Le département du Loiret vient d’adopter le rapport sur l’accompagnement du développement du numérique dans le Loiret. L’idée est d’équiper le territoire en fibre et en prises, et d’aider les usagers les plus éloignés de ces pratiques.
Aurait-on imaginé que l’informatique devienne une langue à part entière ? Depuis les années 80, les technologies ont évolué aussi vite que la lumière dans une fibre optique. Si vite qu’on n’a pas vu venir la fracture entre ceux qui savent, qui ont apprivoisé l’usage et les matériels,… et les autres.
Bien sûr la majorité des personnes en difficulté sont les seniors de plus de 75 ans, mais aussi les personnes sans moyens financiers ou à faible niveau d’éducation, et bizarrement, les jeunes. Car si les 15-20 ans sont à l’aise avec leurs portables et les réseaux sociaux, ils le sont beaucoup moins avec les ordinateurs et les outils professionnels. 20% des Français (13 millions) n’ont pas accès aux usages du numérique, et 16% sont mal à l’aise avec.
Laurence Belais est vice-président du Conseil départemental : « La finalité est que chacun puisse accéder à l ‘ensemble des services publics, en particulier ceux qui disparaissent des territoires ruraux ». Cela vaut pour l’accès à la télémédecine, l’enseignement à distance, pour communiquer, acheter, jouer, s’informer, visiter ou voyager. Et Frédéric Neraud, autre vice-président, de poursuivre : « Le département fut le premier en France à s’engager, dès 2004, pour cofinancer volontairement l’aménagement de son territoire, là où les opérateurs, en milieu rural notamment, ne voulaient pas financer seuls, faute de retour sur investissement ».
Bien sûr les collèges, cliniques, bâtiments publics, les entreprises et les EPADH sont concernés au premier chef. Puis il y eut le programme Lysséo qui faisait entrer le département dans le très haut débit. À ce jour 71 000 prises fibres sont opérationnelles pour 19 500 foyers et entreprises connectés. Le département vient de signer une nouvelle délégation de service public avec SFR pour une durée de 25 ans. D’ici la fin du premier trimestre 2023, 262 communes seront ainsi desservies (120 000 prises).
Les ESP au service de tous
Les espaces de services publics, devenus espace public numérique, sont en accès libre pour les messageries, les scans, les envois de documents et les démarches administratives. Dans certains d’entre eux comme à la Ferté-Saint-Aubin, on trouve des bornes vidéo et des ordinateurs en libre-service. Il est ainsi possible d’entrer en contact avec les administrations partenaires (ADIL, CAF Loiret, CPAM, maison de justice, mission locale…), de scanner et de leur envoyer des documents. Ce qui fait dire à Flavie Barodine, directrice générale adjointe, que « c’est un vrai service intercommunal qui a trouvé sa place au sein du centre social ».
Ces Espaces, dans l’attente pour certains d’une labellisation, sont aidés par l’État à hauteur de 30 000€ par an. Un financement essentiel pour remplir un objectif qui l’est tout autant : que les habitants aient accès aux services de l’État à moins de vingt minutes de chez eux.
Besoin de former
La crise sanitaire n’a rien arrangé, les institutions ont dématérialisé plus que jamais toutes leurs offres, au risque d’exclure certains Français de l’ouverture même de leurs droits. Idem avec Pronote et les devoirs pour les élèves. Vigilant, le Loiret a mis des ordinateurs à disposition de ceux qui n’en n’avaient pas.
« Il n’y a pas de bible de l’utilisation du numérique pour les institutions, poursuit Frédéric Naraud. Chacune fait comme elle peut, forme les aidants sur son territoire, favorise le maillage, recrute des bénévoles pour assurer les plans de médiation numérique.
Il faut donc former, soutenir et outiller (le département y consacrera 178 000€/an d’ici 2023). Former les agents locaux ou les bibliothécaires à la détection, voire à l’animation d’ateliers. Le Loiret va recruter 4 formateurs dans les prochains mois, qui seront soutenus par 6 services civiques.
Il faut aussi aider les associations et les initiatives déjà existantes dans ce domaine, comme les clubs informatiques. Des appels à projets devraient aussi être lancés prochainement dans ce domaine.
Ou on parle aussi de financer une filière de reconditionnement de matériel pour les mettre à dispositions des personnes les plus fragiles à des prix acceptables, des bibliothèques, des ESP et des EHPAD…
Au total, un budget de 6M€ pour faire en sorte que personne ne reste sur le bord de la voie numérique.
Stéphane de Laage