Avec de plus en plus d’enfants à placer en famille d’accueil et des difficultés de recrutement d’assistants familiaux, le Conseil départemental cherche à recruter 35 personnes en 2019, puis 50 dans les deux années à venir et autant d’ici 2025.
Fin 2018, 933 enfants étaient placés en Loir-et-Cher par les services de l’aide sociale à l’enfance du Département. Il y en a eu 450 chez 251 familles d’accueil, 273 en maisons d’enfants à caractère social, à l’hôtel, au foyer des jeunes travailleurs, chez des tiers dignes de confiance, au foyer de l’enfance, ou en lieux de vie. Afin de permettre aux enfants d’avoir un équilibre affectif et social indispensable à leur bon développement, les placements dans un environnement de type cellule familiale sont privilégiés. En dix ans, une centaine d’enfants supplémentaires a été accueillie en famille d’accueil. Les mineurs séparés de leurs parents doivent évoluer dans un cadre bienveillant et serein, la collectivité fait donc appel à des assistants familiaux afin de garantir des conditions d’accueil adaptées aux enfants (lire interview). En effet, les placements interviennent dans des situations dégradées et concernent parfois des enfants au parcours délicat. Les assistants familiaux peuvent accueillir 4 enfants maximum et en Loir-et-Cher, leur moyenne d’âge se situe autour de 50 ans. Dans le département, il y a 250 assistants familiaux et 30 d’entre eux sont très proches de la retraite donc il y a un besoin de recrutement. Même si ce métier est très largement féminin, les hommes peuvent aussi l’exercer.
Un métier à part entière
Les assistants familiaux sont salariés du Conseil départemental. Ils sont intégrés à la vie de l’équipe du service de protection de l’enfance et travaillent notamment avec les éducateurs référents des enfants sur les Maisons départementales de la cohésion sociale et des psychologues. Ils peuvent bénéficier de séances d’accompagnement et de formations continues. Pour devenir assistant familial, il faut être titulaire d’un agrément délivré par le centre de Protection Maternelle et Infantile à l’issue d’une évaluation sociale et psychologique dont l’instruction peut prendre 4 mois au maximum, puis être recruté. Et avant tout accueil d’enfant, il est obligatoire de suivre un stage de 60 heures proposé par l’employeur. Ensuite, au cours des premières années d’accueil, une formation de 240 heures est délivrée par l’employeur. Celle-ci peut aboutir à l’obtention d’un diplôme d’État d’assistant familial. En dehors des indemnités liées à l’accueil des enfants, la rémunération mensuelle nette d’un assistant familial qui accueille un enfant est de 965€ et 1 525 € pour deux enfants.
Plus d’informations sur : www.le-loir-et-cher.fr ou au 02.54.58.41.90.
Interview : « C’est une véritable vocation »
Olivier est assistant familial dans le Loir-et-Cher depuis 2012 et a obtenu son diplôme d’Etat en 2016. Il a un agrément pour accueillir deux enfants et s’occupe actuellement deux garçons de 6 ans et demi et 14 ans. Rencontre.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai travaillé pendant vingt ans dans l’industrie graphique avant d’être licencié en 2007 pour raisons économiques. En parallèle, j’ai toujours eu une passion pour le spectacle et je chante dans une association. J’ai donc fait de l’animation musicale pendant quatre ans pour des particuliers, dans des centres commerciaux ou des maisons de retraite. J’ai aussi animé un atelier théâtre pour des ados. Puis, j’ai fait un bilan de compétences et le côté social est ressorti.
Comment avez-vous découvert le métier d’assistant familial ?
Quand j’ai rencontré mon épouse, elle était déjà assistante familiale mais faisait une pause. C’est avec elle que j’ai découvert le métier et comme on avait envie de travailler ensemble, on s’est lancé en 2012. Elle a aussi un agrément pour deux enfants et accueille actuellement un petit garçon de 2 ans et demi et une fille qui aura bientôt 4 ans. Nous avons donc quatre enfants placés à la maison.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Ce n’est pas un métier classique, c’est une véritable vocation. Il ne faut pas le faire simplement pour avoir un salaire. Il faut avant tout aimer les enfants et avoir envie de leur venir en aide. Je pense aussi que malheureusement, c’est un métier d’avenir. Et le service d’aide sociale à l’enfance fait tout pour que nous soyons mieux reconnus.
Combien de temps les enfants restent chez vous ?
Les enfants sont chez nous suite à un placement judiciaire par un juge ou le procureur, ou administratif, à la demande des parents. Ils peuvent être placés pour des durées variables, de six mois à deux ans, ou plus. Et quand nous avons une place, cela nous est arrivé d’avoir des enfants en placement temporaire d’urgence sur un week-end, trois jours, quinze jours… Cela dépend des situations.
Quel est votre rôle au quotidien ?
Nous ne sommes pas des « voleurs d’enfants » et on ne remplacera jamais leurs parents mais on leur offre un cocon familial pour qu’ils retrouvent un mode de vie normal. Ce sont des enfants abîmés qui ont besoin d’affection. Il s’agit aussi de leur fixer des règles et des limites, de les amener vers l’autonomie et de faire le maximum pour qu’ils s’intègrent socialement. Je les accompagne à leurs nombreux rendez-vous, notamment médicaux, mais aussi à leurs activités extra-scolaires et lors des visites chez leurs parents. Notre priorité est de préserver les enfants. On doit donc avoir aussi une communication avec les parents quand c’est possible afin d’être sur la même longueur d’ondes, tout en restant professionnel.
Quels sont vos relations avec les services du Département ?
On travaille en équipe avec un référent éducateur spécialisé, un psychologue et le responsable de service du territoire. Nous communiquons beaucoup pour être au courant de tout ce qui se passe. Notre objectif commun est d’aider les enfants pour qu’ils puissent réintégrer leur foyer familial dans de bonnes conditions.
Propos recueillis par Chloé Cartier-Santino