Le 17 septembre, le cycle automnal 2020 des conférences présentées par le Groupement de Recherches Archéologiques et Historiques en Sologne au cinéma Le Méliès a débuté par une intervention présentée par Frédéric Auger et Gilles Lepeltier sur « les noces d’autrefois en Sologne ».
Au milieu du XIXe siècle, les Solognots se mariaient tôt et en raison de la mortalité importante de l’époque, se remariaient plusieurs fois après veuvage. Pour trouver un amoureux, les jeunes filles avaient coutume de placer un miroir sous leur oreiller afin de pouvoir contempler le visage de leur futur mari lors d’un rêve. Une salade bien touillée indiquait qu’on était bonne à marier. Si des feuilles tombaient, leur nombre indiquait le nombre d’années qui restait avant de se marier, tout comme le chant du coucou. Si l’on finissait une bouteille alors qu’on était sous une poutre de la maison, on se mariait dans l’année… En Sologne, on parlait de noces et non de mariage et l’on mariait son fils tandis que l’on plaçait sa fille qui devait préserver sa virginité. Les unions étaient souvent arrangées entre les familles et les fiançailles étaient remplacées par les accordailles où les parents se réunissaient pour fixer les modalités de la future union.
Le grand jour
Les noces avaient lieu au village de la mariée, jamais pendant l’Avent, ni le Carême, ni en mai (mois de Marie), ni le vendredi et le samedi. Les mariés étaient à jeun, sinon ils risquaient d’avoir des enfants sourds et muets…La météo était très importante : s’il pleuvait, la mariée pleurera beaucoup ; s’il ventait, elle sera malheureuse.
Il n’y avait de dot chez les paysans et chacun des mariés apportait de quoi s’équiper. La mariée prenait son trousseau (literie) et sa cape d’hiver. Au Moyen-Âge, la robe de mariée était rouge, elle devient blanche au XIXe siècle sous l’influence de l’Église. On va chercher la mariée chez elle ou chez la couturière si elle habite dans un hameau pour se rendre en cortège à la mairie puis à l’église. Précédé de vielleux et de violoneux, le cortège commence par la mariée au bras de son père. Après la famille et les amis, le marié ferme la marche au bras de sa mère. Après le mariage civil qui est une simple formalité, a lieu la cérémonie religieuse. À l’église, les mariés sont placés sous un dais qui les protège des mauvais sorts. Deux cierges représentant les mariés sont allumés. Ils son très observés car si la flamme est droite, la vie du couple sera paisible. Celui dont la flamme s’éteint la première sera le premier à mourir. S’il veut être maître chez lui, le marié doit mettre bien l’alliance à sa femme et il est d’usage pendant la messe de pincer les mariés car celui qui criera le premier sera le plus jaloux. À la sortie de l’église, les mariés ont le droit de se restaurer, étant à jeun depuis le matin. Le cortège où les mariés sont en premier se rend ensuite à la maison des époux. A lieu la cérémonie de la livrée où le bouquet de la mariée est venu aux invités et l’échange des cadeaux où chacun des invités présente le sien en mimant son utilité. Le marié offre à sa femme le treizin 13 pièces d’argent ou de bronze qu’elle devra conserver toute sa vie. Après le repas très copieux car il montre l’aisance des familles, on danse des danses traditionnelles. Lors du branle de la mariée, les invités lui jettent des pièces qu’elle gardera. Les chant sont tout d’abord religieux, puis comiques pour devenir ensuite grivois. Le lendemain, on offre aux mariés à leur réveil le traditionnel pot de chambre, vin chaud avec du pain qu’ils doivent boire. Après, le marié doit casser un pot sur un piquet, le nombre de morceaux indiquant le nombre d’enfants à venir. La mariée conserva toute sa vie sa couronne de fleurs d’oranger dans un globe en verre et le premier dimanche après les noces, elle offrira une quenouille à la paroisse.
Prochaines conférences du GRAHS au Méliès : 15 octobre à 18 h : Un conflit opposant des paysans solognots à leurs seigneurs : l’affaire de Boisgibault à Ardon en 1761. 12 novembre à 18 h, Saint-Viâtre au milieu du XVIIe siècle : une histoire par en bas.
F. M.