C’est dans le cadre de France Relance que les laboratoires Chaix et Du Marais (CDM Lavoisier) ont reçu le 8 avril la visite de la ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher. Ladite entreprise est en effet soutenue par l’État dans l’objectif d’augmenter ses capacités de production de médicaments. Une nouvelle bienvenue dans un contexte sanitaire français demeurant emmuré.
En Loir-et-Cher, le traditionnel ballet des ministres s’est amoindri, virus oblige. Le rythme reprend un peu avec actuellement, un mois, un(e) ministre. Ainsi, en mars, il fut question d’enseignement supérieur avec Frédérique Vidal à Blois et Vineuil. En avril, fut venu le temps de l’industrie avec Agnès Pannier-Runacher à La Chaussée-Saint-Victor. Le point commun de ces deux déplacements officiels ? La santé. Et autant d’opérations de communications, faisant fi des dix kilomètres imposés au citoyen lambda, en période de pandémie qui s’éternise, sans production vaccinale française dans l’immédiat. Ne soyons pas négatifs car cela fait partie du job de représentation et il faut bien que l’État batte le terrain (sur une seule et unique thématique donc en ce moment, vaccin, vacciner, vaccination…) pour faire taire les langues fourchues et dubitatives face à l’action d’en haut. Et l’État n’est pas que “mauvais” : exemple concret associé, les laboratoires Chaix et Du Marais (CDM Lavoisier), sis sur la ZI des Gailletrous. La PME blaisoise indépendante, spécialisée depuis 1888 dans la fabrication de médicaments injectables en ampoules et flacons (ainsi que d’autres dispositifs médicaux, tous destinés aux officines, hôpitaux, grossistes, cliniques, répartiteurs. Au total, 35 autorisations de médicaments et mises sur marché), s’est mobilisée dès le premier confinement 2020 dans la lutte contre la Covid-19 (fourniture de chlorure de sodium, de solvants pour reconstituer les vaccins (Pfizer notamment), ou encore des solutions d’eau pour l’humidification des systèmes respiratoires hospitaliers). L’entreprise de 125 salariés ne mollit pas depuis un an et souhaite ainsi augmenter ses capacités de production de 20 millions d’unités par an et de stockage de médicaments injectables « essentiels » de 50 %, pour en sécuriser l’approvisionnement sur le plan national. Pour parvenir à cet objectif, elle a candidaté à un appel de manifestation d’intérêts (AMI) initié par le Ministère de l’économie, dans le cadre du plan France Relance. Et bingo ! La mayonnaise a pris, avec un soutien étatique dans l’escarcelle chiffré à 1,591 M€ pour les travaux envisagés sur 2021-2023 par CDM Lavoisier d’un montant total de 7,70 M€. Trois lignes de production existent déjà in situ; cinq nouvelles sont dans les cartons à terme et une dizaine d’emplois supplémentaires devrait de fait être générée. D’autres travaux sont même prévus d’ici 2025. « Cette enveloppe est non négligeable,” a commenté Philippe Truelle, PDG des laboratoires. “Cela fait des années que nous travaillons sur ce dossier. Nous étions à l’étroit, et depuis un an avec le virus, la demande de nos produits est forte. L’idée est que nous gagnions en autonomie sanitaire. Les vaccins vont arriver et en fonction, nous serons présents avec entre autres, une nouvelle ligne de remplissage d’ampoules parée à l’horizon fin 2022. Et cette somme de l’État est un facilitateur. Sans cet apport, nous aurions fractionné davantage les phases.”
Un secteur qui recrute, qu’on se le dise
Le 8 avril, la ministre Agnès Pannier-Runacher a confirmé “un rattrapage et un réinvestissement pour la première fois sur le secteur santé, alors que les autres Gouvernements l’ont délaissé. Ces trois dernières années, nous sommes passés de la première à la quatrième place en termes de productions en la matière”, saluant l’engagement de Lavoisier et précisant au passage que le laboratoire chausséen Chiesi est également épaulé à hauteur de 1,6 M€. En aparté, elle a déclaré en outre suivre la situation de Daher, en quête de repreneur à Montrichard, tout en étant “moins confiante” pour Borg & Warner (Delphi) en plan de sauvegarde pour l’emploi à Blois. Pour revenir à nos sains moutons, vous l’aurez compris, CDM Lavoisier participe, parmi d’aucuns, à l’effort “de guerre” national. Sans fabriquer de vaccins, ni être milliardaire comme le M. Moderna. Néanmoins, boutade mise à part, la richesse de cette société se niche ailleurs. “Nos métiers sont assez techniques, notre savoir-faire est notre force; nos produits faits pour soigner et non pour nous enrichir de millions, » a directement réagi le PDG Truelle, en lançant un appel. “Nous sommes victimes de l’industrie bashing, d’une image négative, d’idées reçues. Pour moi, cette profession est un rêve d’enfant. Or, cela ne fait pas rêver la jeune génération. Alors, nous recrutons de plus en plus sur le savoir-être et choisissons de former ensuite. Ce qui est dommage car on pourrait aller plus vite, surtout lorsque l’on traverse une telle crise. Nos métiers sont enrichissants, que cela se répète !”
É. Rencien