Vendredi 24 avril 2020, à Blois, un peu de terrain, enfin. Et pour cela, il suffit d’une session entre élus départementaux en « visio ». Soit pas moins de quatre heures de débats et votes autour d’un ordre du jour aux sujets divers et variés.
Finalement, hormis le mode visio-conférence et des écrans interposés au lieu de la traditionnelle assemblée réunie dans la salle Kléber-Loustau place de la République à Blois, rien ne change. Comme à l’accoutumée, la matinée de session s’est étirée doucement mais sûrement à l’Hôtel du Département, endroit aux quatre murs à l’air soudainement esseulé mais rythmé par un ballet de dossiers exposés, sous le regard souriant de la sculpture bleutée de l’espace Michel-Delpech figé. Vendredi 24 avril, dès 9 heures, le président LR Perruchot a comme d’habitude orchestré les échanges, sous les yeux de la presse rivés sur les vidéos de tous les élus de l’assemblée départementale conviés (Louis de Redon, Marie-Hélène Millet, Isabelle Gasselin, Philippe Sartori, Lionella Gallard, Monique Gibotteau, Catherine Lhéritier, Gilles Clément, etc. etc.), sur fond de gestes barrières, de gel hydro-alcoolique, de masques anti-Covid-19, de votes et de tchat informatisés, et de boutades face à certaines chevelures ayant poussé sous l’effet de coiffeurs en vacances forcées. « Le Loir-et-Cher, peu touché par le virus, postule pour être déconfiné très rapidement, en fonction du plan gouvernemental à venir, » a déclaré en préambule Nicolas Perruchot, avant de s’atteler aux 35 dossiers de la journée. Outre les travaux dans les collèges et sur les routes qui vont reprendre, parmi les sujets listés d’importance, il est possible de dégager une poignée. L’acquisition pour 891 771 € (hors frais de notaire, de géomètre et d’intermédiaire estimés en sus à 108 954 €) d’un domaine forestier par exemple. Plus précisément au total, 172 hectares sis au nord du département, dans la réserve naturelle dite des « Vallées de la Grand-Pierre et de Vitain ». Un achat salué à l’unanimité, pour préserver la biodiversité et éviter la cession à la découpe, avec entre autres projets in situ, parsemés entre landes, zones humides et feuillus, sont annoncés chantiers d’insertion, classes vertes, revalorisation des marais et culture de légumes bio pour les collèges.
Entre unanimité et sourcils froncés
La création d’une agence de l’attractivité, à laquelle nous retrouvons aux commandes, ô surprise, un visage bien connu, à savoir Karine Gourault, ancienne déléguée générale du MEDEF de Loir-et-Cher, a davantage fait tiquer. Le but affiché de cette nouvelle structure, dont le nom n’a pas encore été dévoilé, dotée d’une subvention de fonctionnement de 200 000 € pour l’année 2020, est d’apporter – c’est en tout cas de cette manière énoncé sur le papier par le président – « des solutions concrètes et innovantes venant de la sphère départementale, qui est une sphère de proximité », en s’appuyant sur trois axes identifiés, c’est-à-dire la promotion du territoire, la prospection d’une main d’oeuvre qualifiée pour les secteurs économiques en tension, ainsi que la prospection et l’accompagnement à l’installation de professionnels de santé (médecins généralistes et spécialistes, personnels infirmiers) face aux enjeux de démographie médicale. Le conseiller départemental Benjamin Vételé (ex-groupe Le Loir-et-Cher Autrement), par ailleurs adjoint au maire PS de Blois, s’est ici abstenu, s’interrogeant sur le risque d’une nouvelle lasagne territoriale. « Pardon de rompre l’unanimité ambiante mais si je trouvais au départ l’idée intéressante, je ne sais pas si c’est une priorité et si cela va nous faire gagner en efficacité réelle ? Il faudrait peut-être plutôt laisser ce sujet aux autres (on pense alors à la Région et son agence déjà existante, Dev’Up, NDRL) et miser sur la coopération dans ce qui ressemble à une compétition et une course à l’arrivant.» Autre thématique faisant soulever les sourcils, la téléphonie mobile. L’opérateur Bouygues, en recherche de terrains départementaux, a exprimé une volonté de se poser sur des parcelles de 100 m² identifiées sur Cellettes et Villefranche-sur-Cher. Là encore, Benjamin Vételé a dit « oui, mais non, si c’est pour de la 5G .» Nicolas Perruchot a répondu, en insistant sur la nécessite de pouvoir téléphoner normalement en ruralité. «La 5G ? Ils nous ont tellement oublié… La couverture s’est beaucoup dégradée en ruralité. A priori, il serait question de 3G et 4G.»
Entre deux préoccupations, objectif évasion
Enfin, afin de parler actualité préoccupée tout en se donnant des objectifs légers pour s’évader, Nicolas Perruchot a insisté sur la reprise du tourisme qui s’apprête à subir, à l’instar d’autres secteurs, des secousses de grande ampleur. Une campagne de communication massive, associant à nouveau le Loir-et-Cher et l’Indre-et-Loire mais aussi le Loiret, le Cher, l’Indre et l’Eure-et-Loir, est actuellement sur la planche de travail avec le Conseil régional. La réouverture du château de Chaumont-sur-Loire, dont le thème du festival 2020 (prémonitoire?) porte sur les jardins de la Terre / le retour à la Terre Mère, est notamment escomptée pour le mois de juin, en «nombre restreint » , toujours selon le président précité, mais évidemment, rien n’est assuré pour le moment. En attendant, le domaine de Chaumont pourrait également, après une journée proposée en accès gratuit aux culotte courtes à Chambord l’an dernier, accueillir à son tour des enfants à l’initiative du département au moment des fêtes de fin d’année. Avant les cadeaux par milliers, Geneviève Baraban (groupe Loir-et-Cher Autrement, DVG), favorable à une agence de l’attractivité, a émis un souhait particulier en fin de cette session en assemblée distanciée. « Quand confinement rime avec travail à distance, visioconférences, c’est une propulsion dans une autre dimension spatiale, dans une concentration accrue (…). Soyons tous ensemble dans le combat contre le réchauffement climatique avec la même force que nous déployons actuellement dans le combat collectif contre le coronavirus. » Avant de croire au père Noël, la prochaine séance du Conseil départemental se tiendra quant à elle à Blois à la mi-juin, sans écran et en présences des élus, physiquement cette fois. Si tout va bien.
É. Rencien
« Faites de la musique » ! Dimanche 26 avril, jour numéro 41 de confinement, plus de 4 heures de vidéos musicales ont mené la danse dans le Loir-et-Cher (département 4-1) au fil de plus de 200 envois d’anonymes qui avaient favorablement répondu à l’initiative du Département sur sa page Facebook https://www.facebook.com/leloiretcher/. En parallèle, des artistes connus tels Alain Souchon, en confinement du côté d’Ouchamps avec ses fils Ours et Pierre, ou encore son ami Maxime Le Forestier, la Romorantinaise Margot et le Blésois Nirintsoa, ont apporté leur note musicale à l’édifice, sans oublier les trois concerts donnés sur les sites des Centres hospitaliers de Blois, Vendôme et Romorantin ont rendu hommage à l’ensemble des soignants grâce aux morceaux interprétés sous le soleil par un quatuor de cors de l’Ensemble Orchestral du 41, allant de Mozart à Beethoven en passant par les Beatles. Soit près de 60 000 vues comptabilisées auprès des confinés en ligne. Beau succès.
É.R.