Sylvie Germain est une virtuose dans l’art de tisser les mots. Elle nous emporte dans le souffle de son écriture singulière. En 1989 déjà, elle nous envoûtait avec Jours de colère. Dans le vent reprend ses tours, un avis de recherche sur un abri bus fait basculer la vie de Nathan. Le héros convoque son enfance solitaire et recherche le vieil homme disparu qui l’avait sauvé de l’ennui dans les rues de Paris. « Gravil déambulait dans la ville comme dans un livre, il la feuilletait dans tous les sens ». Comment retrouver l’homme qui déclamait des vers comme on respire ? Le vieil homme dont Nathan ignorait tout enfant avait su lui donner le goût des mots. Comment vivre à côté de sa vie ? Il part en Roumanie, il apprendra les drames d’une guerre qu’a vécu Gravil, le vieil homme énigmatique. Ce texte donne à des vies ordinaires une dimension unique et insolite. C’est un livre qu’il faut relire pour entendre à loisir la musique des mots des phrases et avoir envie peut être comme Nathan de devenir un jour chuchoteur de rue.
Marieke Aucante
