La grande loterie des départementales


Nouvelles dénominations, cantons aux limites parfois incompréhensibles, compétences floues, candidats moins proche des citoyens. Les électeurs appelés aux urnes les 22 et 23 mars risquent de se défouler, ou de rester chez eux.
Selon un sondage récent 86 % des électeurs ne savent pas dans quel canton ils résident. Ce qui était autrefois l’apanage des citadins s’étend désormais aux campagnes avec des découpages… étonnants. Difficile pour l’électeur de Saint-Maur qui a raté les épisodes précédents, de comprendre qu’il vote pour les mêmes candidats que son cousin de Châtillon ! Ca ne vous rappelle rien ? Si tout à fait, les élections européennes qui font les délices de l’extrême droite. Une extrême droite qui présente cette fois des candidats dans les 13 cantons de l’Indre, ce que n’ont pas réussi à faire les socialistes, pas plus que l’alliance entre le Front de Gauche et les Verts. Avec 240 candidats et suppléants soit un peu plus de quatre listes par cantons, le choix des électeurs est réduit, par rapport, aux précédentes élections cantonales. Compte tenu de la participation, inférieure à 50 % d’après les enquêtes d’opinion, la multiplication des listes, à droite comme à gauche paraît déjà suicidaire. On risque bien de se retrouver au second tours avec une succession de duels mettant face à face deux rescapés, qui n’auront pas forcément réuni 25 % des inscrits. Parmi ces candidats combien y aura-t-il de représentants du FN, parfaitement inconnus dans la plupart des cas, mais qui ont choisi le créneau porteur : celui qui dissimule la xénophobie, qui reste son fond de commerce, derrière les oripeaux de l’anticapitalisme ?
Dans les cantons du Blanc, de Châteauroux 2 et 3, de Saint-Gaultier et de Valençay, la droite républicaine risque de se trouver en difficulté en présentant deux listes. Le cas du Blanc est encore plus risqué puisque les deux listes se réclament de la majorité départementale !
Les électeurs de Belâbre, qui n’avaient trouvé qu’un seul bulletin avant d’entrer dans l’isoloir lors des dernières cantonales, vont prendre immédiatement conscience du redécoupage puisque c’est le canton de Saint-Gaultier qui accumule le maximum de listes : sept. Carole Bodin et Philippe Courlay auront la lourde tâche de garder au PS, le siège de J-L Simoulin qui est cette fois remplaçant, face à Gérard Mayaud, même si le maire de Chaillac avait été chahuté lors des dernières cantonales.
Si le PS reçoit la râclée annoncée il devrait néanmoins conserver Issoudun, Ardentes grâce à la personnalité de Jean Petitprêtre et Le Blanc. On suivra avec intérêt les cantons de Levroux et Valençay où les valeurs de gauche sont portées par les seuls candidats d‘ Alternative Citoyenne (Europe Ecologie les Verts et Front de Gauche)
On ne devrait voter qu’une seule fois dans les cantons de La Châtre, Neuvy-Saint-Sépulcre et Buzancais, à condition que les candidats sortants : Serge Descout, Louis Pinton, Regis Blanchet et leurs alter ego Michèle Selleron, Marie-France Lafarcinade et Frederique Meriaudeau obtiennent non seulement la majorité des suffrages exprimés, mais aussi le quart des inscrits (par exemple dans le cas ou vous avez 1000 suffrages exprimés par rapport à 2300 inscrits, obtenir 501 voix ne suffit pas, il en faut au moins 575 voix)
Le FN rêve d’être en capacité de se maintenir au second tour, ce n’est pas complètement inenvisageable, même si le vote frontiste est inférieur dans l’Indre à la moyenne nationale. Ce sera vraisemblablement le cas de son leader, Matthieu Colombier, dans Châteauroux 3, face à la dispersion des voix de ses adversaires. Le FN peut arriver deuxième à Valençay et à Levroux et éliminer la gauche du second tour. De là a envisager l’entrée d’un duo FN dans l’assemblée départemenale… tout dépendra encore une fois de la mobilisation des électeurs.
Pierre Belsoeur