Entretien avec Jean-François Bernardin, président de l’ACASCE
Vous avez créé l’ACASCE (Association des Chasseurs Amis de la Sologne Contre son Engrillagement) il y a maintenant un peu plus d’un an et demi. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous sommes à ce jour un peu moins de 600 adhérents parmi lesquels la plupart des présidents des associations engagées dans ce combat contre l’engrillagement de la Sologne : les présidents et vice-présidents des fédérations de chasseurs, les présidents des associations de chasseurs de grand gibier. La fédération des chasseurs du Cher a même adhéré en tant que personne morale. Nous gérons un site internet www.acasce.com où sont répertoriés nos actions mais aussi les publications et événements sur ce sujet. Plus de 2 000 « followers » sur invitation échangent sur notre page Facebook.
Ces temps-ci, on constate une accélération de cet engrillagement qui défigure notre belle région. Comment évolue ce sujet ?
Une avancée importante a été réalisée par le Conseil régional qui dans son schéma, toutes tendances politiques réunies, a défini les caractéristiques que les clôtures devaient dans l’avenir respecter pour, conformément aux lois des Grenelle de l’environnement, permettre la libre circulation du gibier. Ce texte devra être transposé dans les documents locaux d’urbanisme, C’est pourquoi nous avons interpellé les candidates et candidats au mandat de maire. Ceci étant, nous ferons tout pour que ces clôtures existantes perdent tout intérêt pour leurs propriétaires. C’est d’ailleurs le sens de l’amendement du sénateur Cardoux adopté à l’automne. Il devra être complété par d’autres textes réglementaires ou législatifs.
Pensez-vous que compte tenu des relations et de la fortune de nombre de ces engrillageurs, vous avez une chance de réussir ?
Je tiens d’abord à vous préciser que nous nous efforçons de ne jamais personnaliser ce débat, d’autant que pour avoir croisé certains d’entre eux, les plus importants, je peux vous assurer que ce sont des gens remarquables. Simplement je pense qu’ils ne se doutent pas du tort qu’ils font à notre région. Parfois je rêve que l’un d’entre eux prenne la tête de ce combat !
Mais tout de même, ne pensez-vous pas qu’à la fin le pouvoir de l’argent sera le plus fort ?
Vous savez, récemment un journaliste ami s’est entendu dire devant témoins : « Vous avez perdu d’avance parce que vous avez peut être la morale pour vous, mais nous avons le pouvoir de l’argent. » Je ne sais pas si cette personne s’est rendue compte de l’énormité de son propos ! Comme si dans une démocratie, l’argent permettait de s’opposer à l’intérêt général ; comme si d’être riche dispensait d’avoir une morale, comme si l’argent qui donne du pouvoir ne donnait pas aussi des devoirs. C’est d’autant plus simpliste que si nos adhérents sont dans des situations financières très diverses, nous comptons parmi nous de nombreux membres qui, sans être comme l’on dit aujourd’hui des « super riches » font partie de la petite minorité très aisée de notre pays mais n’en n’ont pas moins le sens de l’intérêt général. Au fond, ce que nous dit ce monsieur, et je l’en remercie, c’est que nous nous battons pour la Sologne et l’intérêt de tous, mais aussi pour la morale. Vaste programme…