Atteint par la limite d’âge (75 ans), monseigneur Maillard a fait ce que fait tout archevêque arrivé à cet âge, il a remis une lettre de démission de sa charge pastorale au Pape.
L’archevêque aura passé onze années dans ce grand diocèse du Berry, composé de 34 paroisses dans le Cher et 24 dans l’Indre. Humaniste convaincu, l’homme d’Eglise est très attaché à « ceux qui ne partagent pas la même foi », qui sont trop souvent « aux périphéries », qui souffrent de l’isolement pour qui, l’Eglise doit se faire hospitalière. Nous l’avions rencontré à l’automne 2012, lors d’un événement qui avait déchainé le microcosme vierzonnais, la vente de l’église Saint-Eloi de Vierzon. Dans ces moments houleux, d’incompréhension et d’hostilité, il nous était apparu d’une sérénité exemplaire et pas du tout déconnecté du quotidien bien au contraire et c’est ce qui ressort encore aujourd’hui de nos échanges avec lui.
LPB : Monseigneur, vous allez quitter le Berry pour rejoindre vos Vosges natales, que retenez-vous de ces onze années passées dans ce diocèse berrichon ?
Monseigneur Maillard : « Arrivé de Mayenne, je ne connaissais personne bien évidemment dans le Berry. J’étais en charge d’un grand diocèse et petit à petit j’ai appris à connaître, d’abord ceux avec qui je travaillais, qui ont été d’un grand secours et je me suis reposé sur leurs compétences et dévouement avec confiance. Et puis, ce sont tous ces gens formidables, jeunes, moins jeunes, plus âgés, qui m’ont tant apporté par leur dynamisme à faire aimer et vivre cette Eglise du Berry. Ma visite pastorale dernièrement en est une preuve et joie immense. J’ai rencontré des paroissiens motivés, soucieux de ce monde impitoyable dans lequel nous vivons mais confiants dans ce que notre foi peut apporter de vivifiant pout tout un chacun. Surpris agréablement par la qualité de leur accueil et la minutie avec laquelle ils avaient préparé nos rencontres. J‘ai fait plus que les écouter, j’ai répondu à leurs questions, craintes, espoirs, besoins… Tous ceux qui ne font pas de bruit mais qui agissent ; dans les paroisses, notamment en milieu rural, dans les hôpitaux, les prisons. Ils partagent, invitent, créent, mettent en place dans les villages des petits groupes de prières et ils n’ont pas besoin systématiquement de la présence d’un prêtre. C’est aussi ces partages fraternels avec les prêtres de mon diocèse et ceux qui ont œuvré à la parution de cet excellent ouvrage sur la cathédrale de Bourges. Ce sont également ces confirmations d’adultes (100 en mai dernier) et 37 qui ont été baptisés : ce sont des moments forts pour un évêque que de visualiser cette foi qui change la vie des gens et les rend heureux ».
LPB : Vous vous êtes investi dans des domaines « adjuvants » à la reconnaissance de ceux qui ne partagent pas votre foi et aussi, face aux évènements qui ont secoué notre pays. Le pape François dans ses discours remet la périphérie au centre de l’Eglise.
Monseigneur Maillard : « Bien sûr et c’est justement ce qui doit nous conduire à l’ouverture vers tous. Ceux qui ne partagent pas notre foi et j’ai à ce sujet, rencontré les Imams à trois reprises au cours de soirées où nous avons partagé, appris à mieux nous connaître. Lors des attentats, nous avons eu des réflexions fortes et partagées et à chaque fois qu’il y avait une réunion entre les communautés, j’y suis allé car on a mieux à faire que s’enfermer. Nous devons mieux communiquer, utiliser tous les moyens modernes actuels. Informer, expliquer, partager ; c’est une nécessité pour notre Eglise. La violence ne résout rien et je ne vous surprendrai pas en vous disant que je crois plus à « aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Notre avenir passe par une vie fraternelle, l’homme doit s’en servir en ayant confiance et surtout : ne pas avoir peur ».
Confrère Vosgien, l’Evêque de Saint-Dié va l’accueillir dans sa paroisse où l’ancien Archevêque de Bourges aura encore l’occasion d’affirmer sur le terrain : « n’ayez pas peur et ayez confiance ».
J.F.