année, les élèves forment les premières années aux côtés des professeurs, la meilleure façon d’assimiler un savoir étant de le transmettre. A la sortie de l’école, les jeunes sont diplômés. Ils passent notamment un CAP avec un taux de réussite de 92 % alors que la moyenne nationale est de 72 %. Le rythme scolaire est intermédiaire entre la scolarité classique et l’apprentissage. Les jeunes qui sont en petits effectifs – douze au maximum – ont, à côté de l’apprentissage d’un savoir-faire, des cours qui ne dépassent pas trois heures par jour. Les vacances sont d’une semaine au lieu de quinze jours afin de les préparer progressivement au rythme de l’entreprise.
Les écoles de production sont des établissements scolaires hors contrat, ce qui permet d’être libre dans le parcours et d’avoir le planning que pourrait avoir un apprenti mais au sein d’une école. Le coût de scolarité est très faible voire gratuit car il est financé par la taxe d’apprentissage et des mécènes privés (à noter que Total investit 60 millions d’euros pour créer des écoles de production).
Faire pour apprendre
« On commence par faire, ce qui motive les jeunes avec une pédagogie différente de la scolarité traditionnelle, reconnaissent Constance de Marne et Ghislaine Goubert de Cauville. Les élèves sont en contact direct avec la réalité car on compte vraiment sur la qualité de leur travail, ils réalisent de vraies commandes, demandées en sous-traitance par des entreprises et encadrés par des professeurs qui ont eux-mêmes travaillé dans l’industrie.
Les adolescents s’intégrent dans le monde professionnel avec la même exigence (horaires…) qu’au sein d’une entreprise. Ils se sentent reconnus car ils font partie d’une vraie équipe et la qualité de leur travail se vérifie concrètement : la pièce refusée par le client n’a pas la même conséquence qu’une mauvaise note car il faut la refaire afin de satisfaire le client. Les jeunes vont prendre conscience qu’ils sont utiles, ce qui les motive et donne de très bons résultats. Pour les entreprises locales, c’est un partenariat gagnant car l’école de production a pour objectif de former des jeunes avec un savoir-faire et un savoir-être. Cette formation permet aussi de favoriser l’emploi sur le territoire et ainsi lutter contre la désertification rurale. »
Pour créer et gérer l’école lamottoise qui accueillerait aussi les jeunes de l’ITEP de Cerçay, une association va être créée avant le 15 septembre. Une étude de faisabilité est aussi en cours afin trouver le secteur d’activité où les entreprises seraient susceptibles de fournir des commandes aux élèves afin qu’ils se forment. Plusieurs secteurs sont envisagés : bois, métallurgie, restauration, agriculture, sellier-garnisseur.
A noter que la mairie de Lamotte-Beuvron a proposé de mettre à disposition les locaux actuels de la gendarmerie pour accueillir cette école en 2020.