La base d’Istres procède aux premiers essais en 1980, essais qui furent très concluants avec une chute du taux de collision aviaire de 80 %. En 1981, ce service fauconnerie est validé. Istres est la base aérienne qui possède aujourd’hui le plus de fauconniers avec 5 spécialistes, cette spécialité n’existe pas dans l’armée de l’air, elle est assurée par du personnel civil spécialisé dans cette discipline et recruté après passage d’un concours (ouvrier d’Etat).
La base d’Avord aura son fauconnier en octobre 2009 avec l’arrivée de Thomas Garrido, un personnel civil spécialiste des rapaces. Thomas Garrido a débuté en fauconnerie en 1998 par le biais d’une rencontre avec un dresseur animalier, il a travaillé pour le cinéma puis en 2004 pour l’effarouchement. Ensuite, en 2005, il a passé le concours d’ouvrier d’Etat en tant que spécialiste en fauconnerie. Dans un premier temps il était en poste sur la base aérienne de Villacoublay et a rejoint la base d’Avord à la création de ce service de fauconnerie en 2009. Le service est composé d’un chef de section (militaire) et du fauconnier secondé par un militaire technicien de l’air (MTA). La SPPA dispose de moyens acoustiques (effaroucheur embarqué dans un véhicule) et pyrotechniques (cartouche anti péril aviaire, fusée crépitante, cartouche double détonation), le fauconnier et ses rapaces étant un plus de grande importance au sein de la prévention du péril animalier. La fauconnerie détient cinq oiseaux : trois faucons pèlerin, une buse de Harris et un autour des palombes. En fauconnerie, il y a deux grandes familles d’oiseaux, les oiseaux de bas vol : éperviers, autours, buses) et les oiseaux de haut vol : toute la famille des faucons. Un faucon pèlerin monte très haut dans le ciel, son piqué peut atteindre la vitesse de 300 km/h, il est d’une redoutable efficacité.
Pour une intervention rapide concernant lapins, lièvres ou oiseaux indésirables, le fauconnier roule sur la piste et lance un oiseau de bas vol depuis son véhicule. Les oiseaux de haut vol sont principalement utilisés contre les corbeaux, pigeons ramiers et étourneaux. Le travail principal du fauconnier est de sécuriser la piste, il travaille en coordination avec le personnel de la tour de contrôle qui repère le sujet indésirable. Les interventions sont quotidiennes, plus ou moins importantes en fonction des saisons. L’entraînement des oiseaux est journalier, y compris les week-ends.
Les oiseaux les plus dangereux pour les avions sont les rapaces tels la buse variable, le faucon crécerelle, les busards Saint martin et cendré, présents toute l’année sur la base aérienne.
Les oiseaux de la fauconnerie sont issus d’élevage, sauf l’autour des palombes qui est un prélèvement dans la nature. Seulement cinq ou six oiseaux sont prélevés en France sur une année. La loi autorise ce prélèvement pour l’autour des palombes et l’épervier d’Europe.
Les oiseaux sont âgés de deux mois lors de leur arrivée à la fauconnerie. Le dressage commence à cet âge là et fonction du caractère de l’oiseau, durera entre 2 mois et 6 mois pour rendre l’oiseau opérationnel, il l’est pleinement au bout de 2 ans. Parmi ces rapaces, la buse de Harris est l’oiseau le plus facile à dresser. Nous avons pu remarquer une grande complicité entre l’oiseau et le fauconnier, ne s’improvise pas fauconnier qui veut. La fauconnerie est un excellent moyen de faire fuir les oiseaux indésirables sur une piste aéronautique, tout comme les petits mammifères, les rapaces étant depuis toujours leurs ennemis naturels.
Buses, faucons et autours vivent entre 15 et 20 ans, ces oiseaux restent opérationnels dans l’armée de l’air de 8 à 10 ans, ils sont ensuite réformés et placés dans un parc zoologique ou centre de reproduction. Ils peuvent également avec des autorisations se retrouver chez des particuliers.
Dominique AUTHIER