Lamotte-Beuvron : La gestion forestière n’est pas une sinécure…


L’Association Culture et Patrimoine de Lamotte-Beuvron a récemment organisé une conférence présentée par Charles de la Messelière, vice-président de l’association, président du Groupement d’Etudes pour le Développement d’Économie Forestière du Loiret et de la Sologne, administrateur de FiBois Centre-Val-de-Loire sur la gestion forestière et ses difficultés actuelles.
« Je suis tombé dans la gestion forestière quand j’étais petit, sourit Charles de la Messelière, car mon père entretenait des peupliers et je l’ai aidé à partir de l’âge de 14 ans. J’ai ensuite entrepris des études d’agronomie avec pour objectif d’intégrer l’ONF (office nationale des forêts) puis pris une autre voie. Je suis un homme de terrain, je coupe du bois, le récolte et plante des arbres. J’ai des idées sur les aspects économiques de la forêt que je souhaite faire partager. » D’origine bretonne, le conférencier exploite un domaine dans sa région natale mais aussi un autre en Sologne qui lui vient de sa belle-famille. En Sologne, les arbres sont de qualité médiocre, bouleaux, trembles et chênes de mauvaise qualité car les sols sont acides et le sol est très humide en hiver. En Sologne, les chênes sont gélifs, fragiles sous l’action du gel ce qui est un défaut rédhibitoire en menuiserie. Dans son domaine solognot, le conférencier a développé deux activités, en produisant 150 mètres cubes de bois de chauffage et installé dans sa demeure un chauffage utilisant des plaquettes forestières. La mise en coopérative avec d’autres propriétaires forestiers leur a permis d’acquérir les machines pour fabriquer les plaquettes forestières. Il faut savoir que la France est un grand pays forestier avec 31 % de sa superficie en massifs forestiers, ce qui en fait le 4e pays européen par sa surface forestière. La forêt française est insuffisamment exploitée car 40 % de sa superficie n’est pas exploitée. La surface forestière française a doublé en 200 ans, les mauvaises terres agricoles étant replacées par des massifs forestiers, alors que 59 % des Français croient à tort que la forêt française a diminué depuis 50 ans, dont 67 % chez les moins de 35 ans. En région Centre-Val-de-Loire, 24 % du territoire est composé de forêt dont 82 % de forêt privée. Dans notre région, 4 000 entreprises travaillent dans le domaine forestier, employant 20 000 salariés.

Les dommages guettant cette forêt
Afin qu’elle soit régénérée, la forêt doit être exploitée et renouvelée. Il est donc nécessaire de dégager les arbres vieillissant et de laisser de l’espèce pour les jeunes afin de leur permettre de grandir. Le métier de bûcheron très dangereux et difficile connaît une crise de vocations et les exploitants doivent avoir recours à des engins qui ont l’inconvénient de tasser les sols, ce qui ne permet pas d’exploiter la forêt correctement. Les arbres dépendent du climat et du sol, il est impossible de planter n’importe quel arbre n’importe où. La forêt est donc victime de trois dangers principaux : l’introduction de nouveaux parasites qui n’existaient pas en France, introduits par les échanges internationaux, développant de nouvelles maladies sur les arbres de notre pays tel le châtaigner qui est condamné en Sologne ; l’augmentation du gibier, notamment le sanglier et le chevreuil ; le changement climatique qui a fait augmenter la température française de 1, 5 degré entre 1900 et 2019 et l’on prévoit une augmentation de 2 degrés depuis 2003. Ce changement climatique entraîne en Sologne le dépérissement des pins. Douglas, des chênes pédonculés, particulièrement en forêt de Vierzon depuis 2014. Depuis 2019, on constate une disparition des pins sylvestres à cause des pics de température de 40 degrés. Dans les dix ans à venir, une partie de la forêt solognote risque d’être transformée en savane ou de redevenir la lande solognote d’antan. Afin de lutter contre cela, les forestiers tentent d’implanter des espèces venant du bassin méditerranéen, comme le cèdre du Liban ou des chênes de Turquie. Le pin maritime devient une essence de plus en plus plantée en Sologne car elle s’adapte parfaitement aux conditions climatiques actuelles. Une expérimentation va être menée pendant une dizaine d’années afin de voir ce que l’on peut tirer de ces essences. « Trois millions de forêts françaises ont une superficie de plus d’un hectare. Le Groupement d’Études pour le Développement d’Economie Forestière du Loiret et de la Sologne a aussi pour vocation d’aider ceux qui ont des forêts de petite superficie », conclut Charles de la Messelière.

F. M.