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La formation dans les écoles militaires de Bourges : pôle d’excellence

Loin, très loin des clichés d’une armée repliée sur elle-même, voire cloisonnée et fermée, les écoles militaires de Bourges (EMB) offrent un tout autre aspect de la vie citoyenne et sont des moteurs qualité pour le département.

Placée sous l’autorité d’un officier général, les écoles militaires de Bourges comprennent deux organismes de formation : l’école du train et de la logistique opérationnelle et l’école du matériel. Ces deux entités sont appuyées par un chef de la formation administrative pour tout ce qui concerne les activités de soutien de la formation dans les domaines de la gestion des stagiaires, de la planification des activités et des moyens. Les écoles militaires de Bourges accueillent des stagiaires des trois armées (Terre, Air, Mer), de la gendarmerie ainsi que des stagiaires étrangers dans le cadre des plans de coopération. Également soucieuses de contribuer à l’indispensable lien armée-nation, les écoles militaires de Bourges prennent une part active à diverses rencontres avec le milieu civil. Ainsi organisées, elles entendent s’affirmer comme le pôle excellence de la logistique du milieu terrestre.

Le Petit Berrichon a rencontré le Général Baldi commandant l’Ecole du Matériel qui, avec une délicate et passionnante intention, nous a fait visiter (au pas de charge) différentes structures de formation et expliquer la vie au quotidien dans ce qui est un haut lieu de la formation sur le territoire.

Le Petit Berrichon : Cette Ecole du Matériel, pilier des Ecoles Militaires de Bourges Général Baldi, vous qui en êtes  le commandant, comment  la décrivez-vous aujourd’hui ?

Général Baldi : « Vous allez découvrir nos différents lieux de formation, nos méthodes d’apprentissage, les moyens mis à disposition de nos stagiaires. Vous êtes les premiers à visiter nos nouveaux bâtiments (Ils ont ensuite été inaugu-rés le 5 juin), qui abriteront la formation du nouveau matériel de l’armée de terre Scorpion. Ces bâtiments seront le premier site de formation sur le territoire pour la nouvelle gamme de matériel dont s’équipe l’armée de terre, des systèmes de combat quatrième génération. Le Berry sera ainsi valorisé car ce site abritera des formations de haute technologie avec bien évidemment le traitement numérique de l’information (Info-valorisation). Les nouveaux véhicules de cette gamme Scorpion seront dotés de tous les dispositifs informatiques modernes et le personnel qui assurera la maintenance devra être encore plus compétent sur toutes ces nouvelles technologies. Les bâtiments seront paramétrables, c’est à dire qu’il n’y aura plus besoin de restructurer un lieu pour recevoir tel ou tel véhicule et ça, c’est une énorme nouveauté ».

L.P.B. : Actuellement vous formez officiers, sous-officiers, soldats sur des matériels qui sont déjà bien avancés au niveau technologie, par exemple le char Leclerc ?

Général Baldi : « Vous êtes dans le hall Leclerc, c’est ici que nous les formons, chacun étant formé évidemment dans l’exercice de ses responsabilités. Cette formation sur le char Leclerc est très spécifique car vous avez devant vous le char de combat principal de l’armée française, un des fleurons de l’armée de terre et actuellement, l’un des meilleurs chars au combat du monde. Nos stagiaires travaillent sur du matériel identique à celui qu’ils trouveront en opération, puisque ce char peut partir dès demain matin en opération et on en recevrait un autre pour la formation. Nous formons des mécaniciens à haute technicité. On leur apprend à décrypter le schéma, à conduire des raisonnements de dépannage. Notre objectif est que le formé maitrise parfaitement ce qu’il va faire pour ensuite, le restituer. Il faut qu’il soit capable de recréer du bout des doigts ce qu’il ne voit pas ; en glissant par exemple sa main dans des endroits très difficiles à voir. Ce sont ses doigts qui remplacent ses yeux ; c’est l’image qu’on donne au stagiaire afin qu’il retrouve une sécurité de gestes et une aisance professionnelle pour réparer. La plupart des officiers sont de niveau ingénieur, les sous-officiers ont un niveau de technicien supérieur. Tous sont formés pour qu’en opération, ils soient autonomes et capables de réparer. Les mécaniciens sont souvent appelés les « serviteurs de la nuit » car lorsque leurs camarades rentrent du combat le soir, il faut que le véhicule soit prêt pour une nouvelle phase de combat le lendemain ». Nous passons ensuite devant ce mastodonte de 800 chevaux qu’est le dépanneur Leclerc, capable de sortir n’importe quel autre char avec un treuil pouvant tirer 60 tonnes, une grue capable de lever 20 tonnes, un véritable bijou de force et de technologie.

L.P.B. : Vous êtes bien évidemment entré dans l’ère du numérique ?

Général Baldi : « Bien évidemment et encore plus désormais avec les nouveaux matériels. La simulation chez nous représente 20 à 40% en fonction de la spécialité de la formation. Cela permet de répéter en fonction de chaque stagiaire les opérations jusqu’à ce qu’il les maitrise parfaitement. C’est une démarche de personnalisation de la formation, ce que permet le simulateur. Il a un coût certes à l’acquisition mais il permet de décupler la formation sans consommer le potentiel des engins. Avant de passer sur le réel, on s’assure de la parfaite maîtrise des gestes. On réalise tout ce qu’attend un responsable de la maintenance c’est-à-dire que celui qui répare, n’endommage pas plus que ce qui existe déjà. Au cours de cette année, nous aurons la « réalité » virtuelle et augmentée dans nos formations. Nous mettons en place les premières lunettes 3D afin d’aller plus loin dans la simulation en mettant en œuvre l’immersion. Notre atelier est la pépite de l’Ecole là où on combine la grosse mécanique et les techniques informatiques les plus modernes. Le simulateur est proche du matériel,  ce qui nous permet de revenir tant que le stagiaire n’a pas maitrisé à 100% les gestes. Nous sommes désormais dans l’individualisation qui nous permet de combattre l’échec qui est vraiment notre culture de formation ».

Moment extrêmement fort que cette visite guidée, pédagogique et enrichissante, que le Général Baldi a eu la gentillesse de nous accorder en nous faisant mieux connaître son école, ses méthodes et l’image qu’il veut donner de ce site militaire, mais bien ancré dans la vie de la cité. La formation en est un moyen important pour viser l’excellence.

Jacques Feuillet