Six dépôts de bilan. Le septième a été évité grâce à la pugnacité des salariés, les Duralexien(ne)s, pour sauver leur entreprise et leurs emplois, mais aussi et surtout, tout un savoir-faire. Le verre réputé inclassable tient ainsi sa promesse et repart pour un tour.
Un peu comme dans la célèbre fable de La Fontaine, la verrerie Duralex (pour la petite histoire, du latin “Dura lex, sed lex”, soit « la loi est dure mais c’est la loi ») a déjà plié mais ne rompt jamais. Après des inquiétudes, des propriétaires divers et moult faillites, l’entreprise de La Chapelle St-Mesmin, 79 printemps, placée en redressement judiciaire en avril 2024, connaît une nouvelle jeunesse grâce à 226 salariés qui ont choisi de s’engager pour ne pas interrompre une telle longévité industrielle en se regroupant en SCOP (Société coopérative de production; SAS sur un mode de pouvoir démocratique et participatif, où les salariés sont les associés majoritaires). Un soutien provenant de financements publics et privés a également permis de définitivement convaincre le tribunal, et de sauver cette référence des arts de la table, ce souvenir d’enfance amusant à l’heure de la cantine où chacun(e) vérifiait son âge grâce au chiffre (du moule de fabrication, et non humain) inscrit au fond du verre. La région Centre-Val de Loire (une avance à remboursement différé d’1 M€), la métropole d’Orléans (qui va acheter 14 ha de terrains du site, abondant de facto l’aventure de cinq à six millions d’euros), la préfecture-l’Etat (avec le concours très actif de la préfète du Loiret, Sophie Brocas et de Valérie Barthe, maire de La Chapelle), et la BPI (Banque publique d’investissement), la Caisse d’Epargne, le Crédit Agricole, France Active (mouvement associatif de soutien aux entreprises et associations de l’économie sociale et solidaire) et la Socoden (Société de financement dédiée à la création de nouvelles coopératives et à leur développement), ont notamment contribué à garnir ce moule d’une assise financière indispensable. La marque Le Slip Français, spécialiste du digital et de l’e-commerce, a apporté la cerise sur la couture en volant immédiatement au secours de Duralex qu’ “il était impossible de laisser mourir,” dixit la directrice générale qui en a dans la culotte, Léa Marie, qui avait rapidement réalisé un post d’appui sur le réseau social professionnel Linkedin.
Des packs inédits pour choisir de consommer français
“Ce sont les premiers qui m’ont appelé!” a confié le directeur général et associé, François Marciano, lors d’une visite presse le 2 septembre. Comme cela se pratique beaucoup dans l’univers de la mode, une collaboration, imaginée pour la rentrée scolaire ce mois de septembre, est par conséquent née entre ces deux sociétés. Un slip et Durex, oui, peut-être, commenteront les plus grivois pour rigoler, mais des sous-vêtements et des verres ? Quel rapport ? L’association n’est pas forcément évidente sur le papier et pourtant, l’explication tombe sous le sens. Le duo possède un point et fer de lance communs, à savoir le made in France. Restent encore à recruter et à repositionner Duralex dans les étals, qu’ils soient physiques ou numériques, et justement, pour accompagner la Scop loirétaine et consommer français, le grand public peut donc acquérir l’un des deux packs inédits (ou bien les deux, pourquoi choisir) spécialement créés et baptisés “Allons enfants de la cantine”. Il y a le choix entre 6 verres iconiques “Gigogne” (35 euros; neutres ou décorés en édition limitée comme l’étiquette d’un slip) et/ou 3 boxers (90 €, brodés du logo rond de verre français) en grandes et moyennes surfaces, sur les sites internet du Slip Français et de Duralex., (https://www.leslipfrancais.fr/collections/le-slip-francais-x-duralex et https://www.duralex.com/). Chaque achat permet de reverser 6 euros à la SCOP. Il serait donc vain de se priver de se faire plaisir et de trinquer à cette santé retrouvée ! Ou encore, carrément, selon l’entrepreneur Guillaume Gibault, fondateur du Slip Français : “si vous voulez changer le monde, commencez par changer de slip”. C’est littéralement le moment !
É. Rencien