Lamotte-Beuvron : Les énergies renouvelables, un atout pour la Sologne ?


La 18e édition des Rencontres intersolognotes organisées par le Comité Central Agricole de Sologne (CCAS) s’est tenue le 13 mai au Parc équestre fédéral, sur le thème « L’engagement de la Sologne pour les énergies renouvelables».

« Cet engagement qui vous est proposé ne peut laisser indifférent car c’est une invitation à apporter son soutien à l’économie locale et à franchir le pas de la transition énergétique par une réindustrialisation verte», reconnaît Dominique Norguet, président du CCAS (Cf. note photo). La filière bois énergie est une régénérescence forestière, donc une énergie renouvelable. La Sologne se prête aussi à l’agri-voltaïque car ses terres sont de faible rendement et connaît une déprise agricole. L’hydro-électricité a vocation à être déployée plus largement car il s’agit de la première des énergies renouvelables, tout en préservant la vitalité économique locale. » Jean-Pierre Piganiol, président du CRPF (Centre régional de la propriété foncière) régions Centre et Île-de-France ,a traité des enjeux de la filière bois énergie. « Il y a une vraie augmentation de la forêt en France, indique-t-il. Le bois représente 65 % de la production de chaleur en France. Il s’agit d’une filière stable, courte et non délocalisable et qui profite aux territoires. Hubert Désiré, directeur général de la coopérative Centre, a préconisé « du bois dans nos chaufferies » car 35 % du département de Loir-et-Cher est occupé par la forêt avec 215 000 hectares de bois dont 90 % sont privés, ce qui laisse davantage de latitude au niveau de leur gestion. Le bois énergie permet de valoriser toutes les essences car leur énergie est identique. Le bois déchiqueté est actuellement l’énergie la moins chère du marché. Stéphanie Mahieu, chargée de mission au pôle national agri-photovoltaïsme, a évoqué les enjeux de ce dispositif qui consiste à mettre en place des modules photovoltaïques sur des parcelles agricoles tout en maintenant l’activité agricole sur ces parcelles. « Le défi est de concilier la production d’énergie avec la production agricole afin de subvenir aux besoins alimentaires de la population qui augmente, précise-t-elle, avec l’avantage d’apporter de l’ombrage aux troupeaux tout en protégeant les cultures contre le gel, la sécheresse et les maladies. L’agri-photovoltaïque convient aussi à la pisciculture. » Cyril Bouhier de l’Écluse, responsable développement de la société Photosol, spécialisée dans l’implantation du photovoltaïque au sol, a expliqué que l’activité agricole devait rester l’activité principale de la parcelle. Clémence Marcueyz, cheffe de projet chez Akuo Energy, a présenté le photovoltaïque en milieu aquatique en prenant l’exemple de la centrale flottante de l’ile des Rats situé sur le lac de Pidene dans le Vaucluse qui permet d’alimenter en électricité 4 373 foyers tout en favorisant la faune et la flore aquatique.

Un développement souhaité
Place ensuite à l’hydro-électricité avec l’intervention de Claire Masade, directrice de la coopérative Force Hydro Centre : « Contrairement à ce que l’on peut croire, l’hydroélectricité ne consomme pas d’eau, celle-ci servant uniquement de force motrice. La région Centre a un potentiel de production de 32 millions de watts d’hydroélectricité au moyen des roues de moulin, vis d’Archimède et turbines. » La matinée s’est conclue par deux points de vue, celui de Christian Levêque, président honoraire de l’Académie d’agriculture « La continuité écologique, pour qui ? Pour quoi » et celui de Christophe Bach, « Natura 2000, quelle implication pour les énergies renouvelables ? » « Pour les ingénieurs et les hygiénistes, les rivières servent à évacuer l’eau, ce qui fait qu’au cours de l’Histoire, on a fait des digues et rectifié le cours de l’eau, analyse Christian Levêque. Naturellement une rivière a des seuils et des cuvettes. Elle n’est pas un tuyau et ne coule pas de façon constante. La gestion des cours d’eau vise à concilier deux objectifs antagonistes, éviter les inondations et les assecs. La diversité des cours d’eau est faite aussi d’espèces qui vivent dans les zones humides et les milieux stagnants. Les retenues jouent un rôle de zones refuges pour la faune et la flore, dont des espèces protégées comme la reinette verte et la mulette perlière. Pour Christophe Bach, « les projets doivent faire l’objet d’une évaluation appropriée de ses incidences sur le territoire. Dans le cadre du projet de centrale solaire à Veilleins, par exemple, la zone humide ne sera pas impactée Il y a un réel intérêt local pour revenir à l’élevage et limiter la colonisation forestière. » En conclusion, Dominique Norguet « appelle le développement de l’énergie renouvelable en Sologne, en citant Jean de La Fontaine : “Ne soyons pas si difficiles les plus accommodants, ce sont les plus habiles. Gardons-nous de rien dédaigner.” Un conseil avisé de la part d’un fabuliste qui fut aussi ingénieur des eaux et forêts…
F.M.