Depuis le début de l’année les problèmes des services de santé sont nombreux dans le Berry. Si à Bourges c’est le service des urgences qui est anormalement en situation délicate, à Vierzon c’est la maternité – tout comme au Blanc où elle vient de fermer provisoirement- qui focalise, pour le moment, les inquiétudes avec, en filigrane, la survie de l’établissement dans sa globalité.
Au début de l’année 2016, le Petit Berrichon écrivait que « de soubresauts en difficultés, de relance en espérance, l’établissement vierzonnais est comme un navire qui supporte la tempête en gémissant, en étant secoué par les vagues mais qui garde néanmoins le cap. Sauf que dans le cas de l’hôpital de Vierzon, le navire peine sous les charges, les aléas financiers et cette crise qui n’en finit pas mais il tient bon la route et semble t-il, est sur la voie du redressement. La route sera encore mouvementée mais l’horizon s’éclaircit au point de rendre espoir. » Un constat qui était effectué après que le directeur Florent Faucard ait assuré que « le projet 2015-2019 tient toujours et l’établissement a largement respecté le contrat fixé par la tutelle, l’ARS (Agence régionale de santé) ». Le patron de l’hôpital expliquait, dans DH Magazine, que « l’hôpital est indispensable sur un bassin de plus de 73 000 habitants. Aujourd’hui, Florent Foucard affirme qu’au niveau local, tout le monde joue le jeu du changement. L’ARS, la municipalité, le personnel de Vierzon et la population s’engagent à soutenir des réorientations essentielles… » Un peu plus de deux ans plus tard, l’établissement hospitalier est encore sur la sellette et l’ARS a quelque peu changé ses orientations et réclame à cors et à cris des modifications structurelles avec, en point de mire la possibilité largement assumée de transformer la maternité en centre de « périnatalité de proximité ».
Dès le début de cette année, à l’occasion de vœux, il était évoqué deux schémas directeurs pour stopper le déficit récurrent de l’établissement, malgré une aide de 1,15 million d’euros qui lui a été octroyée par l’ARS, en décembre, après un premier million débloqué au milieu d’année. Le déficit était estimé à 4,5 millions d’euros l’an dernier. A l’heure actuelle, une quinzaine de postes auraient été d’ores et déjà supprimés et plusieurs autres devraient suivre.
Grève illimitée depuis le 11 juin, mais pas de rupture des soins
Depuis une dizaine de jours, les agents de l’hôpital de Vierzon sont en lutte pour que soient maintenus tous les services de santé dans la deuxième ville du Cher. Modernisation du bloc opératoire et maternité sont les deux chevaux de bataille des personnels qui sont regroupés en Intersyndicale pour ne parler que d’une seule voix et défendre l’accès aux soins de proximité. Certes, rien n’a été définitivement acté. Même à l’occasion de la rencontre entre le maire de Vierzon, Nicolas Sansu, accompagné de représentants des syndicats hospitaliers, de médecins, à la fin du mois dernier, où après une pétition de près de 20 000 signatures, un mémorandum a été remis à la directrice de l’ARS, Anne Bouygard, à Orléans. Cette dernière n’avait pas évoqué la fermeture de la maternité. Cependant, le problème a déjà été soulevé et, comme au Blanc, dans l’Indre, les femmes enceintes du Nord Berry ne voudraient pas être traités de manière aussi cavalière que les Berrichonnes du Sud Ouest.
Dans le mémoire que possède désormais la tutelle, il était expliqué la situation de l’hôpital de Vierzon, selon le maire, qui estimait que « depuis vingt ans, les divers plans ou contrats de retour à l’équilibre n’ont fait qu’affaiblir le centre hospitalier » et de souligner que si « la santé avait un coût, elle n’avait surtout pas de prix !
Une grève, mais pas des soins, surtout pas, est donc en cours depuis le 11 juin dernier. Et, selon Michel Khorn, le médecin président de la commission médicale de l’hôpital de Vierzon, le mouvement devrait durer… De nombreuses actions de sensibilisation ont débuté la semaine dernière, marche des ballons, marche des cercueils, barrages filtrants ou dépose de poupons devant les portes de la maternité pour symboliser les 500 naissances qui pourraient être supprimées dans le service délocalisé, marche blanche et rassemblement ce dernier samedi, et d’autres sont prévues pour les jours à venir. Cette semaine, par exemple, une marche de 45 km, sur deux jours, halte prévue à Mehun-sur-Yèvre, « pour aller accoucher à Bourges » doit mettre l’accent sur le manque de sécurité engendré par ce type de déplacement.
Fabrice Simoes
Les élus en désaccord sur le fond,
la méthode aussi
Entre 1500 et 2000 personnes étaient réunies sur le forum République, samedi dernier. Les élus locaux, maires de la communauté de communes, bon nombre de conseillers municipaux étaient, comme à Bourges, au cœur de la manifestation, peu d’élus départementaux même si le sénateur François Pillet (LR) était présent. Beaucoup de blouses blanches, et pas de drapeaux de parti politique alors que l’opposition vierzonnaise parlait de récupération politique du sujet.
