Lamotte-Beuvron : Une figure du GRAHS s’en est allée


Membre fondateur et président d’honneur du Groupement de Recherches Archéologiques et Historiques de Sologne, Christian Poitou est décédé le 17 décembre dernier à l’âge de 90 ans.
Au-delà d’être un membre très investi de l’association d’historiens solognots, Christian Poitou a eu un parcours de vie original, faisant partie de ceux à qui l’école de la République a permis de s’élever socialement. En effet, issu d’une longue lignée de vignerons du Pithiverais et de l’Orléanais du coté paternel, et de petits paysans solognots depuis le XVIe siècle du côté maternel, et fils d’un ouvrier pépiniériste, il n’était pas destiné à devenir historien mais à travailler la terre ou à rentrer en apprentissage.
Attiré très tôt par les livres qu’il dévorait en gardant les vaches, le jeune Christian est remarqué en 1940 par un instituteur remplaçant à l’école à classe unique de Rabot, près de Vouzon (à l’époque on disait Rabot et non Le Rabot pour désigner ce hameau situé le long de la DD 20 entre la Ferté-Saint-Aubin et Lamotte-Beuvron), au point que l’enseignant va visiter ses parents en leur disant que leur fils devrait faire des études. Pour la plus grande chance du jeune garçon, ses parents acceptent et il n’est pas obligé de quitter l’école à quatorze ans, devenant ainsi le premier élève de son école à aller au-delà du certificat d’études. De douze à seize ans, il devient élève du cours complémentaire de la Ferté-saint-Aubin en faisant seize kilomètres par jour à vélo…Il intègre ensuite l’école normale d’Orléans et devient instituteur dans le Loiret.

À la Sorbonne à trente-trois ans
En 1957, Christian Poitou est nommé à Saint-Sigismont, dans le canton de Patay où il assure en plus de son travail d’instituteur la fonction de secrétaire de mairie. Là, il découvre les archives municipales et c’est le début de sa passion pour les recherches historiques. Un beau jour de 1960, il découvre la thèse sur la Sologne de Bernard Edeine et décide de prendre contact avec l’auteur, chercheur au CNRS qui lui conseille de reprendre ses études afin de pouvoir faire de l’histoire à un niveau professionnel. À trente-trois ans, Christian Poitou s’inscrit à la Sorbonne par correspondance puis passe un concours pour devenir professeur d’histoire, ce qui lui permet de passer ensuite l’agrégation. Agrégé d’histoire, il est nommé presseur au lycée de la Source, près d’Orléans. Là, il apprend que la faculté d’Orléans cherche un vacataire en histoire. Seul candidat, il devient chargé de cours, enseignant l’histoire économique et sociale des XVIIe et XVIIIe siècles pendant vingt ans, en plus de ses cours dans le secondaire.

Cofondateur du GRAHS
Après quatorze ans au lycée de la Source, il est nommé à l’école normale d’Orléans. En 1979, il fonde le Groupement de Recherches Archéologiques et Historiques de Sologne avec entre autres le professeur Henri Delétang et le vétérinaire Bernard Heude. Il s’inscrit aussi en thèse mais ne peut aller jusqu’à la soutenance, faute de temps.
Christian Poitou fut membre du conseil d’administration du GRAHS de 1979 à 2020, vice-président pendant une trentaine d’années et président pendant 3 ans. À ce jour, il en reste l’un des plus importants contributeurs, ayant publié dans le bulletin du GRAHS, 70 articles ; le dernier portrait sur « La Sologne dans la production écrite du XVIIe à la fin du XXe siècle ». Christian Poitou a aussi publié une quinzaine d’ouvrages dont une demi douzaine en auto-édition dont Paysans de Sologne ; Paroisses et communes de France Loiret, Loir-et-Cher, Indre et Creuse, (celui sur l’Allier paraît à titre posthume ce mois-ci), la population de la Sologne au XVIIIe siècle, fruit de ses travaux de thèse et l’ouvrage autobiographique Historien de la Sologne, ouvrages faisant partie des références sur l’histoire de la Sologne. Il était passionné par la Sologne rurale, et notamment son village, Vouzon, où il repose aujourd’hui avec sa femme Françoise avec qui il a eu 2 filles. Christian Poitou laisse le souvenir d’un homme soucieux de transmettre sa passion et ses connaissances.
F. M.