« Je viens de Damas », édité aux éditions Ramsay, dernier livre de Marieke Aucante évoque la situation des chrétiens d’Orient et l’émigration, sujets d‘actualité, sous la forme d’une quête humaniste touchante, dans la veine de « Petit frère l’Orage » et de « Moi Augustin, prêtre martyr de la Révolution », où l’espoir prime sur les épreuves.
Tout débute à Damas au printemps 2016, lors d’une soirée au parfum de roses, où la paix familiale tourne au drame, des chrétiens étant égorgés chez eux. Les deux survivants, Yasmine, quinze ans et son petit frère Elias, handicapé, partent donc en direction de l’Angleterre où leur maman a une tante. Les deux jeunes partent pour un long voyage, semé de rencontres, qui sont d’autant de lumières sur leur parcours semé d’embûches : des combattantes kurdes, une bénévole de Lampedusa, des migrants de la Jungle de Calais… pour enfin trouver enfin un havre de paix, à l’autre bout du monde. « Ce livre qui est un roman et non un documentaire, est une histoire vraisemblable car tout ce que j’écris est à la limite du réel et de l’imaginaire, indique Marieke Aucante. J’ai eu l’idée de parler d’une jeune syrienne car mon grand-père était allé à Damas en 1922 à l’époque où la Syrie était sous protectorat français.Il en parlait souvent car ce pays l’avait beaucoup marqué et d’où il avait ramené une soierie, d’où l’idée de choisir pour ce roman une héroïne de Damas d’un milieu aisé, dont le père travaillait la soie, chrétienne ayant subi les persécutions, et confrontée à l’émigration car je suis aussi très sensible à la cause des chrétiens persécutés. Il faut savoir qu’aujourd’hui, il n’y a quasiment plus de chrétiens en Syrie… C’est aussi pour moi une histoire de fraternité car la jeune héroïne ne souhaitait pas partir sans son petit frère handicapé qui ne parle pas. Ce fut une façon pour moi de faire revivre mon petit frère handicapé de qui j’étais très proche, héros de mon livre « Petit frère l’orage ». J’ai aussi évoqué d’autres souvenirs familiers comme un Noël passé dans l’église bâtie dans la Jungle de Calais, ou encore la fondation Tzu Chi que je suis allée découvrir à Taïwan. Tzu Chi prend une place importante dans mon livre, évoquant notamment l’aide qu’elle a accordé en 2016 aux Salbrisiens après les inondations car cette fondation représente pour moi un modèle de vivre ensemble et d’équilibre. J’ai aussi beaucoup travaillé sur les femmes combattantes kurdes et j’ai l’impression de les avoir rencontrées, alors que ce n’est pas le cas. Aujourd’hui avec internet, c’est possible d’avoir ce sentiment, chose que je n’aurai pas pu faire il y a une vingtaine d’années. J’aimerai que ce livre soit lu comme une histoire de fraternité et d’humanité, plus que comme un livre spécifiquement chrétien. La quête de Yasmine est de se sentir libre et que son frère soit heureux, trouvant à un endroit du monde ce qu’elle ne cherche pas, grâce aux rencontres improbables qu’elle va faire, ce qui est le cas de chacun d’entre nous. »
Dernier livre ?
Auteur de vingt quatre romans, Marieke Aucante pense que « Je viens de Damas » sera son ultime livre. « Écrire représente pour moi beaucoup d’énergie, reconnaît-elle. Lorsque j’écris je ne suis pas en relation avec les autres, seulement avec mes héros. J’aimerais donc pouvoir connaître l’expérience de pouvoir arrêter d’écrire, l’écriture étant très exigeante. »
F.M.