Un salon 2015 boudé par quelques grosses maisons du sancerrois. Un salon dont le BIVC n’est plus partenaire. Un salon qui a perdu 200 exposants en deux ans est-il encore incontournable ?
Benoît Roumet a passé un salon des vins 2015 confortable. Le directeur du bureau interprofessionnel des vins du Centre est habituellement au four et au moulin, pendant quatre jours. Cette année la BIVC n‘était plus associé à l’organisation, le concours des jeunes sommeliers, n’existait plus. Du coup Benoît redevenait un visiteur presque comme les autres. «Nous ne sommes pas fâchés, mais nous avons eu une écoute insuffisante de la part des organisateurs que nous alertions sur le risque de dégringolade. On a eu de la chance que ce salon prenne l’ampleur que nous lui avons connu, mais la chance tourne. Cela dit j’ai noté des initiatives intéressantes comme les stands de dégustation sur lesquels on trouve tous les vins du salon. Un pour les rouges et un pour les blancs. Il va falloir voir les résultats et les initiatives de la municipalité d’Angers qui veut se redonner les moyens de relancer ce salon.»
«Eric Louis avec quatorze salons au compteur, fait son entrée parmi les sages. Le vigneron de Thauvenay, qui continue d’accumuler les Liger, est moins critique sur cette édition. «L’absence de l’interprofession a peut-être été un mal nécessaire, elle a obligé les organisateurs à changer les choses. Cela dit ce n’est plus vraiment un salon international, mais plutôt pour les cavistes. Mon rêve ce serait que tout le monde soit là, les grosses structures, les vignerons traditionnels, les biodynamiques, les bios ce serait le plus grand atout, une nouvelle dynamique.» Eric n’a manifestement pas apprécié la forme prise par l’accueil de «la levée de la Loire», le salon bio installé sur des tables style «vide grenier» dans un espace nu. «C’est dévalorisant pour leur produits, ce n’est pas bien.» Adepte de l’enherbement depuis plus de dix ans. «On n’en fait pas un dogme, je ne le fais plus à 100 % parce que l’on observe des problèmes de tassement. Je ne suis pas bio mais je fais baisser le taux de sulfite en utilisant un générateur d’azote, je prends soin de l’environnement en traitant mes eaux, en nettoyant mes cuves à la vapeur. On essaye d’être toujours en avance sur la réglementation.» Un pionnier, mais un sage vraiment.
«C’est en avançant, tous ensemble que l’on a fait progresser l’appellation. Ne l’oublions pas.»
Pratique : prix public départ de cave de 9€ la bouteille pour la cuvée traditionnelle à 18 € pour la cuvée Pauline élevée en fûts d’accacia.
Jérôme Gueneau récompensé
A l’autre bout du vignoble, Jérôme Gueneau, viticulteur de Sury en Vaux a lui aussi bien apprécié ce salon d’Angers. Son Giennois rosé a décroché un Liger d’argent et il a eu de très bons contacts sur le salon. L’histoire de Jérôme c’est celle d’un ouvrier agricole qui voulait avoir son exploitation et qui y est parvenu, vingt ans plus tard, en récupérant les micro parcelles dont personnes ne voulait : 80, pour ses 11,5 ha en AOC Sancerre ! «Du coup mon vin est le résultat de l’assemblage de ce qui vient de ces parcelles, ce qui assure une continuité d’une année à l’autre.» Jérôme a ajouté trois hectares de giennois à son domaine en 2008. «Pour le moment ça coûte plus que ça rapporte, il a fallu arracher du rouge pour replanter du blanc car le sauvignon est porteur à l’export.» L’export, c’est 85 % des débouchés pour son sancerre. «Parce qu’on ne veut pas faire plus…»
Pratique : Prix public départ de cave 7,50 à 9 € la bouteille pour le sancerre 5,50 à 7,50 € pour le coteaux du giennois.
François Quintin, artisan du Giennois
François Quintin, de Cosne-sur-Loire est un autodidacte du vin. Eleveur de gibier pour la chasse il a cherché une diversification en constatant la diminution inéluctable du nombre des chasseurs. «On a planté en 1991 en VDQS côteaux du giennois, parce que l’on parlait d’un éventuel passage à l’AOC et on a tenu notre premier stand à Angers voici douze ans. Au début on ne voyait personne, mais on était habitués, nous sommes partis sans rien : ni cave, ni clients, ni matériel, mais avec les conseils de Jean Bisson, le patron de l’ancienne station de l’INRA que nous avons rachetée pour y installer notre cave. On a acheté des cuves d’occasion aux gars de Sancerre, on s’est associé au lycée agricole pour le matériel et nous voici avec dix hectares en production en côteaux du giennois et une parcelle de Pouilly, d’où nous sommes originaires. Vigneron autodidacte François s’est formé à la sicavac et a beaucoup appris depuis. Sa cuvée «Chapeau Bas» issue d’un élevage pelliculaire est une petite merveille.
Pierre Belsoeur