Face à la connerie, on ne peut pas faire grand-chose. Les exemples en la matière sont comme une noria : sans fin. Une certitude cependant, il faut demander dès maintenant aux éventuels chercheurs de stopper toute tentative d’éradication du phénomène. Il n’existe pas de médicament et il n’en existera certainement jamais aucun. Certains pourraient avoir la tentation de vouloir prouver que ce principe est erroné mais la réalité du terrain est un juge de paix immuable et sans concession. Même si lutter contre toutes les formes de discriminations est dans l’air du temps, lutter contre la bêtise humaine entre cependant dans le domaine de l’impossibilité.
La société se veut plus juste et plus partagée. Rien d’anormal, bien au contraire. Et parfois des actions simples vont dans le bon sens. Ainsi, un laboratoire a effectué des changements sur le packaging de ses préservatifs. Depuis plusieurs mois, les boîtes ont été modifiées et possèdent des inscriptions en braille sur le côté afin de « faciliter l’achat de contraceptifs pour les personnes déficientes visuelles et rétablir une équité de traitement entre elles et les valides ». S’il n’est pas évident de faire ses achats lorsqu’on ne peut pas lire les étiquettes, d’autres demandes sont parfois totalement excentriques, voire proche de la débilité.
Exemple type par excellence, un Étatsunien basique, genre électeur de Donald Trump, mais sourd, vient en effet de porter plainte contre des sites pornographiques gratuits. Dans une requête de 23 pages – preuve qu’il sait écrire – il affirme ne pas pouvoir profiter pleinement des contenus en raison de son handicap. Il semble que, seulement instruit dans la langue moderne des signes, il s’avère malheureusement incapable de lire sur les lèvres.* On ne précise pas ici lesquelles. Il estime ainsi entrer pleinement dans le champ d’une loi américaine de 1990 qui protège les personnes handicapées contre toutes formes de discriminations. D’après une étude mi-figue, mi-abricot, rares sont les spectateurs de ce type de contenus à rester les bras ballants. La visualisation de ce type de films s’accompagne généralement d’une forte amélioration de la souplesse du poignet associée à une consommation exagérée de kleenex. Comme il n’est pas précisé si l’individu cumule surdité et autre handicap, s’il s’avérait manchot par exemple, on peut comprendre que les portes-jarretelles de Clara Morgane, et surtout les bâts, blessent.
Pour une raison nullement prouvée scientifiquement, la masturbation est accusée de nombreux maux, dont le caractère restrictif d’un de nos sens, l’ouïe en France, la vue chez les Anglo-saxons – à chacun sa punition pour ce pêché quasi mortel – associé à une altération de l’intellect. Selon notre conception, dans notre cas, la surdité précédant l’acte, ou les actes, on ne peut que constater la véracité de la deuxième partie de l’affirmation populaire. On devient bel et bien idiot, si ce n’est pas le cas avant ! À moins que notre quidam ne soit vraiment un cinéphile averti. Sa demande serait alors due à un manque de compréhension des scénarios présentés sur ces sites dédiés aux belles choses de la nature humaine.
«Ho, ooo ! Hum, mmm ! Ha, oui, encore … »* on voit bien là l’apport pour le bon déroulement de l’action, non ? À moins qu’un petit malin ne se serve de Ronsard pour égailler de rimes les images des films Dorcel. « Mignonne, allons voir si la rose … », en bas de l’écran où se déroule des parties de boules, ça aurait vraiment de la gueule !
*Après une tentative en France au début des années 2010, sur deux films du genre, le principe du sous-titrage a été abandonné. Selon bon nombre de personnes malentendantes « s’il y avait bien un programme pour lequel les sous-titres étaient inutiles, c’était bien les films pornographiques. »