La Région plaide pour un pacte girondin


Le 18 octobre dernier, les conseillers régionaux étaient réunis en séance plénière, sur fond de discordance avec l’État. Il aura pourtant fallu traiter de questions aussi essentielles que l’accompagnement de la jeunesse, les orientations budgétaires, la politique sportive et les mesures en faveur des éleveurs.
Le président François Bonneau ne tergiverse pas, et rappelle que les collectivités dénoncent dans leur ensemble le désengagement financier du Gouvernement et sa mainmise sur les politiques locales. « Nous réclamons une véritable co-construction des réformes, dit-il, nous voulons être consultés et que le périmètre de nos compétences soit respecté ». Autrement dit, c’est un « pacte girondin » que veulent les collectivités.
On se souvient qu’en juillet 2018, lors de la « conférence des territoires », le Président de la République avait appelé à la conclusion de « pactes girondins », entre les collectivités territoriales (les Régions) et l’Etat. Cet appel faisait évidemment référence à ce qui était déjà en débat en 1791. Les Jacobins d’alors étaient partisans d’un système centralisé, les décisions politiques et administratives étant prises par l’autorité unique de l’État. Les Girondins (députés bordelais), plaidaient eux, pour un gouvernement fédéral, constitué d’entités territoriales fortes.
Partant du principe que la loi NOtre a donné aux collectivités des compétences structurantes, il est désormais de leur ressort de les mettre en application, de façon indépendante en tenant compte des réalités locales, et avec les financements qui vont avec.
Mais tout cela ne se retrouve toujours pas dans la réalité, ce qui donne des cheveux blancs à l’exécutif régional.

Accompagner la jeunesse
François Bonneau avait déclaré 2018 « année de la jeunesse ». Lycées, formation et orientation professionnelle, manuels et transports scolaires… sont de la compétence des régions. Et de fait, c’est une augmentation de 10% du nombre d’apprentis que l’on observe, notamment dans l’industrie et le bâtiment. « Nous avons demandé par une lettre au Gouvernement, qu’une enveloppe de péréquation soit maintenue pour que nous puissions garder ouverts les plus petits CFA ». Courrier sans réponse, et les décisions de l’État ne vont pas dans ce sens. En parallèle, les élus se réjouissent de voir grandir aussi le nombre d’étudiants des filières scientifiques, effet semble-t-il de la signature de la COMUE, Communauté d’universités et établissements, entre Tours et Orléans.

L’élevage sous haute surveillance
Depuis 1976, des territoires identifiés comme ayant une production agricole difficile, bénéficient d’aides financières de l’Etat. Mais selon la nouvelle cartographie dessinée par le Gouvernement en 2018, 477 exploitations de la région Centre sont désormais fragilisées, voire menacées. Le Conseil régional octroie à ces exploitations qui sortent de la ZDS, une aide systématique de 1 500€ pour les inciter à réaliser un audit pour envisager leur avenir.

CHRU en danger
C’est la Cour des Comptes qui le suggère : « Il faut ramener de 30 à 5 le nombre de CHRU, Centres hospitaliers régionaux universitaires en France. François Bonneau a écrit au ministre pour défendre le CHRU de Tours, avant que le Gouvernement ne donne la teneur de son plan santé en décembre. « J’ai par ailleurs demandé que notre région se voit attribuer 50 des 400 médecins salariés de remplacement qui seront mis à disposition par l’Etat.
Stéphane de Laage


L’AFPA menacée
Alors qu’ils étaient en session plénière, les conseillers régionaux du Centre-Val de Loire ont appris que cinq centres de formation AFPA sont nommément menacés de fermeture : Issoudun, Châteauroux, Blois, Montargis, Veigné. « Cette décision brutale, prise sans concertation avec la Région et les élus locaux, est une aberration totale pour les demandeurs d’emploi, les entreprises et les territoires de notre région », s’indigne l’exécutif régional.
En Centre-Val de Loire, l’AFPA est le premier opérateur régional de formation avec une commande publique de près de 2 000 places par an pour un montant de 14 M€. Elle participe jusqu’à aujourd’hui au maillage de notre territoire pour que chacun puisse se former près de chez lui en lien avec des emplois identifiés.
Remettre en cause l’existence de 5 sites en Centre-Val de Loire, c’est casser notre offre régionale de formation. C’est un coup dur et violent porté à l’emploi alors que nous nous sommes engagés dès cette année, dans le Plan Investissement Compétences où l’AFPA a toute sa place.
François Bonneau demande un moratoire immédiat sur la fermeture des centres d’Issoudun, Châteauroux, Blois, Montargis, Veigné et l’ouverture d’une concertation avec la Région et les élus locaux.
S. de Laage