Le 21 octobre a eu lieu la troisième et dernière conférence du cycle automnal proposé par le Groupement de Recherches Archéologiques et Historiques de Sologne au cinéma le Méliès.
Gaëlle Mercier, archiviste à Blois depuis dix ans, a évoqué la vie et l’exécution capitale d’Henri Languille qui eut lieu à Orléans le 28 juin 1905, objet de son mémoire de recherche en histoire contemporaine soutenu en 2018 à l’université de Franche-Comté. En effet, cette exécution capitale restera dans les annales car le docteur Beaurieux, médecin chef de l’Hôtel-Dieu d’Orléans obtint l’autorisation de dialoguer avec la tête du supplicié fraîchement « raccourci », afin de voir si celle-ci conserve encore, par des signes de manifestation, une vie consciente durant quelques secondes après la décollation. Né en août 1863 dans un village au sud de Pithiviers, petit dernier d’une fratrie de six enfants dans une famille de viticulteurs propriétaire de ses terres, Henri Languille a mené un parcours de vie sinueux qui le conduisit à l’échafaud. À vingt ans, Languille fit son service militaire qui à l’époque durait cinq ans, au 13e régiment d’infanterie à Bourges, où il causa beaucoup de problèmes, Le conscrit fut alors muté dans un bataillon disciplinaire en Afrique avant de terminer son service dans une compagnie de zouaves à Alger. En 1890, Languille se marie avec une domestique de vingt et un ans, Marie Leroy dont il eut deux enfants. Le mari se montre violent, battant sa femme alors qu’elle est enceinte et en 1892, le divorce est prononcé aux torts d’Henri Languille, considéré comme « paresseux et ivrogne de profession.» Languille s’installe alors à Paris où il est condamné plusieurs fois pour escroquerie, vol dans les églises et coups et blessures. Après avoir commis un vol avec tentative d’assassinat sur une dame de soixante douze ans dans le Loiret, il fit le 13 octobre 1913 ce que l’on appellera le crime de Nibelle, tuant Auguste Legeais, ancien aubergiste de la Boule d’Or, l’étranglant avec un mouchoir pour le voler après lui avoir demandé l’hospitalité pour la nuit. Arrêté en juin 1904 par la Sûreté parisienne, Languille bénéficie d’un non lieu, ayant accusé l’un de ses frères du crime.
“Tas de paysans, adieu Paris!”
Après avoir finalement passé aux aveux, il est condamné à mort en avril 1905 par la Cour d’assises du Loiret après un délibéré de quarante cinq minutes. Après un pourvoi en cassation rejeté, Languille demande sa grâce au président de la République, Émile Loubet. La demande en grâce est rejetée, ce qu’apprend le condamné le jour de son exécution qui eut lieu le 28 juin 1905, place du Mont Bel Air à Orléans au petit matin. Les dernières paroles du condamné sur l’échafaud furent « Tas de paysans, adieu Paris ! » Dès que la tête du condamné tomba dans le panier, le docteur Beaurieux se livra à sa macabre expérience, interpellant cette tête qui par deux fois ouvra les paupières en regardant celui qui lui adressait la parole, montrant que le condamné était encore conscient pendant trente secondes après sa décollation. Cette expérience fut amplement relayée par la presse et donna des arguments aux détracteurs de la guillotine. Elle inspire encore de nos jours des artistes comme un illustrateur canadien qui réalisa en 2014 une bande dessinée et un sculpteur américain qui fit un masque en cuir rouge baptisé Henri Languille.
F.M.