Un bilan chiffré engageant avec 200 000 festivaliers comptabilisés, selon l’organisation. Un éclectisme scénique assumé et la volonté d’être le festival de toutes les musiques, de l’émergence et de la création. Le Printemps de Bourges version 43 a paru aller vers un remodelage des habitudes festivalières. Le Printemps se voulait plus présent encore dans la ville, les concerts gratuits et les scènes ouvertes ont participé au mouvement général.
Il n’est pas certain que les marchands du temple, ceux qui tentent de fourguer des breloques et autres bibelots estampillés made in China, les joueurs de musique des Andes ambulants, les joueurs de djembé de rue et autres baladins à la petite semaine aient fait leur beurre durant les cinq jours du festival berruyer. Pour les stands de nourriture, de liquide et autres boissons, l’affluence, la température, le soleil ont fait le boulot pour attirer le client. Si on a dénombré 350 gratuits du mardi au dimanche, le temps est cependant au choix dans les dépenses. Des chalands qui passent. Des passants qui chalandent. De fait, les allées n’ont été clairsemées que le temps d’une arnapée, un agga d’eau berrichon court mais qui pique à travers le tee-shirt… Au fil des spectateurs qui entrent sous la grande salle toilée, au fil des entrées d’artistes, l’espace autour du a fait le plein ou le vide. Des minots qui entrent à pleine fournée, et ne ressortent que plusieurs heures plus tard, c’est la halle au blé qui fait son Rap. Le mouvement musical, dont la programmation avait fait la part belle, fait sa crise d’adolescence, comme son public. Si d’un coté on perce les boutons d’acné et on a la voix qui mue, de l’autre on joue aux grands. Sinon comment expliquer la plupart des restrictions photographiques pour les professionnels ou la volonté d’utiliser leur travail par la majorité des groupes présents. Certainement que, sans avoir lu Proudhon, l’entourage de ses probables futures grandes vedettes partage son leitmotiv : « la propriété c’est déjà du vol… »
Une idéologie mise à mal par les téléphones-appareils photos que brandit la plupart des ados pour la moindre occasion. Comme dirait la nouvelle génération de ces spectateurs printaniers « faut pas juger ». Ne jugeons donc pas… même si ça démange .
Du « classique », des créations, des Inouïs
Outre les classiques, ceux qui ont fait le plein du PDB, les Zazie, Charlie Winston, H.F Tiephaine, Oshi, Boulevard des airs, Gaetan Roussel, et autres, les créations, en premier lieu l’émotion du spectacle « Jacques, Joseph, Victor dort », en hommage à Jacques Higelin, la recréation de « L’homme à tête de chou » du chorégraphe Jean-Claude Gallotta en hommage à Gainsbourg et Bashung, l’expérience futuriste et décalée de Molécule « Acousmatic 360° », ou encore Claire Diterzi et du chef d’orchestre Benjamin Pionnier, ont été autant de respirations.
Quant aux Inouïs, il fallait donner les deux prix à l’un ou l’autre des 33 artistes émergents qui se sont succédés sur les scènes du 22. Le jury a choisi de récompenser trois groupes au lieu de deux. Silly Boy Blue a reçu le Prix du Printemps de Bourges Crédit Mutuel tandis que DI#SE et Marian se sont partagés le prix du jury. Les lauréats seront programmés cet été sur les scènes de 7 festivals français et internationaux.
Fabrice Simoes