L’Apec, Agence pour l’emploi des cadres, le révèle dans l’étude qu’elle vient de mener en partenariat avec Devup, l’agence de développement économique de la Région, « le Centre-Val de Loire recherche des cadres pour ses entreprises ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, notre région est en pointe dans de nombreux domaines, notamment celui de l’industrie, 19% du PIB est produit par elle quand le taux national est de 14%. Pharmacologie, biotechnologies et cosmétique se taillent la part du lion, mais les industries aéronautiques et agro-alimentaires ne sont pas en reste.
Pour elles, les cadres sont indispensables, notamment pour la recherche et l’industrialisation. Jusque récemment, la région Centre Val de Loire était peu dotée en formation d’ingénieurs. Polytech Orléans et les INSA de Bourges et Blois, pour brillantes qu’elles soient, ne suffisaient pas à pourvoir les besoins immédiats. L’ouverture dans les prochains mois, d’écoles nationales (ISC Business school, ESTP et AgroParisTech) à Orléans et Tours, ouvre de nouvelles perspectives.
2019 très prometteuse
En France en 2018, 266 400 cadres ont été embauchés, 2019 devrait garder cette dynamique, avec même une progression de 2 à 10%. Mais près d’un cadre sur deux est embauché en Ile de France, la région Centre-Val de Loire représente, elle 3% de ces emplois. « Or vous avez en région un dynamisme particulier, observe Patrick Caré, le président national de l’Apec. Le marché cadre s’y porte bien ».
Les secteurs porteurs restent l’informatique, la R&D et le conseil avec 48% des embauches de cadres, devant la distribution et le commerce.
Les entreprises cherchent des jeunes de moins de cinq ans d’expérience (plus jeunes donc moins chers mais surtout malléables).
Étonnement, « le recrutement de cadres est peu sensible aux soubresauts conjoncturels locaux, poursuit Patrick Caré. La dynamique repose sur la mondialisation, la transition énergétique, l’expérience client… On a besoin d’ingénieurs et de collaborateurs à forte expertise technique, des chefs de projets et des managers ».
Centre-Val de Loire, pourquoi pas ?
La Région Centre a embauché plus de 6 000 cadres en 2018, « c’est 21% de plus que l’année précédente, se réjouit Antony Fumar, délégué régional de l’Apec. Mais l’étude révèle aussi que les managers ont massivement eu recours à la promotion interne. 2 870 promotions de non cadres au statut de cadre, cela montre que les entreprises offrent des opportunités ». Deux raisons à cela, la confiance en les forces vives internes bien-sûr, mais aussi le déficit de cadres disponibles sur le marché. Et c’est là que le bât blesse. La région Centre Val de Loire ne forme pas suffisamment d’ingénieurs. Elle doit donc aller les chercher chez ses voisins et se tourne naturellement vers l’Ile-de-France.
620 cadres franciliens ont répondu au questionnaire qui leur a été envoyé. Même s’ils sont en poste, cela ne les empêche pas de mener la réflexion sur leur mobilité. « Beaucoup veulent quitter Paris », observe Antony Fumard. Et mieux encore, 8% d’entre eux citent la Région Centre comme destination potentielle en premier choix spontané, 61% seraient séduits à certaines conditions. Restent 16% qui veulent bouger mais pas en région Centre-Val de Loire.
L’étude précise encore que 48% de ces « mobiles potentiels » sont prêts à baisser leur salaire pour venir en région Centre-Val de Loire (48 000€ moyenne annuelle en RC), et 67% prêts à accepter un poste à moindre responsabilité.
Les raisons sont clairement identifiées et pas nouvelles : le cadre de vie, la possibilité d’emploi pour moi et mon conjoint, les facilités de transport et les bouchons… 75% des répondants ajoutent la proximité de l’Ile-de-France, le cout de la vie, et l’identité culturelle. « Néanmoins, précise Antony Fumard, pour déclencher une mobilité, un salaire plus élevé faciliterait les choses, de même que des horaires aménagés, et l’accès au logement… » !
« Nous vous attendions » !
L’Apec propose donc cinq leviers pour recruter plus et mieux.
« Communiquer sur Internet à propos de la mission proposée, suggère Antony Fumard. Mais aussi sur le cadre de travail et sur l’écosystème de l’entreprise. Les candidats ont besoin d’entendre l’histoire de l’entreprise, et percevoir l’intérêt de la mission ».
Et le délégué régional d’ajouter qu’il faut miser sur des processus de recrutement court, autrement dit ne pas trainer, faire vite, montrer à un candidat qu’il est attendu.
La région Centre, quant à elle, doit convaincre les recruteurs qu’elle est attractive. François Bonneau son président l’a compris depuis longtemps : « l’image de notre territoire doit être positive, dit-il. Reste à projeter les atouts qui nous sont reconnus : région d’innovation, d’avenir et engagée dans la digitalisation (Lab’o, Mam, Agreentech Valley) ».
« Ajoutons que les cadres sont facilement transférables d’une industrie à une autre précise Antony Fumard. Reste donc à évoquer le développent, les compétences, les initiatives… et ça fonctionne. Alors ne dites surtout pas : « on a du mal à recruter ». Et Claude Paris de conclure : « Les chefs d’entreprises sont les premiers à pouvoir faire la promo de leur territoire, mais cette grande armée a un défi d’embauche et de communication, celui d’attirer les cadres franciliens ».
À NOTER ▶
50% des cadres qui sollicitent l’Apec sont en poste et ont donc une réflexion d’avenir.
APEC.fr, propose 60000 offres quotidiennes, 1,8 millions de vues par mois, en concurrence directe avec LinkedIn. Mais le seul réseau à la fois digital et présentiel sur le territoire, pour accompagner les cadres et les entreprises dans leur réflexion.
L’Apec, c’est 47 centres en France et 500 consultants.
Stéphane de Laage
2 conférences sont prévues : 12 mars à Orléans et 14 mars à Tours, l’Apec partagera ses chiffres avec les chefs d’entreprises.