« Il est né le 8 juillet 1919 à Paris et il en est fier. Sa mère et sa grand-mère le surnomment « le roseau » car il siffle souvent, comme le vent quand il traverse les herbes, et quand il est tout seul il se regarde dans le miroir, les mains dans les poches il sifflote les yeux à demi-fermés et l’air menaçant, comme les bandits sur les affiches de cinéma ou à la une des journaux, il teste son autorité, il est le petit homme de la maison, il l’a entendu dire une fois ».
L’auteur nous embarque grâce à une cascade de mots justes dans le monde de cet enfant comme dans un manège. On ressent avec Joseph, les interrogations, les révoltes, les joies et puis les peines quand il se retrouve seul, cabossé par la vie. De la prison à la ferme puis à la colonie pénitentiaire de Mettray, ce petit garçon est ballotté. Il découvre grâce à la musique une ouverture sur le monde. « Il guette et il analyse, anticipant ce qu’il dira à Frantz pour montrer qu’il s’y connaît, il emploiera les mots que les autres musiciens surement emploieraient pour décrire la virtuosité des mélanges, des rythmes, des volumes et des fluctuations…. C’est une trompette qui gémit vers le ciel, le dépasse, crève les nuages et rit de sa victoire… Il voudrait écouter le morceau encore et se mettre sous son aile, c’est tout. ».
Impossible de lâcher le livre avant de connaître le destin de ce petit garçon, le texte est un souffle. Comme dans Bakhita, un des précédents succès de Véronique Olmi, il faut regretter que l’auteure quitte le roman dans les dernières pages au profit du documentaire. Pour en savoir plus sur les prisons d’enfants et la libération de la colonie de Mettray , voir le livre avec photos de Jean Michel Sieklucki aux Editions Lamarque. Un bagne d’enfants en Touraine ? La colonie de Mettray Lumière et ombre.)
Marieke Aucante
Le Gosse, roman de Veronique Olmi.
Albin Michel.
293 pages. 20,90 euros.