Le cri d’une mouette, l’ombre d’un nuage, une sensation fugace et les souvenirs d’une vie défilent. Sur le pont du Paquebot qui le ramène de New York en Europe, Gustav Malher laisse dériver ses pensées. Compositeur adulé, chef d’orchestre le plus réputé de son temps Malher encore jeune sent sa mort proche.
Les instants de bonheur côtoient le drame : la perte de sa fille, son chagrin et son amour pour Alma sa femme.
Ce texte court aux mots simples et profonds, poétique et nostalgique nous emporte dans le remous des vagues de la vie. « Le dernier mouvement » est une méditation toute en poésie sur la puissance de la création.
Lisez ce livre en écoutant la cinquième symphonie ou simplement la musique du compositeur et vous entrerez dans la profondeur de la vie de cet homme triste qui aimait la nature, avant toute chose.
Face à l’océan, l’illustre passager et le jeune garçon de cabine chargé de veiller à son bien -être échangent quelques mots qui laissent apparaitre la profondeur de leur intériorité :
« Monsieur le directeur, dit le garçon
-Oui, dit Malher.
Il avait les yeux mi-clos et écoutait le battement des moteurs.
– C’est quel genre de musique, celle que vous faites ? Vous pourriez m’en parler ?
-Non, on ne peut pas raconter la musique, il n’y a pas de mots pour ça. Dès qu’on peut décrire la musique, c’est qu’elle est mauvaise.
Le garçon le fixa de ses grands yeux brillants.
– Je crois que je vais y aller maintenant, dit-il. Voulez -vous que j’apporte encore un thé ?
Malher secoua la tête.
« Ne prenez pas froid, dit le garçon. Gardez les pieds bien au chaud, surtout.
Oui, dit Malher. Ils t’ont dit que j’allais mourir ?
-Non, dit le garçon, et Malher vit qu’il mentait.
-Va dire à ma femme que je souhaite rester encore un peu seul. Qu’ils se tiennent prêts dans une heure. Je sonnerai.
-Je ferai la commission. Prenez soin de vous, monsieur le directeur. »
Le garçon s’éclipsa. Malher desserra la couverture et allongea les jambes. Parler l’avait fatigué. Il aurait bien dormi, mais il craignait le sommeil. Il ferma les yeux et pensa à Alma et à la petite. Il essaya de se représenter le visage d’Anna, mais c’est autre chose qui lui vint à l’esprit, une image de tristesse et de souffrance. »
Marieke Aucante
Roman traduit de l’allemand ( Autriche) par Elisabeth Landes
125 pages. 15 euros. Edition Sabine Wespieser.