La député de la circonscription, Nadya Essayan, avait fait part de son absence bien avant le jour du défilé. « Je ne participe pas, par principe et pour éviter la récupération politique, aux marches et aux manifestations. Je ne l’ai jamais fait. J’ai fait une exception pour Bourges, parce que les syndicats n’étaient pas à l’origine du rassemblement. Je reste toutefois très attentive aux messages que vous envoyez et ouverte au dialogue, comme je l’ai toujours fait. Mais j’estime que chacun a sa place, et que ma marge de manœuvre est différente. J’agis à mon niveau : j’étais hier à l’agence régionale de santé et j’ai plaidé pour l’ouverture d’un dialogue sur la base d’un projet médical… » a-t-elle expliqué sur les réseaux sociaux et communiqué de presse qu’elle s’était « entretenue mardi dernier avec la ministre de la santé sur notre problématique locale et, avec mes collègues députés du Cher, nous organisons une action en juillet, pour faire avancer le sujet. »
« Merci Mme la députée, devant votre mépris de l’intersyndicale et parce que nous sommes aussi des soignants. Votre position hostile à notre mouvement en dit long sur votre opinion de l’hôpital de Vierzon. Nous ne faisons pas de POLITIQUE ! Merci de respecter les soignants qui outre leur dévouement pour leurs patients prennent du temps pour défendre le service public hospitalier » lui avait alors répondu l’intersyndicale rappelant que, à Vierzon comme à Bourges, c’étaient les agents qui avaient les clefs du camion.
Cette position, l’élue a tenté de défendre sur la chaîne de télévision régionale mais aussi au contact des manifestants en fin de semaine, dans le centre-ville. Il semble que le courant soit très alternatif entre une partie des agents hospitaliers et la députée du Cher. Le maire de Vierzon, Nicolas Sansu (PCF), qualifié de « drogué aux subventions » sur Facebook, probablement pour avoir obtenu les fameuses aides de l’ARS, est en première ligne pour la défense des services de santé locaux, tout comme Pascal Blanc (MR) à Bourges, ou Annick Gonbert (PS) au Blanc. Une prise de position inverse ne pourrait que lui être reprochée !
F. S
Les urgences au cœur des problèmes à Bourges
L’hôpital Jacques-Coeur, à Bourges, connaît depuis plusieurs mois des problèmes de personnels, notamment au niveau des services d’urgence. Des soucis berruyers qui ont des répercutions sur le bon fonctionnement des autres établissements du département.
Le Smur de Bourges a eu droit à plusieurs épisodes de fermetures depuis le début de l’année. Ce sont les établissements hospitalier de Saint-Amand et Vierzon qui sont obligés de prendre le relais pour une grande partie du département. Ceux de Gien, Nevers et Cosnes sont quant à eux sollicités pour le reste du Cher. Des portes closes qui sont les conséquences de la désertification médicale dans le Cher avec ses effets néfastes, un engorgement des Urgences, 8 postes seulement de médecins urgentistes pourvus pour 25 postes ouverts, la suppression d’une équipe du SMUR, le recours à des médecins intérimaires donc inflation des coûts de fonctionnement et gestion très compliquée des gardes. Une importante « Marche Blanche » dans les rues de Bourges a réuni plus d’un millier de personnes, au début du mois. Blouses blanches, écharpes tricolores et pancartes revendicatives étaient présentes pour rappeler que la situation était grave. Ces problèmes ont conduit la chef des urgences de l’hôpital, Isabelle Meyer, à demander l’aide de ses collègues généralistes du département. Demande qui n’avait pas l’assentiment de la direction de l’hôpital berruyer. En simultané, ou presque, les députés du Cher, François Cormier-Bouligeon, Loïc Kervran (LRM) et Nadia Essayan (Modem) ont rencontré le directeur de cabinet adjoint du ministère de la santé qui a lancé la procédure de réserve sanitaire afin de palier aux manques de médecins… Pour l’heure, si l’état des services est toujours sur le fil du rasoir, les soubresauts sont un peu moins nombreux. Cependant, la crise est latente et il suffit d’un grain de sable pour que les insuffisances en personnel médical remontent à la surface.
F. S
Pas de bébés au Blanc cet été
L’hôpital du Blanc est un sujet de polémiques et de provocations permanent. La dernière trouvaille de l’administration a été de fermer provisoirement la maternité du Blanc cet été. Personne officiellement n’en veut aux parturientes blancoises. Pourtant dans la mesure où l’Agence Régionale de Santé (ARS) tient les cordons de la bourse, si elle ne donne pas à l’hôpital de Châteauroux, qui gère la structure hospitalière blancoise, les moyens de faire fonctionner un service, celui-ci ferme.
Les techniciens de l’ARS disposent certainement de statistiques qui indiquent que la femme blancoise n’accouche pas en été. D’où cette décision de gestion frappée au coin du bon sens. Un bon sens que ne semble pas partager Vanik Berberian, le président de l’association nationale des maires ruraux, qui invite ses collègues à écrire au ministre de la santé pour lui proposer de fermer… l’ARS. Le maire de Gargilesse reflète en tout cas l’opinion des Blancois et la résistance s’organise.
Pierre Belsœur