La population croissante des cerfs et sangliers impacte-t-elle les populations d’oiseaux en Sologne ?
Il est généralement considéré que l’augmentation de la population des ongulés (cerf élaphe (cervus elaphus) et sanglier (sus scrofa)) affecte négativement, directement ou indirectement, les populations d’oiseaux des sous-bois dans les forêts tempérées et boréales. Les ongulés, par exemple, peuvent exercer une pression sur les nids et en chasser les oiseaux ou encore ils peuvent réduire la disponibilité des sites de nidification.
Qu’en est-il en Sologne ?
C’est à cette question qu’une équipe constituée de scientifiques de l’IRSTEA (Nogent-sur-Vernisson, 45), de l’INRA (Toulouse) et d’un consultant orléanais (Biotope Centre Bourgogne) s’est attaquée ces dernières années. Les populations d’ongulés, la végétation et les populations d’oiseaux ont été suivies sur 95 sites solognots, situés dans 19 parcelles forestières (9 clôturées, 10 non-clôturées). Les résultats de l’étude montrent que la population d’ongulés, c’est-à-dire les cerfs élaphes du fait de leurs déplacements et les sangliers du fait de leur activité de « fouissage », n’a pas d’impact sur les populations d’oiseaux de sous-bois dans les forêts matures pour lesquelles la canopée est développée et que ces activités n’impactent pas le couvert arbustif. Il semblerait même que la nidification des oiseaux de sous-bois est plus intense lorsque l’activité de fouissage des sangliers l’est de même. Pour conclure, l’impact négatif évoqué en introduction semble uniquement valable pour les forêts jeunes avec un couvert arbustif faible et que la pression des populations d’ongulés sur les populations d’oiseaux décroit avec l’âge de la forêt.
Laurent Catoire (Directeur de Unité de Chimie et Procédés (UCP) de l’ENSTA ParisTech)
IRSTEA : Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l’environnement et l’Agriculture
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique