A la demande de La Nouvelle République, le premier point évoqué lors du déjeuner a été la situation des syndicats CGT, CFDT et FO à Châteauroux qui, depuis la mi-janvier, ne sont plus autorisés à occuper les bâtiments communaux, en raison du non-paiement des loyers et des charges. « C’est un sujet compliqué » a déclaré le Préfet de l’Indre, « car il y a d’un côté le libre exercice du droit syndical, et de l’autre, la liberté administrative des collectivités locales. Le premier de mes devoirs, quant à moi, c’est le maintien de l’ordre public. Je crois toutefois que les conditions ne sont pas réunies « ici et maintenant » pour accorder le concours de la force publique au Sénateur-Maire de Châteauroux, et je suis plutôt favorable à la mise en place d’un moratoire de 18 mois pour attendre soit la conciliation au plan local, en demandant à chacun de faire un pas vers l’autre, soit la décision de la Cour de Cassation, soit une décision nationale ». Le Préfet a terminé sur ce point en insistant sur la nécessité, pour les syndicats, de « trouver de l’argent », ajoutant qu’ « il serait bien que la C.A.C., le Conseil Général de l’Indre et la Région Centre, ensemble ou séparément, accordent une subvention ».
Deuxième sujet local abordé lors de ce déjeuner-presse, la situation des 14 Roumains (dont 4 enfants) qui vivent depuis plusieurs mois dans l’ancienne clinique Montaigne à Châteauroux, fermée à la fin des années 90 puis laissée à l’abandon par ses propriétaires successifs. Le Préfet, qui a qualifié cette situation d’ « inacceptable », a demandé des informations complémentaires pour connaître le statut précis de chacun des occupants de l’ancienne clinique et pour agir dans le cadre légal. Jérôme Gutton a par ailleurs évoqué la possibilité d’ouvrir à Châteauroux un abri de nuit, de 4 places maximum, pour compléter les dispositifs existants et pour « éviter de perturber les services d’urgence en cas de besoins liés à l’hébergement ». La relation SAMU / Pompiers a ici été évoquée, le Préfet de l’Indre souhaitant réanimer un comité de suivi afin de mieux prévenir les dysfonctionnements liés à l’interprétation de la convention entre SAMU et Pompiers, signée en décembre 2011 et relative aux missions de chacun, à l’organisation du secours aux personnes et aux soins d’urgence.
Sur le plan local, un dernier point a concerné le projet d’implantation d’un centre de tri de déchets militaires contenant des radionucléides à Neuvy-Pailloux : « le dossier n’a pas été relancé, mais personnellement, je trouve qu’il faut absolument que l’on conserve nos installations militaires » a déclaré Jérôme Gutton.
Des sujets plus larges ont ensuite été abordés, avec pour commencer, à la demande du Petit Berrichon, la politique de l’Etat en matière de lutte contre le chômage et ses premiers résultats dans le département de l’Indre. Le Préfet a tout d’abord rappelé les chiffres du chômage dans l’Indre en janvier 2013, en indiquant que « les jeunes et les seniors sont les plus concernés par la tendance à la hausse du nombre de demandeurs d’emploi ».
Les chiffres de février 2013 vont également dans ce sens : 1897 demandeurs d’emploi de catégorie A de moins de 25 ans inscrits par Pôle Emploi, soit une hausse annuelle de 13,4 % (+ 224), et 2401 demandeurs d’emploi de catégorie A de 50 ans et plus, soit une hausse annuelle de 16,7 % (+ 344). Les 25-49 ans sont moins touchés par la tendance, avec un taux d’augmentation de 6,3 % entre février 2012 (5071 demandeurs d’emploi) et février 2013 (5390 demandeurs d’emploi). Au total, ce sont 9688 demandeurs d’emploi de catégorie A inscrits par Pôle Emploi dans le département de l’Indre en février 2013, soit une hausse annuelle de 10,1%. Jérôme Gutton est ensuite revenu sur « la boite à outils dont l’Etat dispose pour contrer cette évolution, avec, comme 1er outil, le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, un ensemble de 35 mesures, dont la mesure phare est le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE), qui permet de donner un peu d’air aux entreprises, car leur principal problème aujourd’hui, c’est la trésorerie ». Parmi les autres outils, l’accord sur la sécurisation de l’emploi « outil qui devrait être une avancée décisive » a souligné le Préfet, et le Contrat Emploi d’Avenir : au 25 mars 2013, 116 contrats Emplois d’Avenir dont 8 Emplois d’Avenir Professeur ont été signés dans l’Indre, l’objectif étant de signer 420 contrats de ce type dans le département d’ici décembre 2013. 4ème outil, le contrat de génération, entré en vigueur le 18 mars dernier, et qui doit « permettre d’embaucher un jeune et de maintenir un senior. Un outil qui, je pense, correspond parfaitement aux demandes des entreprises » a déclaré Jérôme Gutton, avant d’évoquer le Service Civique, « outil certes différent, mais qui permet à un jeune, notamment à un jeune diplômé, d’accroître de manière significative ses chances d’accéder à l’emploi ».
Autres points abordés : la sécurité routière, avec un nombre d’accidents sur les routes de l’Indre certes toujours trop élevé, mais en nette baisse sur les 10 dernières années (entre 2002 et 2012, le nombre d’accidents a diminué de 22 % ; le nombre de blessés de 25 % et le nombre de tués de 66 %, passant de 50 personnes tuées en 2002 à 17 personnes tuées en 2012) ; l’intercommunalité : « c’est un sujet qui me tient à cœur, le nouveau schéma avance à petits pas, mais il avance » a déclaré le Préfet, avant de passer au dernier sujet : l’évolution du nombre de sous-préfectures dans le département de l’Indre. Jérôme Gutton a alors indiqué que le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls avait engagé une mission de réflexion sur l’implantation des sous-préfectures, les conclusions étant attendues prochainement. « Ce qu’il faut savoir, c’est que la préfecture et les 3 sous-préfectures de l’Indre ont perdu 20 % de leurs effectifs au cours des cinq dernières années, ce qui n’a pas empêché dans le même temps une très nette amélioration des services, et je suis très fier de l’effort considérable d’organisation et de méthodes de travail qui a été fait » a-t-il précisé.
Sophie Krupa